Chronique de Concert
Dionysos (+ Houdini)
En première partie, le dionysiaque équipage, fidèle à son image de groupe solidaire, a donné sa chance à Houdini de Montpellier. Soit une sympathique bande encore un peu juste, surtout vocalement. Ils chantent en anglais, l'un d'eux a une curieuse guitare rectangulaire et ils ont de l'humour.
La délicieuse Babet vient leur prêter main forte et ils ont gardé leur meilleure chanson pour la fin - pour un peu ça ressemblerait à du Sonic Youth. Pas déplaisant mais 30 minutes sont pour l'instant bien suffisantes.
On a bien fait de renoncer à une bière car 10 minutes après, Dionysos est déjà dans les starting blocks. Le groupe arrive dans un décor étrange d'arbres morts, sur un air de Danny Elfman (Edward Scissorhands, je crois), comme pour rappeler sans ambiguïté l'affiliation de leur très bon dernier album Monsters in Love avec l'univers de Tim Burton. Dernier concert de la tournée marathon Monsters In Love qui a fait faire à Dionysos environ 35 concerts en 3 mois, on se demande un peu dans quel état ils vont être, notamment l'explosif Mathias Malzieu sans les cascades de qui il ne saurait évidemment y avoir de concert réussi !
Giant Jack est bien sûr la meilleure porte d'entrée dans l'univers de l'album ; elle rappelle le livre autobiographique et très réussi du chanteur, Maintenant qu'il fait tout le temps nuit sur toi, Giant Jack étant le personnage inventé par le narrateur pour se défendre du grand vide laissé par la mort de sa mère, et qui lui prête sa grande ombre pour se protéger du froid.
Dès la deuxième, L'homme qui pond des oeufs, on se rappelle à quel point leurs albums rendent mal justice à Dionysos, tant leurs chansons pourtant très écoutables, sonnent 2 à 3 fois mieux en live ! De cette sympathique balade ils tirent en effet une furieuse chanson de rock qui se finit d'ailleurs par un premier tour de reconnaissance de Mathias dans les bras du public. De même Miss Acacia commencée solo à l'ukulele se finit dans un boucan furibard.
Le chanteur éminemment sympathique ne ménage pas sa peine pour établir une communion avec le public. Tout au long du concert, il s'adressera à nous surtout à propos de ce qu'il semble connaître le mieux de Marseille : le foot. Certaines blagues tombent à plat mais au moins c'est frais, ça ne sent pas la vanne préparée et envoyée chaque soir au même moment ! Devant ses manières parfois gênées, on confirme ce qu'on savait déjà : ce chanteur est au fond un petit gars timide caché derrière une féroce bête de scène. Il n'en est que plus attachant.
Trêve de plaisanteries, car l'Old Child reste une sérieuse chanson de rock même sans l'aide des Kills, et la voix de la minuscule fée Babetouchka est bien assez sensuelle pour faire oublier cette grande bringue fadasse de VV ! De même l'aimable Tes lacets sont des Fées qui passe paraît-il même à la radio, nous attrapera au collet pour nous secouer et se finir dans une ambiance de feu... Qui nous préparera pourtant à peine à une Bloody Betty totalement punk-rock et qui se finit dans une furia pogoïde assez indescriptible !
Le temps pour les gamins volants de remettre pied à terre, arrive cette vieille balade dionysiaque jouée à l'harmonica, dont le nom m'échappe (celle sur le skate le jour de mon enterrement). Enchaînée avec la sublime, bouleversante et très Elfman-style Mon Ombre est personne qui, le croiriez-vous, se finira également dans un boucan phénoménal : la fureur déclenchée par l'ombre du géant tient donc bien à distance les ténèbres qui effrayaient tant le héros de l'histoire. Comme disait l'autre, la musique est une force...
Bien sûr l'un des moments de bravoure est forcément l'inévitable : "My name is John Mc Enroe, do you know my poetry ?", aussi réussie que d'habitude et qui fait irrésistiblement secouer la tête et faire des bonds à tout le monde. Puis cette très rigolote comptine sur la Métamorphose de Mr Chat, duo enchanteur avec Babet qui confirme qu'elle a très nettement progressé vocalement : elle chante désormais formidablement bien et l'on comprend que la moitié de la salle soit composée de matous miauleurs qui rêvent, comme celui de l'histoire, de grimper dans ses bras et ronronner sous ses couettes !
Vient ensuite la rock'n'rollissime Lips Story in a Chocolate river, déjà une des meilleures sur l'album, et jouée ici en version longue. Puis la très émouvante Neige, chanson-catharsis pour Mathias, où même une brute barbue amateur de hard rock (comme moi) peut comprendre la détresse d'un petit garçon perdant sa maman, qu'il ait 4 ans ou qu'il en ait 35 ... Emu, je pense aussi brièvement à cet autre grand chanteur dont Mathias a parfois un peu la voix, un autre petit garçon appelé Bertrand, ayant fait une bêtise irréparable et puni/enfermé pour encore quelques années... il fait soudain plus froid dans la salle, d'autant que le groupe quitte déjà la scène.
Heureusement on réussira à les faire revenir sans aucun problème : c'est le dernier rappel de leur tournée et ils ont l'intention d'en profiter ! Par exemple en rejouant les dernières mesures de Mac Enroe's Poetry, juste pour le plaisir et pour l'énergie finale. Ou encore, après avoir présenté le groupe qui recueille un tonnerre d'applaudissements, en reprenant, un peu à bout de souffle, Thank You Satan de Ferré dont le chanteur n'a toujours pas appris les paroles par coeur !
Sympa mais bien sûr pas autant que la chanson total-kiff par excellence : Song for Jedi sans laquelle le groupe n'aurait certes pas quitté l'Espace Julien vivant ! Je commence cependant à me demander si vraiment ces petits slams timides vont suffire à mon bonheur, alors quand retentit l'intro trafiquée de Coccinelle, version 2... je ne suis plus inquiet, j'ai vu assez de concerts du groupe pour savoir que l'effet bien connu de cette chanson est de propulser le père Malzieu en crowd surfing jusqu'au fond de la salle, voire jusqu'au plafond !
Comme tout le monde je porterai avec plaisir le jedi scénique à l'aller comme au retour sur son 100 mètres nage libre, dans une furia musicale totalement jouissive (j'adore ces putains de 4 mesures qu'ils répètent des heures jusqu'au retour du petit sur scène !). C'est évidemment après le point d'orgue de ce morceau d'environ 10 minutes qu'il sera presque temps de partir pour Dionysos dans une clameur exceptionnelle... Finalement une version a capella de Tokyo Montana, reprise par un public plutôt discipliné et chantant bien (c'est rare) concluera le concert par un très beau moment de communion.
Le concert fut génial, ça va presque sans dire, et conclut idéalement l'année 2005 : -M- et sa bande ayant commencé l'année au Dôme, on a bien vu les 2 meilleurs groupes français actuels sur la scène marseillaise, alors elle est pas Plus belle, la vie ?? Car le groupe a joué deux heures, le public est exsangue, il fait 40° dans la salle, les murs transpirent et le contrat est rempli : Mathias nous dit à l'an prochain ! A l'idée de les revoir, peut-être dans les grandes festivals, l'hiver semble déjà devenir moins froid et pour tout dire, on en a déjà les patates au fond du sac !
Alors MERCI, bravo et bonnes vacances à Dionysos !
Photos : Pirlouiiiit
Critique écrite le 18 décembre 2005 par Philippe
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