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Chronique album : Woodkid - The Golden Age, par Philippe
Mercredi 25 décembre 2024 : 6829 concerts, 27255 chroniques de concert, 5420 critiques d'album.
Critique d'album
Woodkid : "The Golden Age"
Eh bien il fait de la pop symphonique, orchestrale, plutôt virtuose il est vrai (encore qu'il ne soit pas un instrumentiste génial lui-même). Mais déjà, il aurait du envisager de faire chanter quelqu'un d'autre : sa voix est très anecdotique (entre un Antony qui ne décollerait pas, et ce pauvre Charlie Winston) et gâche notoirement l'effet "émouvant" qui aurait pu marcher sur certains titres (son "fameux tube" Iron par exemple).
Ce qu'il ne sait pas non plus, c'est que pour faire vibrer, bien souvent le proverbe inusable s'avère vrai : "Less is More" ! Des titres comme Run Boy Run sont trop, mais vraiment trop chargés. Les violons et les trompettes ensemble (The Shore), oui c'est cinématographique, bla bla, mais c'est trop, c'est à réserver aux trois dernières mesures pour faire effet ! Certains titres font franchement dans le pompier grossier et bourratif (Stabat Mater, non mais rien que le titre, quelle prétention... parce qu'on a fait chanter une chorale, on se mesure direct à Giuseppe Verdi, c'est ça ?).
C'est d'autant plus dommage que le garçon a un sens de la mélodie, non pas follement originale, mais au moins efficace (The Other Side entre autres, qui finit hélas ensevelie sous des Panzer de violons et des tractopelles de choeurs mâles)... Et qu'a contrario quand il calme un peu sa boulimie sonore, il peut ressembler à de vrais artistes pop habituellement bouleversants (citons en juste trois : Beirut, Get Well Soon, Antony & the Johnsons...) : le début de Boat Song est beau, par exemple, avant l'arrivée des meringues, ou l'assez sobre Where I Live où au moins, il n'en fait pas des caisses. Quand il ne chante pas aussi, ça marche mieux, comme dans les 2 très belles et trop courtes minutes de Shadows.
Mais l'album, à qui on a vraiment essayé de donner sa chance, fatigue décidément bien plus efficacement qu'il n'émeut. Quelqu'un pourrait-il dire à ce garçon qu'avec trois accords de piano, un soupçon de synthé fantômatique, une voix sans fard et quelques choeurs éthérés, la Seer's Tower de Sufjan Stevens nous faisait chialer sans efforts ? Ou en français, que rien ne nous a davantage serré le coeur que l'étique mélodie au banjo de la Venus de Bashung ? Parce que pour l'instant, ce qu'il fait est un produit très bien formaté pour cartonner un été auprès du grand public... mais pas pour gagner les coeurs des esthètes pop, ce qui lui assurerait une carrière bien plus durable : le Golden Age de Woodkid pourrait bien ne pas durer !
(2013)
Critique écrite le 22 mars 2013 par Philippe
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