Accueil Chronique album : The Inspector Cluzo - Rockfarmers, par Philippe
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Critique d'album

The Inspector Cluzo : "Rockfarmers"

The Inspector Cluzo :

Pop - Rock

Critique écrite le 21 juillet 2016 par Philippe

Il en aura fallu du temps, pour qu'on entende enfin leur appel, à ces deux-là. Depuis 2008 qu'ils écumaient la planète en insultant les joueurs de basse, leur nom nous était familier bien sûr (d'autant que leur société de production est une grande pourvoyeuse de spams !), mais on croyait à tort à un duo de pop arty, notamment à cause de son nom cinéphile/branché... De leur côté, ils ont d'abord sonné sous grosse influence fusion (dans l'esprit RHCP/Fishbone) avant de s'orienter peu à peu - et avec raison - vers un style qui leur a permis de trouver un son plus personnel, en plus de convenir au mieux à des paysans revendiqués : le folk et surtout, le bluhuhues explosif... Et c'est donc aux récentes Eurockéennes, en plein après-midi et n'ayant même pas encore transformé notre première bière en une miction potentiellement fertile, qu'on s'est pris en plein dans le baigneur la classe internationale de The Inspector Cluzo et surtout, l'explosif et jouissif combo riff/batterie/sifflement, Rockfarmers, qui ouvre l'éponyme album !
Rockers en tournée et fermiers exploitants donc (et pas forcément dans cet ordre-là...), fiers représentants de Mont-de-Marsan, Gasconha ! Se présentant sur scène en costard-cravate-béret d'une rare élégance, solidement ancrés dans un terroir qu'ils défendent bec-et-ongles, de la grande philosophie du respect des anciens et de la terre, jusqu'aux inévitables petites vannes de clocher (les Dacquois doivent en avoir des acouphènes, à force, surtout les joueurs de basse...). C'est peu dire qu'on les a trouvés instantanément, non seulement charismatiques, mais aussi tout à fait fascinants sur scène ! Qui dit paysan aimant sa terre, dit aussi chasseur-pêcheur ? Pas sûr toutefois qu'ils attrapent quoi que ce soit en rivière avec un raffut tel que celui de la puissante et ultra-groovy Fishermen. Peu probable également qu'ils puissent piéger le moindre muridé avec la très Jackwhitienne Quit The Rat Race...
Contrairement à leurs modèles qui torchent généralement des titres concis, nos deux nouveaux "Parpanhas" préférés (comme on dirait dans le Sud-Est), eux, ne craignent pas d'étirer les jams et les hululements à l'infini (Kiss Me). Par contre quand il s'agit de défoncer la gueule à quelque chose de méprisable - une multinationale empoisonneuse par exemple - les 3 minutes réglementaires de cavalcade western/punk leur suffisent (GMO & Pesticides), tout comme pour parler de sexe (Erotic, plutôt jouissive mais sur moins de 4 minutes, douche comprise). On peut néanmoins préférer ces morceaux-là, les plus percutants, à d'autres qui s'éternisent parfois un peu...Cependant ils ne craignent pas non plus de poser leurs tripes et le reste sur la table (splendide The Run, dont la partie basse nous a évoqué rien moins que Lee Hazlewood en live). Et ce même si le but premier reste d'atteindre le groove ultime par tous les moyens, fussent-ils un poil outranciers (Stars & Leaving, qui semble parodier Led Zeppelin).
Car pour finir, précisons bien que nos oreilles décèlent sans ambiguité dans tout ceci une bonne dose de dérision et de second degré (par exemple, dans les péroraisons et les choeurs d'Abu, ou encore dans les jolis et kitsch carillons de Japanese Mountain) ! : The Inspector Cluzo fait de la musique surtout pour se/nous faire plaisir et s'amuser, qu'elle soit suramplifiée au Hellfest ou presque acoustique au camping, tout en n'oubliant pas que ce qui est vraiment important à la fin de la journée (et de la tournée, à plus forte raison !), c'est que les bêtes soient bien nourries, et la terre enrichie... C'est un peu un cliché, mais force est de reconnaître qu'avec leurs pieds bien tanqués dans la boue et leurs yeux plantés dans les étoiles, ils sont aussi ce qui ressemble symboliquement le plus à un festivalier en goguette ! D'où peut-être un effet d'identification immédiate, qui devrait marcher pour vous aussi lors d'une de leurs prochaines dates en plein air, à cocher dès que possible !
(FuckTheBassPlayer Records, 2016)
Vignette Philippe

 Critique écrite le 21 juillet 2016 par Philippe
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