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Chronique album : Tinariwen - Imidiwan Companions, par Philippe
Vendredi 22 novembre 2024 : 6714 concerts, 27231 chroniques de concert, 5420 critiques d'album.
Critique d'album
Tinariwen : "Imidiwan Companions"
Acteurs involontaires de la politique de leur pays d'ancrage, ils y ont participé les armes à la main à une rébellion populaire dans les années 1990, avant d'échanger définitivement la kalashnikov contre la guitare, instrument politique autrement plus efficace pour défendre la cause de leur peuple régulièremement balloté par l'histoire et victime de conflits africains oubliés.
Leurs paroles en forme de litanies chantent paraît-il l'exil et la souffrance des Touaregs, et est distribuée par des cassettes qui irriguent le désert africain de leur douce mélancolie révoltée. Tout comme les Gitans, les Touaregs sont en effet un peuple sans terre, sans écrits et dispersé dont la musique est donc le mode de transmission culturel privilégié. Sans rien y comprendre, on décèle à son écoute une émotion et une nostalgie violente, mais aussi une joie de vivre étrangement ensorcelante, dans la voix du chanteur principal Ibrahim ag Alhabib, et les instruments de ses compagnons de route.
Contrairement à l'album précédent Aman Iman, également très recommandable, il y a cette fois-ci de nombreux choeurs de femmes pour les accompagner. Citer les titres des chansons n'aurait pas grand sens, le plus simple est de se laisser bercer par ce blues lent et hypnotique, qui ne ressemble à aucun autre, à base de guitares slidées et chaleureuses, de percussions répétitives et de chants envoûtants. On a pu observer sur scène que cette transe, dont on pensait être parmi les seuls à être possédé, fait un effet quasiment chamanique sur tous les publics, tout comme celui de leurs cousins nigériens de Toumast. Surtout quand elle s'emballe soudain au détour d'une mesure, par exemple sur les magnifiques Lulla ou Ere Tasfata Adounia, sur lesquelles il est bien difficile de ne pas se mettre à gigoter comme un griot en transe. A écouter chez soi, ou à aller découvrir en toute confiance sur scène.
(2009)
Critique écrite le 19 décembre 2009 par Philippe
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