Critique d'album
Thee Oh Sees : "Carrion Crawler - The Dream"
Ces trois garçons et une (très jolie) fille gagnent pourtant à être connus : on se souvient d'un concert mémorable à la Machine à Coudre, qui nous avait donné l'impression de partager le sort d'un homard enfermé dans une cocotte-minute sur le point de bouillir... Tant ils maîtrisent cette science de la boucle rejouée et rejouée encore, qui fait prendre le public en mayonnaise, puis en moutarde, et enfin en sauce Habanera. Reste à savoir ce que ça donne sur disque.
Donc, Carrion crawler, paraît-il une sale bête visqueuse issue de Donjons et Dragons. L'album commence par trois pièces de choix : Carrion Crawler en intro dissonante et plutôt calme (mais qui dérape régulièrement dans des embardées psychédéliques), Contraption Soul desert en rock garage à mur de son, de type The Horrors, et enfin Robber Barons lent et drogué jusqu'aux yeux (...pas le souvenir qu'ils en fassent des comme ça en concert).
Alors que Chem Farmers et son esprit krautrock, dans le genre des très regrettés français de Gomm, illustre à merveille le concept déjà évoqué de faire tourner une boucle jusqu'à la transe - sur scène c'est imparable, sur disque il arrive selon l'humeur qu'on reste à quai ! Impossible par contre de résister à The Dream, cavalcade furieuse rock/garage/psyché et qui vous emporte instantanément : elle doit être dévastatrice en live, et forme en tout cas le climax de l'album !
Sur la deuxième moitié du disque et de façon surprenante la majorité des chansons est assez courte : Opposition en petite bombe primitive et jouissive chantée garçon-fille, Wrong Idea en boucle heurtée et répétée (heureusement courte, aucun batteur ne pourrait y survivre plus de 2 minutes !)... Heavy Doctor en morceau final et ultra-plaisant : on croirait presque réentendre les Cramps dans leurs oeuvres de musique sacrée !
Si le disque (comme d'autres également testés) échoue à rendre l'auditeur (du moins l'auditeur sobre) aussi dingue qu'un concert, il reste un très beau témoignage de "néo-garage", style en pointe ces dernières années et dont on ne se lasse décidement pas... Thee Oh Sees reste cependant idéalement un groupe à voir d'abord sur scène (grosse tournée en 2012 !) pour s'imprégner de sa furie : nul doute que les réminiscences de ce moment d'exception, à la manière d'un retour d'acide à l'ancienne, vous feront alors remonter très haut dans les tours, rien qu'en en ré-entendant leurs joyeuses éructations bruitistes sur disque...
(2012)
Critique écrite le 04 juin 2012 par Philippe
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