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Chronique de Concert

Steve Hogarth

Poste à Galène - Marseille 16/09/2007

Critique écrite le par

C'est toujours un calvaire de trouver une place de voiture aux alentours de La plaine. Il y a bien maintenant cette longue plate-forme du tramway non exploitée qui traverse le boulevard Chave, mais les multiples avis d'interdiction placardés sur les voitures des téméraires qui les y ont abandonnées, nous persuadent rapidement d'aller chercher une place ailleurs. Malgré le retard avec lequel nous rejoignons le rang d'oignons qui occupe l'étroit trottoir de la rue Ferrari, il nous faudra patienter encore un moment dans la moiteur du Poste à Galène avant le début du concert.
À près de 21h30, il semble alors que la salle ne se remplira plus guère, aux trois quarts pleine d'un public qui réclame maintenant avec insistance la venue du chanteur. La musique de James Brown s'efface alors sous les premiers pas de H qui se fraie un passage entre les pots de bougies qui jonchent la scène. Vêtu d'une veste de cuir, dont il se débarrasse immédiatement, il tient dans son bras lévé un PowerBook, journal intime de l'homme moderne. Il prend place derrière son piano, ou plutôt un clavier Yamaha au son de piano acoustique, recouvert d'un tissu et dont le faible encombrement lui permet de faire face au public.


Après avoir lancé un "Vive Marseille" et avoir posé un casque sur ses oreilles, le chanteur débute son set par le mélancolique The hollow Man. Tiré de Brave, album sombre et le plus progressif de l'ère Hogarth, ce titre originalement orchestré seulement au piano dans sa quasi-totalité permet au chanteur de faire une entrée rassurante et fidèle. Aussitôt terminée un déluge d'applaudissements permet de jauger rapidement de l'entousiasme des fans qui ne faiblira pas d'un iota tout au long du concert. H interroge alors : "What do you want to do ?". Le ton de la soirée est donné, et chacun ira alors bon train pour solliciter le musicien de son titre favori. Notons que l'exercice consistant à ne pas s'imposer de setlist a déjà été mis en pratique par le chanteur bien avant sa tournée solo, avec Marillion lors du Weekend 2002 "Bingo Set" où le groupe exécutait les titres qu'une sorte de Monsieur Loyal sortait d'une main innoncente du fond d'un chapeau.


Après quelques accords de Smoke on the Water, le chanteur entame une série de titres de Holiday on Eden qui permettent à chacun de goûter à ses incroyables qualités d'interprète. Pénétré par la musique, les yeux fermés, la bouche grande ouverte, les coins des lèvres tirés vers le bas, Steve Horgath entame un Waiting to Happen balancé entre plénitude des couplets et éclats de voix des refrains. Jouant sur les tensions, il prend le temps de chaque note, ralentit le tempo de Dry Land, y allonge les parties instrumentales. Sur Cover my eyes, ou plutôt Simon's car, sa version originale à l'accompagnement entre Lady Madonna des Beatles et Ça de Téléphone, il nous cueille au moment de l'attendu "yeah-he-yeah-he-he pain and heaven" glissant dans un saut d'humeur vers I Will Walk on Water. Bien sûr, il ne laisse personne frustré, en revenant, avec autant d'habileté que lorsqu'il l'avait quitté, au refrain resté comme suspendu au fond de chacun de nous. H poursuit avec Burning inside you puis Cage, à l'accompagnement bien loin de celui de l'album, qui laisse le public s'immiscer dans le récital du chanteur avec les premiers "how how how" de la soirée.


Toujours à l'écoute des plébiscites après chaque morceau, Steve Hogarth occupe chacun de ces interludes de quelques notes de piano, sorte de délie-doigts parfois blues parfois jazzy. Les demandes pleuvent en avalanche transformant la salle en une véritable criée. Il reprend alors l'incontournable titre de sa tournée Life on Mars?, au constraste éclatant entre un couplet serein et délicat et l'envol d'un refrain tourmenté, sorti des tripes du chanteur habité.


Après un très poignant Beyond You, H abat son casque et marque une pause en forme de confidence, un monologue interactif. Il ne le fait pas en français, le jugeant trop mauvais, mais dans sa langue natale pondérant d'un "I will speak english slowly". J'avoue, que malgré cela, je n'ai pas tout compris à son speech. J'ai eu la faiblesse de rester au fond du Poste à Galène pour profiter du mur, et d'un pseudo siège que forme l'étroit comptoir qui longe le mur, mais qui laisse des douleurs derrière les cuisses pendant deux jours. En plus de la chaleur, car contrairement à ce qu'on pourrait croire il y fait beaucoup plus chaud qu'amassé au milieu de la salle où souffle un air frais de climatisation, il y a ceux qui le discours n'intéresse pas, et dont la narration de leur week-end interfère avec celle du musicien.


Bref, Il est surtout question de Montpellier, où il déclare que pour Marillion ce fut le meilleur show du somewhere else tour ("unbelivable" dixit H) et sans doute le plus fort avec ses 109db ("Illegal" dixit H et Le ministère de l'écologie). Il ne manque pas de demander qui était à ce concert soulevant un nombre de bras et de cris d'approbation rassurent sur le fait que tous n'ont pas fini sourds. Aussi son retour dans le sud de la France, s'est fait de façon plus désintéressée qu'au début de sa tournée où il le confesse, devant des fans incrédules, il ne le faisait que pour l'argent !


L'extrait de son journal qu'il choisit de lire, les lunettes posées en bout de nez, raconte une escapade dans la ville de Montepellier, fuyant la promiscuité du bus dans lequel il a vécu tout au long de la tournée avec les quatre autres musiciens de Marillion. Il est aussi question de chien et de poulet, poulet qui inspire une fille au balcon poussant la chansonnette. Steve Hogarth préfère cette interruption, qu'il accompagne au piano, à celles répétées d'un irréductible curieux bavard du premier rang, qu'il finit par moucher d'un amical "you have to stop !".
Une fois la lecture terminée, Steve Hogarth enchaîne reprises en forme de dédicaces, allant de Marillion à Leonard Cohen en passant par Radiohead, au gré des notes et des commentaires qu'il n'hésite pas à nous faire partager en plein milieu d'un morceau.


23h10 Steve Hogarth se retire une première fois, nous saluant d'une canette de bière à la main; juste un aller-retour dans la coulisse couvert d'applaudissements. Chair de poule pour le tant attendu Beautiful transpirant d'émotion et de sincérité sous les mains du piniaste qui souligne lui-même d'une grimace un accord incongru. Afraid of sunlight se termine d'une phrase amicale, en français dans le texte "bonne nuit mes amis".


Mais "ses amis", qu'un petit quart d'heure de rappels est loin d'avoir rassasiés, n'entendent pas aller se coucher et montre toute leur vivacité en vidant leur poumons de "ho-ho-ho-ho-ho". Le chanteur revient, toujours avec sa canette, pour pousuivre son récital avec la chanson la plus joyeuse de la soirée : Maybe I'm Amazed de Paul MacCartney. Les desideratas du public sont toujours aussi abondants, le courageux H essaie de satisfaire chacun, même s'il lance parfois que pour telle chanson cela lui sera difficile, il finit par trancher après quelques accords hésitants de Memory of Water. Le musicien nous livre ensuite un improbable mélange de Everybody's got to learn sometime des The Korgis et de A day in the life des Beatles, résurrection du slow universel des années 80 réveillé par les accords insistants et annonciateurs d'un "wake up" familier. Le dernier morceau, apothéose de la soirée, est à l'image de l'écoute mutuelle de l'artiste et de son public. Appelant "tout le monde" à l'accompagner, H se laisse porter par les vocalises en forme de "lalala" allègres et de "houhou" religieux d'un public symbiose, jusqu'à l'ultime montée de Three minutes boy bouquet final et sans artifice d'un concert authentique.


Après 2h40 d'une époustouflante et éprouvante performance solitaire, Steve Hogarth s'en va pour de bon, abandonnant son piano sur la scène maintenant envahie du son des Beatles et de son Taxman.
Il y a presque 20 ans, je me rendais au Stadium de Vitrolles avec un certain sceptiscisme à voir Steve Hogarth succéder à Fish au sein de Marillion. Ce soir, j'appréhendais le concert avec une certaine retenue au vu de son album solo qui ne m'avait pas convaincu. Et dans les deux cas, c'est avec un immense sentiment de satisfaction et d'enthousiasme que je quitte la salle de concert, près à me replonger dans la discographie du chanteur et du groupe qui lui a permis de retrouver le chemin d'une carrière brillante.


Set-List :

1- The hollow Man
2- Waiting to Happen
3- Dry Land
4- Cover my eyes / I Will Walk on Water
5- Burning inside you
6- cage
7- Live on Mars?
8- Beyond You
9- This is the 21st Century
10- Fantastic place
11- Famous Blue Raincoat
12- Number One
13- Fake plastic trees
14- A collection
15- You're gone
16- Beautiful
17- Afraid of sunlight
18- Maybe I'm Amazed
19- Memory of Water
20- Everybody's got to learn sometime / A day in the life
21- Three minutes boy


Photos Pirlouiiiit touché par l'ambiance quasi religieuse du rapport artiste-fans

Bonus video :

 Critique écrite le 30 septembre 2007 par F

> Réponse le 30 septembre 2007, par Pinou

Une fois de plus H nous a démontré qu'il était le plus grand chanteur rock en activité.  Réagir

> Réponse le 30 septembre 2007, par Dzo

Absolument d'accord ! Hogarth est au dessus de tout, ce concert à Marseille restera pour ma part un moment inoubliable.  Réagir


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