Accueil Chronique album : Tom Waits - Bad As Me, par Philippe
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Critique d'album

Tom Waits : "Bad As Me"

Tom Waits :

Jazz - Blues

Critique écrite le 16 novembre 2011 par Philippe

Holy shit ! Il revient et en plus, il est content, comme en témoigne cette pochette d'album - pour une fois, parfaitement abominable. Pas de temps à perdre, tout le monde à bord ("All aboaaaard !", qu'il braille joyeusement) pour le plus tellement attendu, à force, nouvel album studio du grand Tom Waits, qui commence en folle cavalcade : let's ride to Chicago !
Bon, à part le fait qu'il ressemble de plus en plus à Ron Perlman (et ça ne va que s'aggraver : ils ont le même âge !), quoi de neuf chez Tom Waits ? Les dernières nouvelles qu'on a eu de lui étaient indirectes, via le très bel album de reprises produit par Dave Sitek et susurrées par Scarlett Johannson en 2008. Pour le reste, silence radio depuis Real Gone en 2004, qui n'avait pas fait une grande carrière sur les platines.
Mais ici, on reprend les choses sérieuses ! Raised Right Men, braillée par une réincarnation de Screamin'Jay Hawkins, montre que son organe reconnaissable entre mille, n'a rien perdu de sa puissance, bien au contraire, d'autant qu'il ar-ti-cule : la classe ! Il reprend aussi son entreprise de déconstruction du blues là où il l'avait laissée : chouette boogie déglingué et dansant avec Get Lost. Ou avec la Hell Broke Luce (comprenez "Hell Broke Blues" !), formidable titre raclé du fond de la gorge, qui raconte une histoire pas possible ni résumable, et qu'on croirait interprétée avec un choeur de prêtres vaudous...
Dans un registre plus inattendu, Talking at the same time, belle ballade chantée d'une voix de falsetto si convaincante qu'il faut se pincer pour croire que c'est bien lui qui chante, et non la chanteuse des Bellrays ! Ou encore Kiss Me, 100 % jazzy (Melody Gardot aurait aussi bien pu la chanter !) et qui sonne comme un classique, touchante et instantanément marquante.
Plus anodines, Face to the Highway, Pay Me et quelques autres, ressemblent à beaucoup de choses déjà enregistrées auparavant (enfin ça reste des ballades de Tom Waits, rien de honteux non plus !). D'ailleurs l'accordéon de la terminale New Year's Eve est comme un baume apaisant à l'oreille : une chanson qui appelle au hug amical sous le gui et finit par se confondre avec le classique intemporel du même nom ("ce n'est qu'un au-revoir", en VF)... Tout ça est très joliment fait, mais on s'amuse bien plus quand même aux cirques débraillés de Bad as Me ou Satisfied, où l'on retrouve le côté gueulard rouillé si typique, souvent imité, jamais égalé, qui fait de lui une voix unique ! La somme de l'ensemble fait donc un bon, allez, un très bon album, qui donne en outre envie de ressortir les grands anciens...
Alors que demande le peuple ? Eh bien, justement, le problème, c'est que Tom Waits est toujours n°1 sur notre "To-See-Live-Before-I-die List" : la tournée en France, c'est quand vous voulez, sir Thomas Alan Waits !

(2011)
Vignette Philippe

 Critique écrite le 16 novembre 2011 par Philippe
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