Chronique de Concert
The Bishops + Exson Valdes (+ Dondolo)
En arrivant au Cabaret Aléatoire, on comprend assez vite pourquoi le concert de ce soir a failli être annulé, ce qui aurait été bien triste vu la très grande qualité de la prestation offerte aux happy few qui s'étaient déplacés ! Ce ne sont apparemment pas plus de 50 personnes, hors personnel de la salle, qui se répartissent dans la salle et la cour (qui sonnent donc très vides toutes les deux). Il est vrai que les Bishops n'avaient déjà pas tout à fait rempli le Poste à Galène il y a 2 ans, qu'en plus on est mardi soir, que c'est la crise, qu'il y a la Nouvelle Star, etc, etc, est-ce que je sais moi ?
Ou encore, qu'à force de snober la presse rock nationale, on finit par passer à côté de groupes formidables : rappelons que c'est bien Rock'n'Folk, messieurs-dames, oui, celui du Manoeuvre que vous traitez volontiers de piece of shit (et que vous êtes certainement nombreux à regarder honteusement ce soir-même), qui avait attiré notre attention sur eux avant que, avec nos petites mains, on essaye de toutes nos forces clermonto-marseillaises de confirmer et de vous convaincre que ce groupe, extrêmement classieux sur disque, est aussi très efficace sur scène ! Vérification faite, il n'y a pas non plus un autre excellent concert du même type ailleurs, qui aurait pu faire concurrence. Après, comme on dit par ici, tu peux pas faire boire un âne qui n'a pas soif, pas vrai ?
Bref, ça ne va pas fort en ce moment puisque la première partie ajoutée en catastrophe est ExsonValdes, groupe parisien déguisé sous un sympathique patronyme de pétrolier échoué, qui devait jouer initialement le lendemain avant Ben Kweller (annulé, lui). On passe un moment assez agréable en leur compagnie, où un léger manque de charisme est compensé par une belle énergie scénique, des compositions emo ou pop rock un poil grandiloquentse, juste ce qu'il faut (mettons, dans la veine Placebo/Muse), et une plutôt belle voix. Les deux Bishops, à l'arrière de la salle, se regardent d'un air un peu dépité. Le groupe sur scène n'arrive pas non plus à masquer tout à fait sa déception de jouer devant si peu de gens...
Quoi qu'il en soit, ExsonValdes enchaîne des compos agréables, bien exécutées, les lumières et les fumées sont efficaces à part le projo bleu qu'on prend en pleine tronche... Je m'interroge un moment sur la personne à qui la voix me fait penser : après quelques instants sur l'hypothèse "Cantat, dans sa voix de tête", j'opte plutôt pour Bono... D'autant que les orchestrations sont quand même beaucoup plus U2 que rock français et que bien évidemment, on chante en anglais. Bref on ne s'est pas ennuyé, même si rien n'était complètement marquant à part l'avant-dernière, un tube potentiel ! Nul doute que dans une salle bondée et acquise à leur cause, l'ambiance aurait été différente. A revoir donc.
Il se produit alors un instant un peu magique et vaguement désespérant à la fois : pendant quelques instants, alors que les fumeurs sont tous sortis et que leurs amis les ont accompagnés, je me retrouve devant la scène dans une salle parfaitement vide de public ! Puis je m'aperçois qu'il y a une petite rockeuse d'environ 3 ans qui s'éclate sur le dernier disque de Bloc Party (elle a raison, il est plutôt chouette !), tandis que les roadies et les techniciens s'activent. 2 autres minuscules viennent d'ailleurs attendre devant la scène - indice rassurant que le rock sera peut-être sauvé ! En tout cas dehors la lune n'est même pas pleine, elle non plus (It was probably just one of those days... comme on dit en s'électrocutant dans Desperate Housewives). Deux sbires d'Ich bin Dead et leur bodyguard moustachu font soudainement une apparition pour distribuer des tracts...
Mais ils ne resteront pas, sauf erreur, pour découvrir les excellents The Bishops auprès de qui ils auraient pourtant pu s'inspirer utilement pour la richesse de leurs mélodies (gniarf gniarf). Plus professionnels ou plus aguerris que le premier groupe, les deux frères et le batteur qui composent The Bishops affichent un sourire et ne nous feront jamais sentir que nous ne sommes pas très nombreux : un bon point pour eux !
Ils commencent le concert avec la bien entraînante Higher Now - le public rapplique donc avec une rapidité inattendue. Ils en profitent pour continuer sur les airs plutôt pop développés dernièrement (For Now ou Rain Dance) - on se frotte les mains en pressentant qu'ils gardent les plus énervées pour plus tard, d'autant que c'est déjà de la belle ouvrage, exécutée avec une retenue et une classe toute british ! Et bien sûr, tirés à quatre épingles, en costard comme il se doit, avenants et pas chiants, avec des mêches identiques, coupées presque au cheveu près, entre Mike et Pete Bishop...
Et évidemment, faut-il le préciser pour ces dignes représentants du merseybeat sauce 21ième siècle, avec un son n-i-c-k-e-l. C'est donc pratiquement comme en studio qu'on écoute (avec quelques fioritures de claviers et de cuivres en moins) Wandering By qui nous projette brutalement 20 ans en arrière à l'époque des La's... Et on enchaîne avec une séquence nettement plus pêchue : Breakaway et la formidable I can't stand it anymore, idéalement poursuivie par City Lights plus pop. Impossible de ne pas penser comme toujours aux Kinks sur l'enchaînement Life in a Hole/Carrousel. Merde à dieu, God save the Queen, on est peut-être né 25 ans trop tard pour voir naître le rock anglais, mais on aura pas tout perdu puisqu'on a connu les Bishops !
La salle étant à point, elle paraît presque pleine vue de devant, motivée et chaleureuse, c'est le moment de tenter une nouvelle (Always the Same, agréable), puis d'enchaîner sur la toujours parfaite The Only Place I can Look is Down (combien de trios français sont capables de composer un truc pareil, aussi basique, classique, jouissif et élégant à la fois ?!) - les ponts de guitare seront l'occasion pour le guitariste de faire les mini soli qu'il aime, devant le public, avec de faux airs d'Angus Young Jr. Ils enfoncent le clou avec Travelling our way home et sa basse roborative, et la non moins efficace Hold On (au fait, vous êtes plutôt Beatles ou Stones, vous ? Moi je suis Kinks, définitely Kinks, tout comme le bon NicolaS Ungemuth !)
Mais voici la petite balade sur la fille qui est partie et même que ça fait drolement mal, avec une voix Morrissey-like : Nothing I can do or say, qui nous émeut sincèrement sur disque, fonctionne bien sur scène même sans le piano - avec leurs petits airs de peuchère, les deux frérots sont éminemment attachants. Mais il ne nous quitteront pas pour autant sans un dernier enchaînement salace : la plaisante Laughter in the Dark et surtout, la littéralement tuante Menace About Town, démultipliée sur scène par ces trois garnements qui décidément, s'éclatent toujours autant à jouer leurs titres en tout points parfaits et indémodables - puisque résolument démodés à la base... J'ai tellement aimé le concert que j'en oublie complètement de regarder combien de temps il a duré, ou de leur reprocher l'absence de rappel : quand on a eu la qualité et la quantité, pas besoin d'en rajouter.
Et puis, 5 minutes après la fin, ils sont déjà à l'arrière pour vendre leur disques et parler aux fans, une grosse dizaine de personnes absolument ravies. Ils manifestent un intérêt sincère pour les retours des gens sur le concert - je passerai d'ailleurs un moment parler à chacun des trois, et à improviser au bic un flyer concertandco.com que j'ai évidemment oublié. Une fois n'est pas coutume, j'achète même un digipack pour leur faire signer et garder un bon souvenir - ils sont SI sympas qu'on en a envie d'acheter leurs disques, qu'on a pourtant téléchargés il y a 3 ans et écoutés mille fois ! Le batteur blondinet me confie être assez content de ce soir et n'avoir pas été choqué par la salle aux deux tiers vide, qu'il a vu pire - il faut dire qu'il a l'air de bonne composition !
Le chanteur paraît tout de même plutôt rassuré d'apprendre ;
a) que cette salle à la programmation audacieuse est souvent à moitié vide (National Dust/Poni Hoax/Motormark, concert électro pop du siècle, octobre 2006, remember ?),
b) que les publics de Paris, Toulouse ou Lyon sont sûrement plus branchés sur la pop anglaise que celui de Marseille - donc qu'ils peuvent y attendre plus de monde !
Bref, ils sont terriblement sympas, pas fiers, ouverts sur le monde et âgés de pas plus de 75 ans à eux trois... Meet The Bishops, Ladies & gentlemen, une certaine idée du rock old school, inamovible et immortelle ! Ayons confiance, un jour le Monde saura et se demandera où il était ce soir, un jour, nous dirons, à l'instar du sieur Bangs après le premier concert américain des Pistols, moi, MOI j'y étais, les gars... Et les Bishops se sont amusés, donc ils reviendront à nouveau, vous pourrez donc vous aussi venir les voir, bande de feignasses, et c'est bien ça l'essentiel, ça me fait vraiment plaisir pour vous !
Pour finir la soirée, voici l'initiale première partie de Dondolo, basculée à la fin : un quarteron de trentenaires, l'air assez allumés, initialement plus nombreux sur scène (5) que dans le public, qui va développer un rock noisy, énervé, vicelard et chouette (du Cure sous speed ?), raconter des conneries, puis jouer un titre garage contondant et efficace, puis déconner à nouveau, puis enchaîner sur un titre plus mélodique où le joueur de Korg prend son pied... J'en tire soudain deux conclusions : ce groupe a l'air plutôt cool et je veux le revoir, et surtout, je suis trop mort pour l'apprécier. Je prends donc la sage décision de remonter sur mon fidèle destrier Couguar pour aller mettre la viande dans le torchon. Totalement ravi de ma soirée !
Quelques Vidéos, 6 en tout, sympa le mec non ? ici !
Setlist The Bishops:
Critique écrite le 06 mai 2009 par Philippe
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