Critique d'album
Shearwater : "Rook"
Conduit de bout en bout de ces 10 morceaux de bravoure sans un fléchissement (et pourtant ça partait fort avec On The Death Of The Waters, une entrée en matière ébouriffante), le niveau d'excellence atteint là, est tel qu'on se sent un brin emprunté à essayer de poser des mots et des virgules sur de telles chansons, de plaquer des idées sur de telles beautés. Rook qui fait suite au déjà bien mis Palo Santo est dans le circuit de ce qu'il est un peu facile d'appeler "Americana", l'un des plus purs moments de musique folk dans lequel il nous ait été donné de plonger. Sensuel et sensé, et on le sait aujourd'hui, assurément pas sans suite.
C'est d'abord une histoire de style, et celui de Meiburg et ses drôles d'oiseaux est admirable : pour s'en convaincre il suffit de lancer le morceau éponyme sur votre platine, potard à fond, et de regarder le visage médusé de vos proches qui se retrouveront, comme vous, sans queue ni tête, en âge, au milieu du salon, le tout en un peu plus de 3 minutes. Edifiant. Le style donc, loin des effets de manches, d'un quelconque pathos (qu'on retrouve parfois plombant l'ambiance chez Oldham ou Songs:Ohia), porteur d'une puissance formidablement poétique (le piano-voix cadencé de The Snow Leopard) et animale (pour preuve le banjo enragé de Red Sea, Black Sea ou la cavalcade effrénée de Century Eyes) à l'image de ce sublime artwork confectionné par le duo Kahn & Selesnick.
Mais il y a aussi de la présence d'esprit, de l'intelligence dans l'agencement de cet album, dense sans être ramassé sur lui-même, éclatant et léger (Leviathan, Bound et ce falsetto Buckleysien flottant au milieu des violons et des carillons) qui ne ménage aucun moment de répit sans pour autant fatiguer. A contrario, chaque morceau, chose absolument inexplicable (et pas question d'essayer d'ailleurs), parvient à tisser des liens et se greffer à ce que la vie vous a apporté comme grain à moudre, depuis l'enfance à ce quotidien individuellement insupportable en passant par de plus beaux moments d'extase collective. Comme si une connexion mentale s'opérait, une projection intime, où l'on ne serait pas seul. Plus jamais. Non, mais je les aime ces mecs !!
2008 - Matador
Leur Murdochspace
Critique écrite le 30 juillet 2008 par zeu western manooch
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