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Chronique album : Portishead - Third, par zeu western manooch
Mardi 26 novembre 2024 : 6342 concerts, 27234 chroniques de concert, 5420 critiques d'album.
Critique d'album
Portishead : "Third"
Une voix, comme un miroir (celle de Beth), une autre qui t'explique le don de soi (celle du Grande Mestre de Capoiera, Claudio Campos à l'aplomb de l'exorde Silence). Tu écoutes avec courage, son écho sinistre et pénétrant. Il t'en faudra pour résister à l'appel du fond qui suit (Nylon Smile et ses arpèges cabalistiques puant la bile noire). Y aller, se laisser glisser dans cette abysse béante, et peut-être y trouver une nouvelle voie. Malgré le froid qui brûle les pupilles, engager une descente sans rémission ni violence (le synthétique The Rip). Une aridité quasi frigide enserre alors l'espace (ce groove claustro qui empoisonne tout l'album), t'obligeant à avancer à 4 pattes. Tu te sens malade, le coeur soulevé, révulsé presque (le cataclysmique We Carry On), un peu de peur aussi, la tête dans le coton, hantée de souvenirs acides qui caracolent comme des chiens fous le long du colimaçon diffracté de tes obsessions (l'enchaînement Deep Water et Machine Gun, ukulélé/tirs de Shrapnels, entre plaisir et castagne, le psychotrope parfait). Les infrabasses t'oppriment et bizarrement te libèrent petit à petit d'un poids, te couvrant d'ombre pour mieux te forer l'âme d'un tunnel sans fin. Elles voudraient la retourner qu'elles ne s'y prendraient pas autrement (Small, le sommet de Third, et la preuve irréfutable de la possession du trio). Tu ne les laisseras pas faire ? Demanderas-tu grâce ? Peu importe ton choix, le résultat est le même, contrairement à toi.
Ce retour à la sensation t'a effectivement changé(e) et surtout appris une chose : si l'attente ne fut pas vaine, elle n'a dorénavant plus lieu d'être. Aujourd'hui, halluciné(e) devant ta platine , tu comprends que le trip-hop n'est plus, tu viens d'en entendre l'ultime souffle (Hunter, soubresaut "dummyesque" définitif de Portishead), tu as vu les 3 de Bristol l'accompagner jusqu'à sa dernière demeure, et bordel quelle oraison funèbre. Oui, maintenant tu sais, ex-fan des nineties, elles comme lui ne reviendront plus.
2008 - Island Records
Leur MurdochSpace
Critique écrite le 05 mai 2008 par zeu western manooch
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