Accueil Chronique album : The Cure - Songs Of A Lost World, par Pierre Andrieu
Mardi 5 novembre 2024 : 7116 concerts, 27217 chroniques de concert, 5420 critiques d'album.

Critique d'album

The Cure : "Songs Of A Lost World"

The Cure :

Pop - Rock / PostPunk

Critique écrite le 01 novembre 2024 par Pierre Andrieu

L'immarcescible Robert Smith a choisi de publier le nouvel album de The Cure le jour de la fête des morts, ce qui est une bonne idée puisque le très mélancolique et puissant Songs Of A Lost World est hanté par... la mort. Celle de son frère aîné, qui est évoquée sur le poignant "I Can Never Say Goodbye" (chanté en pleurs sur scène), celle de nombreux membres de sa famille et plus généralement celle d'un monde, désormais perdu, des années 60/70 où l'on pouvait rêver d'aller sur la lune (comme le jeune Robert qui écoutait "Space Oddity" ou "Life on mars" en scrutant les étoiles, tout en travaillant déjà sur ses premières compositions) et où l'humanité dans son ensemble semblait progresser, s'améliorer, pour éviter de retomber dans la barbarie de la deuxième guerre mondiale. Résultat, en 2024 la guerre fait rage en Ukraine, en Israël, à Gaza et au Liban, les Talibans font régner leur loi niant l'existence même de la femme en Afghanistan et l'effroyable (raciste, belliqueux, fasciste, misogyne, homophobe, excusez du peu) Donald Trump va peut-être revenir au pouvoir aux USA après avoir inspiré ses sinistres descendants Boris Johnson et Marine Le Pen. Last but not least, le but des milliardaires/dangers publics Elon Musk et Jeff Bezos semblent être d'aller vivre sur Mars après avoir tout saccagé sur Terre. Il est donc normal que Smith écrive la trippante et bruitiste Warsong, une magnifique et amère chanson sur l'impossibilité de l'être humain à vivre en paix avec ses congénères, et qu'il se sente très seul et désespéré d'être arrivé à l'âge respectable de 65 ans pour assister à un tel désastre. Ces thèmes existentiels irradient également les très beaux "Alone" et "Endsong" - pour situer le niveau, ils sont dans la lignée du chef-d'œuvre Disintegration -, deux titres qui ouvrent et clôturent un disque orienté synthés enveloppant l'auditeur dans une langueur prégnante, comme ils le faisaient pour le set principal avant les rappels sur la dernière tournée. Tout cela ne fait pas pour autant de ce quatorzième disque des Cure, un objet lugubre et déprimant, il s'agit plutôt d'une oraison funèbre gorgée de spleen (comme l'élégiaque "And Nothing Is Forever") rédigée par un homme commençant à se sentir vieux et las, tout en étant encore capable d'écrire les enlevés (et certes torturés) "Drone:Nodrone" et "All I Ever had". Songs Of A Lost World n'est donc pas un appel au suicide collectif. C'est même tout le contraire puisque Robert Smith, qui a composé toutes les chansons seul avec l'énergie du désespoir (mais en souhaitant une issue positive), donne plutôt envie de profiter de la vie tant qu'on peut le faire et que ses proches sont encore là. Si la "mort" de The Cure vient d'être annoncée pour 2029 par son leader dans une interview, Smith fêtera alors ses 70 ans et aura pu célébrer avec ses fans les 50 ans de son premier album, Songs Of A Lost World est le disque d'un groupe bien vivant ayant présenté à ses fans en avant première cinq titres sur huit lors d'une formidable série de shows en 2022/2023. Comme on a pu le vérifier sur scène et comme il le prouve à nouveau ici sur ce très, très bon disque sans tubes catchy mais superbement atmosphérique (à classer dans le haut du panier de la discographie curiste), le dénommé Robert possède toujours sa si touchante voix d'adolescent torturé, son inspiration est toujours au rendez-vous et son groupe - Gallup, O'Donnell, Cooper, Gabrels - sonne impeccablement. Donc, ce n'est ni la fin de The Cure, mais seulement le début de la fin, puisque le songwriter vient d'annoncer qu'un autre album était déjà bouclé, qu'un troisième disque était en cours de finalisation, et qu'une tournée était prévue à l'automne 2025. This is not the end, donc.

THE CURE LIVE : SONGS OF A LOST WORLD ALBUM SHOW, live complet du 1er novembre 2024 :




Liens : www.thecure.com (diffusion gratuite du concert du Troxy, à Londres, le 1er novembre dès 21h), www.facebook.com/thecure, www.instagram.com/thecure, x.com/thecure, www.youtube.com/channel.





1er novembre 2024 (Fiction Records / Universal)
Vignette Pierre Andrieu

 Critique écrite le 01 novembre 2024 par Pierre Andrieu
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