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Chronique de Concert

AC/DC + The Answer

AC/DC + The Answer en concert

Palais Omnisport de Paris Bercy 27 février 2009

Critique écrite le par


Pour voir enfin AC/DC sur scène, un groupe situé dans le top 3 de notre "To See Before Death List", monter à Paris n'a pas réellement été un problème, moins en tout cas que de se procurer une place - heureusement que parmi nos connaissances il y a des freaks fanatiques, capables de se faire chier un aprème entier à la Fnac pour décrocher les précieux sésames - car plutôt mourir que d'enrichir une de ces petites crapules qui font désormais leur beurre sur e-Bay en kidnappant les places pour les revendre dix fois leur prix aux amateurs !


Au fait, petit malin d'e-Bayeur : message personnel au nom de tous les fans d'un groupe qui sont un jour tombés entre tes pattes, sache qu'à la première occasion nous te tuerons à mains nues dans ton sommeil, à moins que nous te torturions un peu auparavant, alors fais bien attention... Par ailleurs pour les gens (anormaux) à qui ton comportement n'inspire pas le meurtre : il est parfaitement possible de faire foirer ses enchères JUSTE pour emmerder cet individu, de le pourrir par mail (certes c'est inutile, mais c'est toujours plaisant), ainsi que de signer la pétition ici.


Bref, on est venu avec enthousiasme de toute la France, découvrir le monstrueux groupe australien, d'autant que ce sera l'occasion d'entrer pour la première fois dans l'intriguant béton engazonné du Palais Omnisport de Paris-Bercy. Vraie salle de concert où l'on tire encore de la vraie bière et dont le son est a priori moins aléatoire que celui d'un Stade Vélodrôme ouvert aux 4 vents et où l'on ne vend plus que de la pisse d'âne. L'écrin idéal pour voir un groupe tel qu'AC/DC donc, et peu importe qu'ils ne se soient pas foulé pour leur dernier album, on a bien compris que le seul but de cette galette était de nous précipiter tous ici ce soir, morts de faim.


Après avoir comme il se doit et comme tout le monde, éclusé quelque bières-cacahuètes sur le parvis du POPB, on gagne donc l'intérieur, dont le couloir circulaire est à la fois très fonctionnel et particulièrement laid (on se croirait dans Total Recall), et une salle qui ne donne pas l'impression d'être si grande que ça - globalement une réussite architecturale, donc. La salle est toutefois floquée aux couleurs traumatisantes de RTL (et oui, même pas de RTL 2 !), ce qui ouvre de bouleversants abimes sur le sens de la vie et sur l'identité possible du fan lambda d'AC/DC qui, on le réalise soudain, pourrait au fond bien être le même que celui de Johnny...


Le gadget tendance du jour est évidemment les cornes clignotantes rouges vendues à 10 euros, qui donnent certes l'air très con avant le concert - et un peu pendant, mais pourront resservir à plaisir à leurs possesseurs pour danser au son de la salsa du démon à la maison, plus tard. Je soupçonne d'ailleurs que certains fans ne portent secrètement ces cornes pour jouer du air-guitar au son de Let There be Rock, en slip cuir devant la glace de la salle de bain. Mais enfin, leur vie sexuelle ne regarde personne, pas vrai ?


On s'aperçoit avec un peu de dépit qu'on est placé pratiquement derrière la scène (ce qui explique l'angle de l'ensemble des illustrations ci-jointes - je n'ai pas parlé de photos hein !), où le son développé par la première partie The Answer n'est pas particulièrement convaincant. Evidemment ouvrir pour la fratrie Young, face à des fans accrochés aux barrières depuis plusieurs heures n'est pas un cadeau, et ces braves irlandais font ce qu'ils peuvent, oscillant entre des imitations d'AC/DC, du sous-Datsuns (groupe lui-même déjà sous-produit de Led Zep) et parfois même, du hair metal spinaltapesque.


Le chanteur permanenté de frais, les bourrelets coincés dans un futal hippie, fait ce qu'il peut pour emballer la salle - ça semble fonctionner un peu sur les côtés, mais le public dans la fosse (sur qui nous avons une très bonne vue), se fout manifestement comme de l'an quarante de cette bande de lampistes, certes enthousiastes mais parfaitement banals voire franchement laids. En outre le chanteur ne semble pas avoir le droit d'aller sur la passerelle, qui lui permettrait de se rapprocher du public. On continue donc sans trop d'angoisse de rater quelque chose, à faire des aller-retours au bar et aux toilettes. On tente aussi l'air de rien d'aller se placer ailleurs, mais on nous invite courtoisement à regagner nos places - dommage. Le groupe termine sur une chanson avec harmonica, qui réveille à peine une fosse quasiment sombrée dans le coma.


Pendant l'entr'acte, où des écrans aériens tentent de nous vendre les dernières conneries à la mode, on appelle pour rigoler nos amis qui sont eux aussi mal placés - mais de l'autre côté de la scène. Si on était parano on pourrait presque croire que les magasins de province (comme on dit vulgairement à Paris) ont été servis de places pourraves, mais on est pas parano, pas vrai ? L'ambiance monte rapidement et une ola finit par se déclencher : tout est prêt pour entendre la grand'messe Gibson...


Le noir se fait dans une clameur énorme - il faut reconnaître que ces quelques milliers de cornes rouges sont du plus bel effet ! Le barnum commence par un dessin animé à base d'Angus rouge diabolique et de femmes soumises, fonçant vers l'enfer dans un train fou (avec une énorme loco sur scène que nous ne verrons évidemment presque pas) : c'est évidemment le Rock'n'Roll Train qui débarque et nom de dieu, on sent tout de suite la différence : le son est cette fois-ci tout à fait hénaurme !


Les gens d'AC/DC sont exactement comme on l'imaginait (quoi que pas si petits ...) et ne semblent pas avoir pris une ride depuis Donington 1991, à se demander si Brian Johnson a lavé son béret depuis... Bon, Angus Young est passé au noir, il a bien perdu quelques cheveux depuis et commence à ressembler dangereusement à Gollum déguisé en écolier, mais il déploie une très belle énergie et la scène semble à peine à la dimension de ses courses folles de troll autiste. Et les autres, eh bien ils font de la figuration comme prévu, mais eux aussi avec conviction et sans amertume apparente.


Dès la deuxième chanson, la classieuse Hell ain't a bad place to be, on est rassuré sur un point : le groupe va taper dans tout son répertoire pour faire plaisir au public ! Ce qui inclut évidemment quelques passages obligés comme la dantesque Back in Black : un pied énorme. Pendant Big Jack, on réalise aussi que le sol des gradins tremble légèrement sous nos pieds - étant à 20 mètres de hauteur on réalise qu'on va probablement mourir broyés mais bon, convenablement chargés à la bière et ivres de bons riffs saignants, on envisage cette fin comme toute assez rock-n-roll avec philosophie. Traverser verticalement Bercy au son heavy blues de Dirty Deeds, et finir enterré sous les gravats et les cornes rouges clignotantes, pourquoi pas ?


A ce stade du concert, la foule est en apesanteur et mon voisin très concentré me fait comprendre que je ne dois pas le toucher pendant "son" concert, sans doute annuel ou même décennal... Mais je suppose que je dois être moi-même dans un état second et un poil remuant, si j'en juge par ma calligraphie rigoureusement illisible - enfin s'il manque un titre la set-list est la même qu'à tous les concerts d'AC/DC de cette année ! Je pense être passé dans une autre dimension à partir de la communion mystique de Thunderstruck et ses fabuleuses arpèges, effectuées comme il se doit le poing levé par un Angus déchaîné... devant un public aux anges.


Même vu de côté et de dessus, la scène est si fascinante qu'on oublie pratiquement de regarder l'écran géant juste au dessus de nous - qui révèle pourtant les bien jolis minois en transe de tout le groupe. Même la passable Black Ice donne pas mal du tout sur scène. Sur le blues en béton de The Jack, on s'aperçoit qu'aucun des musiciens n'est branché à quoi que ce soit - ces mecs-là n'ont pas du en voir depuis des années, de jack ! Le père Angus en profite pour faire son strip-tease attendu, jusqu'au caleçon floqué au nom du groupe - sans surprises mais rigolo.


Petite transition habile vers un autre pic du concert, la monumentale Hells Bells ou Brian se pend à la corde d'une cloche géante tandis qu'Angus, désormais torse-poil ("My precioussss ...!!"), défouraille toujours plus - les deux gaillards commencent à aller gambader sur la passerelle, ce qui hystérise encore davantage la fosse. Tout comme Shoot to Thrill ou les miaulements inimitables du chanteur font merveille, ou la plaisante War Machine pendant laquelle je m'absente pour découvrir, horrifié, qu'il n'y a plus de bière pression au bar !


Suit You shoot me all night long et son gros riff à deux balles, un vrai plaisir régressif, loin, très loin pourtant de l'hystérie collective que déclenchera TNT, où les "oï ! oï !" du public ressemblent à un séisme de force 8, pour moi, le climax du concert ! Mais on en a pas fini au rayon gadgets : voici la méga-géante poupée gonflable qui accompagne le riff motörheadien de Whole Lotta Rosie. Poupée qui a certes un physique impossible (avec des seins de 5 mètres de haut, beaucoup plus gros que sa tête - c'est donc ce qu'on voit le mieux de côté), mais qui, ô suprise, tape du pied au rythme des tressaillements épileptiques d'Angus, qui court toujours et désormais la bave aux lèvres !


C'est qu'il sait, le bougre au regard vitreux, qu'un des plus énormes riffs du groupe reste à venir, le tout bonnement fabuleux Let There be Rock ! Pendant son dantesque et jouissif solo, il ira donc faire le pitre tout au bout sur une plate-forme surélevée de plusieurs mètres, sur laquelle il saute et se roule comme s'il ne pouvait pas se tuer - mais bon, le peut-il ? Est-il seulement mortel ? C'est en tout cas la sortie du groupe après une grosse heure et demi, encore qu'il y ait peu de suspense puisqu'on connaît déjà les deux titres du rappel...


Le public n'hésite toutefois pas à donner de la voix, jusqu'à ce qu'Angus revienne - en sortant d'une trappe fumante qui s'est ouverte dans la scène) pour interpréter, comme dans nos rêves les plus fous, la chanson qui nous a toujours tous rendus dingues : Highway to Hell, le genre de choses après lesquelles on veut bien y aller, en enfer ! Et puis, histoire de nous amocher quand même un peu les oreilles (puisque le son du concert était fort bon), des canons font leur apparition pour l'également très estimable For Those about to rock, qui cracheront en cadence à chaque refrain jusqu'à ce qu'acouphènes s'en suivent.


Le groupe quitte la scène, après 15 minutes de rappel et sans trop de politesses, mais il est vrai qu'une fois qu'on a retourné de bonheur 20 000 personnes, on ne va pas les remercier en plus pas vrai ? On peut donc dire à présent qu'un concert d'AC/DC est effectivement une expérience dantesque et hautement recommandable, et même s'il le faut, dans un stade à la con. Et une expérience qui méritait bien un retour en RER et une marche forcée dans la brume de banlieue, les oreilles encore vibrantes de l'élixir qu'on y a déversé... Définitivement, c'est sûr, Rock'n roll ain't noise pollution !


Bonus ! 6 petites vidéos biens sympathiques par ici !!

> Réponse le 15 mars 2009, par RV Coinus

Pas mal l'article du concert, mais tu aurais dû préciser pour les connaisseurs qu'Angus jouait sur une Gibson SG 1961 noire, guitare qu'il privilégie particulièrement pas son manche plus fin que la SG Standard (il en a une trentaine). Pour Malcolm, il a joué classiquement avec sa Gretsch Jet Firebird de 1963 sur laquelle il a laissé une seul micro. Hervé et moi-même avons vu une des ses guitares de rechanges, notamment une Gretsch White Falcon, qu'il utilise parfois en concert. Par ailleurs tu précises qu'ils ne sont pas si petits : FAUT, Angus mesure 1,57m... et Malcolm est encore plus nain. Mais bon, le talent est énorme. Dernier point très important pour les fans : Angus n'a pas montré son cul lors du striptease... signe de vieillesse ???   Réagir

> Réponse le 10 juin 2009, par Spongebob

[Palais Omnisport de Paris Bercy - 27 Février 2009] J'ai juste envie de rire, parce que tu as vu exactement le MÊME spectacle a Marseille, sauf qu'il était selon toi nul, alors que je viens de lire les résumés et que honnêtement, Marseille et paris on eu exactement le même concert. A vrai dire, le seul argument est que le stade vélodrome est ouvert et que le son serait donc moins bon ( je suppose qu'au stade de France, le son sera bon là. Ben oui, c'est paris... ). Ah, et aussi la bière, qui est meilleure a paris ( si tu vas voir le concert bourré... ). Bref, histoire de tenter ( vainement ) de prouver encore une fois que paris c'est mieux que marseille. Ha ha ha. Absolument ridicule.  Réagir

> Réponse le 11 juin 2009, par Philippe

Mais qu'est-ce qui va pas chez toi Spongebob ? Je n'ai pour l'instant posté qu'un teaser (et enthousiaste en outre !) du concert à Marseille ! Manifestement tu me confond avec un autre. En plus pour me traiter d'élitiste parisien, moi un strasbourgeois habitant à Marseille ? Ridicule, oui c'est le mot, mon pauvre ami mal-comprenant.  Réagir


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