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Chronique album : WU Lyf - Go Tell Fire To The Mountain, par Philippe
Jeudi 21 novembre 2024 : 6751 concerts, 27229 chroniques de concert, 5420 critiques d'album.
Critique d'album
WU Lyf : "Go Tell Fire To The Mountain"
Le groupe pratique un étrange - et pas tellement digeste - mélange : mélodies minimalistes à l'orgue, guitares et batteries pop ou afro-pop, et hurlements geignards constants posés dessus. Attention ! Il serait malhonnête de dire que WU Lyf n'a pas un son original, et même quelques airs assez marquants, sur des orchestrations quelque part entre The XX (pour les mélodies minimalistes) et Vampire Weekend (pour les rythmiques). Et puis chacun connaît la vibration d'un orgue ou d'une guitare enregistrés avec la "reverb" naturelle d'une église (où ils ont tout enregistré) : c'est forcément, "scientifiquement", très beau par instants !
Mais le tout, hélas, sert uniquement de support aux braillements rapidement urticants d'un certain Ellery Roberts (presque systématiquement doublés d'ailleurs, comme pour être deux fois plus gonflants ?). Un peu comme si leur album devait être poignant du début à la fin, ce qui ne marche pas, bien sûr ! On a juste envie de crier : "Assez de cruauté, au nom du ciel, libérez ce malheureux du pilori, sortez ses pieds des braises incandescentes, cessez de le fouetter au sang, relachez enfin l'étau cruel qui lui compresse les roubignoles !"... Et comme ça n'arrive hélas jamais, voilà que des titres comme Such a sad Puppy Dog, Summas Bliss, 14 Crowns... ou la finale Heavy Pop, potentiellement assez grandes chansons, sont littéralement fracassées par cette voix abominable. Bon. Admettons qu'elle puisse plaire, des goûts et des couleurs, tout ça.
Reste l'autre grand problème d'un groupe qui devait être le buzz saisonnier : début juillet 2011, ils ne s'en sortaient toujours pas sur scène : batteur, guitariste et chanteur sont encore des musiciens aux compétences clairement limitées. Depuis, relire un interview d'eux a permis de comprendre beaucoup de choses : leur album a été, avouent-ils, "sauvé" par un producteur qui a rendu leurs enregistrements audibles, en remontant tout de zéro. Et enfin, cerise sur le gateau, leur chanteur (enfin, hurleur) de 20 ans est complètement mégalo - "Je n'ai pas d'influences, je suis chanteur dans mon groupe préféré !", ce genre - voilà pourquoi il est immédiatement insupportable en live, comme il l'était déjà instinctivement à la première écoute.
Bref, laissons-donc Rock en Seine se gargariser d'avoir réussi, chéquier en poche, à les choper au dernier moment ; l'an prochain à n'en pas douter, ils rejoindront le grand cimetière des groupes-sans-avenir-marketés-pour-une-saison. Inutilement méchant ? Okay, alors que celui ou celle qui écoute encore Clap Your Hands Say Yeah, The Rapture, The Kooks, Passion Pit, Friendly Fires, The Wombats, Hot Chip et tant d'autres one summer wonders, nous jette la première pierre...
(2011)
Critique écrite le 30 juillet 2011 par Philippe
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