Chronique de Concert
The Fleshtones + Lift To Experience + The Devics
La Coopérative de Mai, Clermont-Ferrand 4 novembre 2001
Critique écrite le 05 novembre 2001 par Pierre Andrieu
Les invités de Lift To Experience, The Devics, ouvrent le bal et, déjà, on a la sensation que la soirée va être difficile pour notre système auditif ! Une chanteuse blonde et habitée interprète des chansons sombres et torturées. De ténébreuses ambiances sont crées par une guitare ou un piano ; un batteur discret et un bassiste-contrebassiste qui joue parfois avec un archer soutiennent et ornementent le tout.
Malgré le volume sonore, on se laisse très vite prendre par les subtiles ambiances distillées par ce groupe. La voix surprenante de la chanteuse et les arpèges de guitare ou de piano font leur effet : on est presque terrifié par la conviction affichée par ce quatuor ! Un concert sobre et inquiétant qui donne envie d'acheter le disque de ces prometteurs Américains.
Lift To Experience :
Echappé du Texas, le chanteur de Lift To Experience commence par une chanson murmurée, il s'accompagne très délicatement avec sa guitare. Un titre superbe, presque a cappella. Sur la fin du morceau, le batteur traverse le public en jouant du tambourin et le rejoint. Moi qui pensais endurer la puissance de feu de Motörhead !
Le look du chanteur-guitariste, est assez gratiné : vieux chapeau et chemise de cow-boy, santiags, cheveux et rouflaquettes impressionnants, autocollant "Don't mess with Texas" sur la guitare : il n'a pas l'air commode celui-là... En plus, son nom est "Personne", enfin, Josh T. Pearson. J'espère qu'il n'a pas un flingue dans la poche, sinon on va se faire sévèrement canarder comme chez Sergio Leone... Sur un ampli placé au centre de la scène pour générer un effet tournoyant, le trio a pris soin de poser un crâne de vache, quelle délicate attention !
Dès le deuxième morceau, Lift To Experience justifie sa réputation : on a l'impression qu'il y a trois guitares. Ce groupe texan sonne comme du My Bloody Valentine joué par Neil Young, chanté par Jeff Buckley et habillé par le tailleur de Creedence Clearwater Revival. Caramba !
Les morceaux sont tous très longs et atmosphériques : on passe d'un déluge de guitare à des moments de calme. Je reste pétrifié par ce déferlement de décibels tombés du ciel et par la beauté de la voix. Josh T. Pearson est épaulé par Andy Young, un excellent batteur tour à tour adepte de la méthode John Bonham (je défonce ma batterie consciencieusement) et de la méthode club de jazz (je caresse délicatement mes cymbales). Le bassiste, Josh Browning, apporte sa contribution à l'érection de cette cathédrale du bruit divin. Il a l'air d'un ingénieur en informatique et il a voté George W(ar) Bush, mais la musique de ces trois cow-boys est tellement captivante qu'on passe l'éponge...
Souvent, le fantôme de Jeff Buckley traverse la scène du club : la ressemblance vocale est vraiment troublante. Pour vérifier, je m'approche : non, c'est juste vocal. J'en profite pour "inspecter" le matériel utilisé, c'est monstrueux : un véritable représentant en pédales d'effet pour guitare, il n'a pas intérêt à jouer bourré sinon c'est le désastre.
Le concert s'arrête bien trop tôt : on aurait bien écouté l'intégralité du double album. Un concert fascinant (mais un peu fort pour des oreilles non protégées).
Fleshtones :
J'avais gardé un excellent souvenir du passage des Fleshtones au Sonic Rendez-Vous, il y a déjà pas mal de temps. De retour à Clermont, ils ont encore été géniaux. Ils commencent le concert alors qu'ils sont encore dans les loges, c'est une tradition chez eux. Puis, ils arrivent enfin en pleine lumière et, merde, on dirait que c'est mon père qui officie au micro (la mèche folle en plus ) ! Ils ne sont pas nés de la dernière pluie, ils sont même bien marqués (à part le bassiste) mais restent verts dans leurs têtes. Dés le premier titre, Hitsburg USA, ils mettent le feu et déclenchent l'hystérie avec leurs chorégraphies hilarantes et leur musique bien rock 'n' roll.
Le chanteur n'arrête pas de faire le con avec son micro comme un gamin, il nous lance même un "Clermont-Ferrand, you are groovy tonight". Je ne sais pas si Clermont est groovy mais Clermont a le sourire, hurle, siffle et danse en ce dimanche du délicieux mois de novembre. Le guitariste a une touche impayable avec son pantalon moulant, sa chemise laissant voir son ventre, sa guitare à paillettes et sa ridicule casquette assortie à son instrument. Virez-moi sur le champs le responsable des costumes ! Malgré ce léger handicap, il enchaîne les riffs rageurs et les soli avec bonheur. Certes il chante comme une femme hystérique mais il y met un tel cur... Le chanteur titulaire, Peter Zaremba, quand il ne joue pas de son orgue Farfisa ou ne se contorsionne pas comme un fou, chante comme Mick Jagger. Il est toutefois moins souple que lui pour les chorégraphies et il ne porte pas un collant moule-burnes.
Musicalement, c'est déjà très fort, mais ils vont rajouter la touche spectaculaire en jouant dans le public avec leurs instruments, laissant le plus souvent le batteur seul sur scène ! Tout y passera : sur les tables et les chaises à gauche de la scène, sur le bar, en slalom au milieu des gens. Les Fleshtones sont vraiment une sacrée bande de guignols et ce qui devait arriver arriva : les gens deviennent de plus en plus hystériques et joyeux, ravis de passer un bon moment de rock 'n' roll entre amis. Les premières notes de Communication breakdown de Led Zeppelin retentissent, et c'est reparti pour 5 minutes de folie ! Après deux rappels, le groupe américain regagne les loges, laissant le public exsangue mais aux anges. The Fleshtones est un groupe à voir au moins une fois dans sa vie si on aime le rock 'n' roll.
Photos prises par Lao (https://darklao.free.fr), à Paris, le 18 juin 2001.
Critique écrite le 05 novembre 2001 par Pierre Andrieu
Envoyer un message à Pierre Andrieu
Voir toutes les critiques de concerts rédigées par Pierre Andrieu
Lift To Experience : les dernières chroniques concerts
Fleet Foxes + Josh T. Pearson par Pierre Andrieu
Bataclan, Paris, le 30/05/2011
Vraiment difficile de redescendre après avoir fréquenté de telles cimes de songwriting émotionnel avec un combo aussi exceptionnel que celui-là !
Un peu moins de 23 heures,... La suite
Josh T. Pearson + Lisa Germano par Pierre Andrieu
Café de la Danse, Paris, le 15/04/2011
Sublime affiche au Café de la Danse à Paris le vendredi 15 avril 2011 avec Lisa Germano, pour un remarquable concert piano voix, et Josh T. Pearson, pour une exceptionnelle... La suite
The Flaming Lips + The National + Archie Bronson Outfit + Josh T. Pearson + Serena Maneesh + Thus:Owls (La Route du Rock 2010) par Pierre Andrieu
Fort de Saint-Père, Saint-Malo, le 15/08/2010
Après deux belles soirées de concerts (vendredi 13 août avec Dum Dum Girls, Owen Pallett, Yann Tiersen, The Black Angels et French Cowboy en surprise puis samedi 14 août avec... La suite
The Fleshtones : les dernières chroniques concerts
The Fleshtones + Dynamite Shakers par lol
Petit Bain, Paris, le 16/11/2021
En plus de trente ans de pérégrinations dans les salles de concert, c'est étonnamment la première fois que je voyais les Fleshtones sur scène. Les Fleshtones, c'est ce groupe de... La suite
The Fleshtones, Jon Spencer and the Hitmakers, Thomas Mascaro par Fred Boyer
Ninkasi Kao - Lyon, le 07/11/2019
Double programme ce soir au Ninkasi Kao, aux abords du mythique Stade de Gerland qui a vu s'écrire certaines des plus belles pages de l'histoire du foot français (notamment une... La suite
The Fleshtones + The Norvins par Samuel C
Petit Bain - Paris, le 30/11/2017
Dans le dictionnaire illustré "Le rock de A à Z" de Jean-Marie Leduc et Jean-Noël Ogouz paru en 1984, les Fleshtones ont droit un petit chapitre, où on peut lire notamment :... La suite
The Fleshtones / Laydown par jorma
Le Molotov, Marseille, le 07/05/2016
Une chronique des Fleshtones, c'est 2'50.
Le temps de compter jusqu'à quatre.
Le temps de gueuler Let's go
Le temps de cracher un p'tit riff garage.
Le temps de tourner sur... La suite
La Coopérative de Mai, Clermont-Ferrand : les dernières chroniques concerts
Fat White Family par Pierre Andrieu
La Coopérative de mai, Clermont-Ferrand, le 05/07/2024
Salement sexy, le concert de Fat White Family à La Coopé début juillet ! Placé en fin de saison dans la programmation de la salle de la rue Serge Gainsbourg, le toujours très... La suite
Mass Hysteria + In Der Welt par Jérôme Justine
La Coopérative de mai, Clermont-Ferrand, le 16/03/2024
Les cathos vont à Rome, les musulmans à la Mecque, les gros chez Mc Do, et les rockeurs, eux vont dans une salle de concert lorsqu'ils veulent faire un pèlerinage. C'est un peu... La suite
Interview de Peter Doherty et Frédéric Lo par Pierre Andrieu
La Coopérative de mai, Clermont-Ferrand, le 15/04/2024
Juste avant leur concert mémorable à la Coopérative de mai, Peter Doherty et Frédéric Lo nous ont accordé un long entretien au catering de la salle clermontoise pour parler du... La suite
Peter Doherty & Frédéric Lo par Pierre Andrieu
La Coopérative de mai, Clermont-Ferrand, le 22/10/2023
"Bonsoir France profonde !"Grand concert de Peter Doherty & Frédéric Lo à La Coopé dans le cadre de leur tournée commune pour promouvoir le magistral album The Fantasy Life of... La suite