Accueil Chronique album : The Limiñanas / Laurent Garnier - De Pelicula, par Philippe
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Critique d'album

The Limiñanas / Laurent Garnier : "De Pelicula"

The Limiñanas / Laurent Garnier :

Pop - Rock

Critique écrite le 21 octobre 2021 par Philippe

Ce n'est pas souvent qu'on chronique deux fois le même disque sur Concertandco mais, désolé cher Pierre, on a encore pas mal de choses à dire sur ce De Pelicula, co-signé par The Limiñanas & Laurent Garnier. Ne serait-ce que parce qu'il n'a pas beaucoup quitté nos oreilles (version platine pour salon & version baladeur pour vélo), depuis sa sortie il y a 2 mois ! Sans snobisme aucun, rappelons juste qu'on avait mis en avant ici, en tant qu'énorme claque dans la gueule (et il y a bientôt 8 ans), un album d'un peu avant la notoriété du groupe, le merveilleux et inépuisable Costa Blanca. Un premier concept-album, avec en fil conducteur une longue et captivante virée en Espagne. Album dont on continue à penser aujourd'hui qu'il n'a plus jamais été égalé ni même approché par le groupe... jusqu'en 2021 !
Car depuis, et même si tout ceci est de la belle ouvrage qui plaît à l'oreille et à Rock'n'Folk, on est bien d'accord - gardez le goudron et les plumes encore au moins un paragraphe SVP, on va faire un coming out audacieux : on est certes fan du groupe sur disque... et pourtant aucun de leurs albums ultérieurs (même le très aimable Malamore - quand le groupe a enfin atteint le succès qu'il méritait), aucun de leurs albums donc, ne nous a plus jamais autant intéressé ! Pas même les jolies bandes originales des films Le Bel Eté et The World We Knew, qui restent néanmoins dignes d'intérêt, et sans doute plus même que leurs derniers albums studios...

Jusqu'à, donc, ce De Pelicula, clairement cinématographique sur la forme comme sur le fond. Enfin ! Enfin un nouvel album digne de ce que Lionel & Marie Limiñana ont dans leurs tripes, et pas juste dans leur carnet d'adresses ! Car on ajoutera, pour en finir avec les vacheries, que même leurs collaborations prestigieuses avec Anton Newcombe, Peter Hook ou Bertrand Belin (qui revient ici imiter très fidèlement le regretté Alain Bashung), ne nous ont pas toujours surexcité ! Par contre, Laurent Garnier, lui, leur a clairement servi de Pygmalion, de booster, de turbo ! Car autant les moments du disque où l'on l'identifie clairement sont assez rares, autant il parvient à sublimer pratiquement à chaque instant, le son déjà habituellement très classieux du groupe, emmenant leur rock vintage et léché vers des contrées semi-inconnues, dès l'introductive et magnifique Saul.
Voici donc un nouveau concept-album, commençant par une histoire de dépucelage qui n'est pour une fois pas problématique en terme de différence d'âge (façon Lolita ou Melody) : Juliette & Saul sont jeunes tous les deux... Même si l'une est déjà prostituée et l'autre, encore lycéen. Une belle histoire d'amour qui évidemment, finira mal... Mais pas sans que le couple ait traversé le dance floor d'une pure bombe à danser, la pétaradante Que Calor !, portée par un chanteur chilien salace à souhait, Edi Pistolas. L'idylle passe aussi et surtout par des titres de voyage instrumentaux absolument fascinants : citons la splendide Je rentrais par le bois dont la subtile tension ne vous lâche jamais, une Promenade Oblique qui peut littéralement faire décoller un cycliste de la route (on a testé), et pire ou mieux encore, l'effarante de classe Steeplechase, ou encore l'obsédante et sensuelle Ne gâche pas l'aventure humaine. Quatre des tous meilleurs titres du groupe en une seule phrase... et sur un seul disque !

Mais les parties racontées (par le guitar hero du groupe, sur disque, d'une belle voix rappelant parfois le grand Gainsbourg lui-même) hypnotisent tout autant l'auditeur : Juliette est une fantastique dérive, en montée constante (qui cite explicitement Costa Blanca), et qui finit par sonner ... comme du Nine Inch Nails ! Comme déjà dit, Bertrand Belin se glisse un peu trop dans les chaussons d'un géant disparu, mais son fort beau titre Au Début ne dépare pas l'ensemble, en plus de faire avancer l'histoire... La fascination se poursuit donc jusqu'au générique de fin, le triste et laconique Saul s'est fait planter (planter au sens propre, ou figuré ? impossible de le dire !).
Cet opus est donc un trip merveilleux de bout en bout et représente, à nouveau, une claque qui n'a pas fini de nous faire tourner la tête. Précisément celle qu'on attendait plus de la part des précieux Limiñanas... Hélas, et pour l'anecdote (mais ici on est sur une chronique de disque !), ajoutons pour finir que ce disque est franchement mal défendu sur scène à l'automne 2021, car ni les voix ni le son ne sont les mêmes, au point que même la fumante Que Calor y tombe à plat... Ce qui rend ce disque d'autant plus miraculeux : ce sera donc, à jamais, la seule et unique façon de l'entendre vraiment sonner, et ça n'empêche évidemment pas que De Pelicula soit un pur chef d'oeuvre !
(2021)
Vignette Philippe

 Critique écrite le 21 octobre 2021 par Philippe
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