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Oai Star (interview)

Marseille 16 janvier 2002

Interview réalisée le 15 février 2002 par Hum !

Rendez vous au 15 rue Jean Roque dans les locaux de Micmac non loin de la Machine à Coudre pour en savoir un peu plus sur le Oai Star, sorte de rejet excité du Massilia Sound System (avec Gari Greu et Lux Botté) auteur d'une premier album "vol. 2" fracassant. Discussion avec Lux B et Toko Blaze au cours de laquelle où on apprendra entre autre choses que Tatou et Jali ont été décorés de l'ordre des Chevalier des Arts et des Lettres pour le Massilia Sound System, que leur dernier album s'est déjà vendu à 60000 exemplaires, que le Oai Star est tout sauf un groupe de boeufs ... le tout sur fond sonore de Svinkels. [pas facile de retranscrire une discussion par écrit, alors si par moment vous vous demandait si c'est Lux B qui ne sait pas parler ou si c'est mal retranscrit, c'est la seconde hypothèse]




Tout d'abord un petit historique du Oai Star par rapport au Massilia

Lux : Le Oai Star est clairement issu du Massilia. En fait Gari et moi on est arrivé dans le Massilia à l'occasion d'un Festival (Tamaris - Bretagne). A l'époque on ne faisait pas du tout partie du groupe, même si on les connaissait. Moi par la radio et pour lui c'était des collègues. Une année il les emmenait en voiture au festival et moi comme j'étais dans le coin j'ai fait un détour pour aller les voir. Finalement le soir on s'est retrouvé à monter sur scène et on a mis le Oai (bordel) avec Massilia. Assez naturellement on est devenu en quelques sortes le "posse confort" de Massilia pour délirer. On avait pas de micro, moi j'avais juste mon mégaphone. On servait le pastaga au public pendant le concert, on faisait jumper les gens, ... on était ambianceurs publics. Ni Gari ni moi n'étions chanteur au début, on était juste là pour mettre le oai. Et puis petit à petit on a fait un peu plus partie du groupe en commençant par les choeurs au début, on s'est mis à écrire des conneries ensembles (Tatou nous a bien poussé et aidé dans ce sens), jusqu'au dernier Massilia où on ne chante que ce qu'on écrit. Puis on a eu l'idée de faire un truc un peu différent, bien que dans le même esprit : le Oai Star qui depuis quelques temps est devenu bien réel.

Au niveau discographie ...

Lux : Le terme de Oai Star date de "parpanas", même si la première vraie trace discographique du Oai Star Chourmo (à l'époque) est sur Ragga Baletti vol 1 (pochette de Ben - 1995) avec "Fai Vira" qui se trouve aussi sur la compile de Massilia avec les Robotics. Quant au titre "vol 2." Du disque qu'on vient de sortir, ce n'est pas un gag, il existe bel est bien un vol 1 (le meilleur) qu'on rééditera peut être un jour. C'est un peu comme concept de Iam, qui est pour moi leur meilleur avec le MIA (morceau joyeux, dansant et festif !) Sinon pour l'instant pour se procurer Oai Star - Vol.2 il faut le commander à la Chourmo.

Qui sont les autres membres du Oai Star ?

Lux : En fait on les connaissait presque tous déjà. Des gens comme Kapozzi qui faisait parti des Cops & Robbers dans les années 80, Kaï à la basse qui lui vient des fameux Terrifiks Frenchies (grand groupe marseillais !), Philippe ex Midi V auteur d'un tube pour midinette. Les autres viennent du Massilia. Il y a aussi Toko le grand MC du Oai Star (qu'on trouve aussi dans le Port de Boucan All Star) qui est venu un jour de Vitrolles, pour un atelier d'écriture de Rap avec Massilia. Le courant est tout de suite passé entre Toko, Tatou et Jali et très vite ils ont commencé à faire des trucs avec les Black Lions (dont Toko faisait partie à l'époque).

Tu es plutôt Rock (Oai Star) ou Reggae (Massilia sound System) ?

Lux : Mes premiers groupes dans les années 80 comme "Tante Gertrude II" étaient carrément rock, voire punk. J'étais fou des Clash, des Pistols, des Stranglers, Joy Division ... c'était l'époque "punk". Gari lui faisait de la basse avec un fou de Venus Bitch et d'Iggy Pop (comme nous), qui se lasserait ... nous on était mort de rire. On ne connaissait pas tellement le reggae. Mes premiers contacts je les ai eu en faisant de la radio (Galère). Dans mon émission (Exhibition ... émission au sien de laquelle Lux B a gagné le grand prix des jingles à Paris avec Jack Lang et tout !) venaient tous les mecs qui voulaient tchatcher ou chanter dans le micro, que ce soit rap rock punk funk, des trucs qui font danser. L'expérience Massilia nous a beaucoup apporté (et continue de le faire). On a non seulement vu comment tournait un groupe, quand on est sérieux et tranquille à la fois, mais on a surtout été frappé par la tolérance de Massilia. A l'époque tout était très sectaire. Si tu n'écoutais pas du punk ou que tu n'avais pas la dégaine, t'étais un con. Si l'autre avait le malheur d'avoir un Harrington, ca y est il était catalogué Skinhead. Pourtant on se retrouvait parfois tous ensemble à faire la fête à la Maison Hantée surtout. Super endroit où tout le monde pouvais venir (rap punk reggae ...). L'expérience Massilia c'est ça, ce n'est pas ta dégaine, ni la musique que tu fais qui est importante, c'est les gens que tu va faire danser, que tu vas faire bouléguer. C'est la chourmo (la bande) du minot jusqu'à vieux.
En plus c'est sûr que au niveau du public ça nous sert de dire qu'on est de Massilia. Ainsi les gens savent que le public va être cool même si la musique envoie le bois, même si ça distord et que ca spin. De tout façon on a jamais dit que Massilia c'était un groupe de reggae, c'est rock n' roll : ça envoie, ça jump. Tout le monde ensemble pas de jeunes, pas de vieux, pas de ghetto.

Comment trouve tu la scène musicale marseillaise ?

Lux : Bien ! elle est super bien ! Plein d'endroits, plein de groupes ! C'est incroyables en dix comment d'un coup pleins de groupes et plein d'endroits se sont développés (bien qu'ils subissent souvent la loi). On voit pleins de groupes là où on répète, des affiches partout. Il y a 10 ans il n'y avait que la Maison Hantée et le Coton Tige. A Marseille si t'es pas sectaire il y a toujours un truc : une fête, un DJ, un groupe de rock ... avant y avait rien ; t'allais à l'opéra ou dans les boites (ah le Campus!). Non ceux qui pensent que actuellement la scène marseillaise est morte ou dure, ce sont des pébrons.
Toko : Aujourd'hui tu peux jouer un peu partout, les programmateurs ne sont en général pas bloqués sur un truc. Tu as toujours le droit à une chance de pouvoir t'exprimer sur scène. En dehors des plateaux comme les festivals qui manquent sur Marseille où c'est plus dur, dans les café concert n'importe qui peut prendre un date. Et même autour de Marseille, dans toute la région PACA il y a pas mal de cafés musique. Donc il n'est pas trop difficile pour un groupe de faire un mini tournée. Tous les week end tu joues vars alpes, réseau ...
Lux : C'est vrai que ce que je ne comprends pas c'est qu'à Marseille on ait pas 20 festivals l'été ! C'est bien simple il n'y en a pas un seul. L'année dernière on a fait le festival jazz de Juan Les Pins ! Alors qu'en Bretagne, laisse tomber ! y'en a presque un tous les jours et avec 60000 personnes ! Les gens ici n'ont pas envie, c'est caguant

La presse écrite locale ?

Lux : Malheureusement à quelques exceptions près (comme la Marseillaise) on a trop souvent l'impression que les journalistes ne vont pas voir les concerts ou qu'ils n'écoutent les disques. Ce qu'il y a de bien c'est que maintenant on trouve tout un tas de fanzines un peu partout (Nouvelle Vague, Longueur d'Onde, feu Taktik, Ventilo, Fanz'Yo, ..). Sinon y a bien le Pavé, mais il est un peu trop intellectuel, pas assez fun. Ce qu'il faudrait c'est une sorte de mix entre le Pavé et l'Hebdo ... quoi que. C'est quoi au fait ton site ? faudra que j'aille y jeter un coup d'œil ..

Parle nous un peu concerts

Lux : Pour l'instant on a surtout joué à Marseille mais on commence à bouger. Le dernier concert qu'on a fait à Marseille c'était à la Machine à Coudre. J'adore Philippe qui, comme Yann à la Maison Hantée, a beaucoup fait pour la musique. D'abord avec le Coton Tige dans le Panier et là maintenant dans un quartier chaud comme la rue d'Aubagne, il continue avec Claire à faire des concerts sans vraiment bien gagner sa vie. En plus il s'est fait fermé pendant 2 mois ! C'est rare des mecs comme ça. Agréable il t'accueille bien, même si plein de fois il doit se prendre la tête avec des petits cons, il est toujours là. Malheureusement ça a tendance à mourir ces lieux là (Balthazar, Machine à coudre)... Regarde le Montana Blues, le Stairway to Heaven tous deux fermés car un gars ou deux n'avait pas sa carte d'adhérent. Je veux bien qu'il y ai des règles, mais il faut respecter un peu les gens qui font la fête ... Quand tu fermes un endroit comme ça tu le tues. Il y a aussi un truc que j'aime bien, ce sont les interventions de rue comme on en fait avec La Chourmo style sardinades, concours de pétanque, loto ... car on a beau dire tu vas rassembler tous les gens de ta communauté, le soir c'est plus trop un baletti ; c'est un concert ou une boite. L'autre fois il y avait un gamine, une chourmette, 7-8 ans qui s'endormait dans les bras de son père. C'est bien la journée de rencontrer d'autres personnes que tu vois pas habituellement.

L'expérience Johnny (dont il Massilia a fait la première partie au stade vélodrome l'année dernière)

Lux : Grandiose pour le stade !. Le contre-pied total. On s'est dit qu'on allait voir comment les gens réagiraient. Je pense qu'un groupe de pur reggae en anglais se serait pris des canettes, mais là tout le monde nous connaissait. Ca montre bien que tu n'es pas obligé d'aimer une musique pour t'amuser . Que ce soit une valse, un scottish, un pogo. il suffit d'être ensemble et de se dépenser. Alors à Johnny il y avait que des marseillais ! les gens ils nous connaissaient ... D'ailleurs ma plus grande gloire je l'ai eu le lendemain quand dans une des rues du Panier une vieille avec ses deux minots m'a dit "Aï c'est lui qui a chanté avec Johnny". Avec Massilia on chante pour tous les public, avec le Oai Star on veut ca aussi. Si tu as envie de danser tu danses.

Les Svinkels (qu'on écoute en ce moment)

Lux : On aime bien les Svinkels. On les a notamment croisé sur la Plaine lors de leur premier passage à Marseille. Après ils ont fait notre première partie au Bataclan. Ce groupe c'est l'antithèse du rap actuel. Ils sont anti cliché (Tachini, casquette, etc ...). Le rap actuel est vraiment trop triste. Je n'arrive quasiment plus à en écouter actuellement. Quand j'en écoute j'ai envie de leur dire "Calcule pas ! Amuse toi ! Fais danser les gens !" Il y a plein de gens qui gagne des millions et ils continuent à être triste. Le minot dans sa cité il les connaît ses problèmes, alors si tu les lui chante il va encore pleurer. Il peut être plus besoin qu'on lui montre comment faire la fête, comment être plus positif. Je suis bien d'accord avec Bob Marley qui disait bien que ce n'est pas parce qu'il chante la paix et la ganja que tout le monde fume ou qu'il y a la paix partout, mais il faut juste essayer de bien vivre dans son quartier. Il faut apprendre à faire la fête, la préparer tous ensemble comme le carnaval de Rio A part quelques rares groupes comme 113 qui arrivent à parler et à te faire réfléchir sur de trucs super graves tout en te faisant rire, j'ai de plus en plus de mal avec le rap... en plus le phrasé devient tellement rapide qu'on en comprend plus rien.

Chourmo, MicMac, Stop the Cono je m'embrouille avec tous ces logos sur les disques !

Lux : "Micmac" (Mouvement Innovant en Coordination de Moyens et d'Action Culturelle) ce sont ceux qui s'occupent du management et qui sont nos tourneurs ainsi qu'à Lo cor de la Plana, Jagdish, Nux Vomica, La Talvera, ... La "Chourmo" à la base c'est la structure qui se charge des déplacements. On a commencé à travers tout un tas de manifestations : sound system, concours de pétanque, loto (à la Maison Hantée) pour récolter de l'argent qui servait à payer une partie du déplacement pour que les mecs de l'asso puisse aller voir un concert de Massilia ou d'un autre groupe à l'autre bout de la France. En 95 on a fait un périple pour aller voir le Massilia à Rennes aux Trans, puis on est redescendu à Rome avec deux mini bus de chourmo et chourmettes. En fait c'est une grosse assoc' qui essaie de faire bouléguer avec des choses simples. N'importe qui peut mettre un grain de riz sur une numéro. On a aussi un fanzine le "Vé Qui Ya" pour montrer que n'importe qui est journaliste (Hum ! : j'en suis une des preuves vivantes) tout le monde peut raconter ce qu'il vit, ce qu'il aime. Le Vé Qui Ya est envoyé aux 1200 adhérents (à vie) à travers le monde tous les 3 mois environ. Enfin "Stop the Cono" c'est juste un message, un logo, un morceau pour répondre à ceux qui nous disent vous êtes anti facho vous êtes de gauche. ... gauche droite ... on est anti cono !

Pour finir des livres, BDs, disques, films qui vous ont marqué ?

Toko : Récemment j'ai acheté Toulouse en scène et j'aime beaucoup les 3 premiers groupes ... Rosetta jamais vu un film aussi glauque
Lux : En ce moment j'écoute beaucoup Zenzile - sound patrol, bon esprit. Côté bouquin je viens de finir Banjo de Claude McKay (sur des blacks américains à Marseille dans les années 20) super ! Bd ? Carrèse me fait rire c'est un grand chourmo ! Par contre je ne suis pas très salle de cinéma, je suis trop nerveux, il faut que j'aille fumer ... y a qu'en Inde où j'ai réussi, là bas tu peux te lever, manger, boire, applaudir, participer ... c'est le Oai quoi !

Et après près de deux heures ils nous ont laissé partir sans oublier de nous refourguer quelques tracts annonçant la soirée DJ de la version mix du Oai Star avec Gari et Lux B aux platines au Two Up Café tenu par Kaï le bassiste du Oai Star.

Contacts :
MICMAC 15 rue Jean Roque, 13001 Marseille, tel 04.91.55.00.07 fax : 04.91.55.00.31 amicmac@wanadoo.fr
Massilia Chourmo même adresse, massilia.choumo@wanadoo.fr

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