Accueil Chronique de concert Wraygunn + Nation All Dust
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Chronique de Concert

Wraygunn + Nation All Dust

Wraygunn + Nation All Dust en concert

Le Moulin Marseille 5 novembre 2005

Critique écrite le par

Ayant rédigé une chronique totalement dithyrambique de l'album de Wraygunn, j'attends beaucoup de ce concert et j'ai donc peur d'être décu et pire, de décevoir d'éventuels lecteurs de LiveinMarseille qui nous auraient fait confiance (cf la prestation consternante des affligeants Bloc Party). L'arrivée au Moulin confirme ma première crainte : France/Australie + OM/Le Mans + pas de métro + manque de curiosité générale du public marseillais = Dégun !

Les milliers de "fêtards" (ha, ha) qui se pressaient devant les télés à la Fiesta des Suds sont donc retournés s'enterrer pour un an, qu'ils reposent en paix... Enfin dégun, pas tout à fait : rendons grâce aux 2 ou 300 personnes qui ont passé outre toutes ces mauvaises excuses et sont venues, sur la base de la promesse faite par le Dépanneur (et LiveinMarseille) de voir du Kicking Rock'n'Roll ce soir : Wraygunn (étymologiquement, Link Wray + Peter Gunn), groupe de Coimbra, Portugal, unanimement célébré comme une des révélations rock de 2005 dans la presse spécialisée.



Première partie, Nation All Dust, (support your) local band prometteur déjà vu ici même lors de la soirée Le rock est Mort. Le quatuor pratique un gros rock noisy, de bonne qualité, aux harmonies recherchées. Petite critique : je trouve qu'ils se perdent un peu dans la technique (3 pédales chacun ; ils sont tout le temps en train de les regarder et échangent donc peu avec le public).



Ils assument la mission difficile de première partie devant une salle clairsemée et "glaciale". Ils paraissent donc moins à l'aise que la dernière fois (où ils jouaient il est vrai devant un public venu pour les voir, et chauffé à bloc par les précédents, Lo et Layne), et pourtant c'est probablement plus pointu techniquement. En bref, c'est quand même avec plaisir qu'on écoute leur performance - la salle finit par être beaucoup plus chaleureuse.



Petit conseil pour ceux qui les découvraient hier : ce groupe est à revoir dans de meilleures conditions !

Quoi qu'il en soit c'est bien pour Wraygunn que la salle se remplit enfin, toujours sur la réserve mais prête à s'enflammer le cas échéant. Le groupe se présente à 7 : Raquel Ralha la chanteuse, un scratcheur, un batteur, un bassiste, un percussionniste, et le frontman, Paulo Furtado, aka The Legendary Tiger Man (son projet solo). Plus une guest : une ravissante choriste qui paraît à peine majeure et a déjà la voix sexy de toutes les Tentatrices de l'Enfer...



Paulo Furtado, tu dis ? C'est un homme qui a eu une vision. Une nuit, Elvis the Pelvis lui est apparu et lui a dit :
"Paulo, mon Popaul, tu es petit et rachitique, t'as des lunettes et en plus, tu es portugais : tu es aussi vilain que Didier Wampas et en plus, t'as pas assez de cheveux pour te faire sa crête. La seule solution pour toi si tu veux avoir de belles femmes : rate tes études, fais-toi faire des tatouages et deviens une rock star !"
Ce que Paulo fit, pour son plus grand bonheur et pour le nôtre. Car c'est bien une bête de scène qui s'avance, chaussures blanches immaculées, lunettes ignobles, costard noir et Gibson SG en bandoulière (la guitare des poseurs et des dieux) ... classieux en somme.



Et il lance le premier riff dévastateur et groovy, appuyant un prêche enflammé de Martin Luther-King : Soul city. Je me croyais bien préparé mais dès la deuxième chanson, je ne reconnais plus, et me rappelle que Wraygunn a sorti DEUX albums... Les claquements de main et l'orgue Hammond nous ramènent en terrain connu : Keep on Praying qui, malgré son aspect gospel, parle principalement... de cul. Arrive la chanson Going down (deuxième inconnue) où les choeurs féminins sonnent la charge, tandis que miaule le chanteur alternativement dans un micro de ce siècle et dans un vieux truc qui distord le son (et cessera de fonctionner à plusieurs reprises) : l'échange entre les deux donne un effet assez classieux. Sur le How Long, Howl long blues, qui commence faussement calme, j'envie les spectateurs novices qui découvrent avec joie la fin tonitruante et irrésistiblement dansante.



Mais attention, car on entre là dans le vif du sujet : les congas de l'effrayant Joao Doce, et la voix de contre-ut de Rachel, le riff de gratte et la basse des enfers, et toujours cette voix de roquet étranglé de Paulo : Drunk or Stoned, c'est la quintessence de Wraygunn même si le chanteur semble boire beaucoup trop d'eau pour être réellement l'un ou l'autre. Puis Snapshot, chanson inconnue et tout à fait géniale où le conga-man donne toute sa mesure en dialogue avec le batteur, suivie par la terrifiante Sometimes, chanson tout en rage rentrée qui donne l'impression de regarder dans sa propre main une grenade dégoupillée qui va vous péter à la tronche... ce qui finit par arriver évidemment.



Bien sûr à ce stade là j'ai compris qu'on aurait pas les chansons les plus calmes de l'album, pourtant très recommandables (There but for the grace... par exemple) et, en effet, Speed Freak continue à désensabler nos ... portugaises. Sur album j'imaginais les postillons du chanteur en disant "speed freak", et ô joie, du premier rang je les ai vus ! Dire que cette chanson déchire gravement du slip est tentant, mais ce serait prendre le risque de manquer de mots pour désigner Juice, la plus terrible sur album, un peu desservie ici par une guitare bien trop faible pour retrouver ce son Motörheadoïde, mais franchement scotchante quand même !



On se consolera avec une très bonne reprise des Kinks (Girl..., bien sûr !), retour des choristes - à ce stade je déplore qu'on entende pas en solo Rachel et sa voix pourtant torride. All Night Long, rock-n-roll endiablé, donnera l'occasion au chanteur de descendre déconner un peu dans le public, et se prosterner longuement devant une femme à qui il promet, le prétentieux, de se la faire (I'm gonna do that girl, traduisez !), et ceci toute la nuit ! Puis le groupe s'échappe dans un grand fracas de fin de chanson rock-n-roll, avec le bond final du chanteur comme il se doit.



Evidemment la salle ne compte pas s'en laisser compter, après seulement une heure de plaisir. Mais le groupe non plus n'en a pas encore marre et revient dare-dare nous envoyer Hip et son riff funky, puis une reprise ô combien épatante de My Generation (c'est des Qui, déjà ?) qui met le feu aux poudres. C'est archi-bon mais c'est déjà fini : il faudra hurler comme des vaches pour obtenir un dernier rappel. Paulo Furtado vient alors confesser qu'il n'a rien d'autre en magasin (menteur que tu es ! je peux t'en citer 3 rien que sur l'album Ecclesiastes 1.11. !) et se propose donc de refaire ... Juice, par ailleurs réclamée un grand con à lunettes au premier rang (oui c'est moi, désolé), un pur bonheur même si cette putain de guitare ne nous "ramone" toujours pas assez l'occiput !

Le tout se finit devant une salle conquise, enfin il me semble si j'en juge par la clameur finale, et surtout par le nombre de gens que j'ai vus repartir avec le CD sous le bras. Ceux-là méritent nos félicitations : ils sont très probablement venus sur le seule foi de la pub d'enfer qui a été faite, et ils ont été récompensés. Ils pourront donc en plus se rendre compte que, sur album, je me répète, c'est génial aussi, mais en plus subtil, avec plus de filles, plus de gospel, plus de contrebasses, plus de sexe, plus de Wray, plus de Gunn, etc.



Je peux donc finalement garder la chemise que j'avais parié sur la qualité de ce concert (raisonnablement excellent à défaut d'être phénoménalement génial), certain que presque 300 personne vont désormais répandre la bonne nouvelle :
"Voyez, Frères et Soeurs, Amis du rock-n-roll, keep on praying, ne pleurez plus Carl Perkins ! Car un nouveau Messie nous est donné, il s'appelle Wraygunn, Paulo est son prophète... et le Dépanneur est son attaché de presse !"
Alors qu'est-ce qu'on dit au Dépanneur, hein ? Obrigado !
Et ceux qui sont pas venus ils se disent dit quoi ? No Lord it's a crime, it'll burn my skin !... Tant pis pour eux.

Photos Pirlouiiiit

A lire également sur Concertandco : la chronique d'un novice du groupe.

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