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Chronique de Concert

Nine Inch Nails (+ Alec Empire)

Nine Inch Nails (+ Alec Empire) en concert

Les Arènes, Nimes 29 juillet 2009

Critique écrite le par


3 semaines à peine après Metallica, retour à Nîmes pour un autre concert qu'on espère d'anthologie. Les Nine Inch Nails, ou plutôt "le" NIИ (qui n'a sauf erreur plus aucune pièce d'origine autour de lui), qui donne ce soir un concert qui fait partie de sa tournée d'adieu. Avec à peu près vingt ans d'existence, dieu sait l'héritage immense en disques que laissera le vrai-faux groupe de Trent Reznor, que la plupart de ses fans ont eu le temps de déjà voir en concert et à de meilleurs époques : celui-ci n'est donc que du bonus, une dernière petite communion païenne entre gens bien élevés.


Petite parce que même avant d'entrer dans les Arènes, il paraît évident qu'il y a moitié moins de monde que pour les Four Horsemen. On prend donc le temps de se restaurer et de boire quelques coups avant d'y pénétrer. A l'intérieur également, configuration en amphithéatre (une seule moitié du cirque donc), des gradins pas tout à fait pleins et une fosse où l'on se promènera tranquillement tout le concert. Le père Alec Empire est déjà en train de produire sa tambouille favorite, un mélange de sons metal et de drums techno/jungle/big beat sur lequel il hurle dans un micro saturé, pendant que sa jolie copine mystérieuse farfouille dans les machines.


Qu'en dire d'autre ? Il ressemble toujours à Daniel Day Lewis, il est toujours aussi énervé, fait toujours le même chose et c'est toujours aussi épuisant après 10 minutes, à moins d'avoir pris une substance amphétaminique quelconque et d'être déjà à moitié sourd comme il doit l'être... Et que pour lever toute ambiguïté à ce sujet, l'ayant déjà vu en 2002, on peut affirmer que le son est réglé comme ça exprès ! Autant dire que le morceau le plus violent des NIИ restera un élixir à nos oreilles en comparaison que ce bloc massif de saturation et d'écho, une sorte d'impasse musicale dont le producteur teuton fou ne semble pas pouvoir, ou vouloir sortir... Bref un petit quart d'heure en sa compagnie, achevé sur Revolution Action d'Atari Teenage Riot, sera bien suffisant.


Quelques minutes d'attente et quelques bières plus tard, le temps que le jour tombe un peu, et la scène se prépare à accueillir les Clous de Neuf Pouces, qui ne sont plus que 4 sur cette tournée. Seule tête connue à part le cerveau du groupe, le guitariste "historique" et souvent remplacé Robin Finck, toujours avec sa coupe de cheveux atroce, à n'en pas douter inspirée par celle du Kurgan de Highlander (dont il a en outre un peu le même visage gracieux). Du point de vue mise en scène, ce sera minimaliste, et tout au long du concert : alternance stroboscope / nuit ou pénombre sur scène, le tout noyé dans d'épaisses vagues de fumées. Et heureusement, de temps en temps des nappes de lumière jaunes plus chaleureuses pour se reposer un peu les yeux.


En tout cas le frontman a l'air en forme, propre sur lui, bien coiffé et toujours baraqué comme un tonneau (c'est étrange de se rappeler qu'en 2000 quand on l'a vu pour la première fois, il était couvert de boue, hirsute et plutôt maigrichon ; en gros à peu près comme sur cette pochette ci-dessus..). Il a doublé de volume depuis ! On reste tout de même nostalgique de l'époque où lui et le groupe qui l'entourait inspiraient ... la peur.


Ils commencent par une intro calme, où l'on se souvient qu'on connait mal les titres du groupe (puisque sa musique ne se conçoit que par albums, sinon par doubles albums !), suivi de (je crois) 1,000,000 issue du peu marquant The Slip (au fait, je lance un appel, on a un NIИ de retard à chroniquer, si ça branche un lecteur ?), tout comme la plus sympa et plus virulente encore Letting you, où Trent Reznor se jette avec gourmandise sur le clavier...


Et puis d'un coup le concert décolle pour de bon, comme on pouvait s'y attendre grâce à des titres plus classiques : un enchaînement ébouriffant de l'électro Sin, d'une March of the Pigs toujours aussi jouissive, démembrée et furax, et d'un Piggy, hip hop en plomb de bon aloi puis fin thrash, et à nouveau un titre de pop indus récent moins excitant - le concert alternera (hélas) tout du long des passages formidables, et d'autres presque à vide, par exemple sur With Teeth...


Le groupe jouera avec insistance des titres de l'album The Slip, ce qui est compréhensible mais un peu agaçant au vu de la durée finale du concert et de l'idée qu'on les voyait ce soir-là, enfin jusqu'à nouvel ordre, pour la dernière fois ! On a en tout cas redécouvert la virulence de Burn ("This world rejects me !") issue de la BOF de Tueurs Nés, et éructé de plaisir sur l'extraordinaire Happiness in Slavery qui a littéralement déchaîné le public (jusqu'à ce qu'on se rappelle de son clip atrocement pénible à regarder, non, restez-là, je vous assure, vous allez mal digérer !).


Et puis l'incursion dans The Fragile, elle, a été tout à fait réussie : The Frail/The Wretched, superbes, enchaînées avec un magistral I do not want this ! Confiants, on s'est alors dit que Starfuckers viendrait plus tard et puis, hélas, non. Mais on s'est pris un hystérique Wish en pleine face à la place... qui renvoie plein de souvenirs de l'heureuse époque étudiante où l'on écoutait le Broken de Nine Inch Nails sans comprendre leur potentiel, les prenant simplement pour une bande de punks tarés samplant Kraftwerk... Ne ricanez pas trop les kids, c'était avant Internet.


Plus loin, on a également vibré sur Survivalism (une tuerie) où le frontman a changé pour un t-shirt noir, ayant sans doute fini de tremper le précédent, et enchaîné sur (arghh, trop bon !!) Mr Self Destruct, après quoi il a présenté ses nouveaux et anciens musiciens, ce qui fut vite fait, avant d'enchaîner sur un Echoplex par contre dispensable. Je ne suis pas tout à fait certain que TR était sincère (c'est un euphémisme) en nous qualifiant de "best fucking audience of the tour", ce qui sonnait un peu scolaire... (en fait, après enquête sur sa page twitter, c'est un running-gag qu'il poste après chaque concert, désolé pour ceux qui y auraient cru !)

... Mais j'ai aimé le disco déjanté de The Hands that Feeds qui a transformé la fosse de l'arène en dance floor décadent (grâce à la présence de quelques jolis spécimens gothiques montés sur platform shoes), idéalement enchaîné avec la génialissime et étonnamment moderne Head like a Hole (puisqu'elle est maintenant plutôt ancienne, 20 ans, eh oui !) , carrément du même style et sans une ride, un pur moment de rock'n'roll...


C'est à peu près là que tout a basculé : le groupe est sorti de scène (après une durée normale et pas indigne, genre 1 h 35 ou 40), et est certes revenu nous donner un magnifique Hurt... Mais rien de plus, emballé c'est pesé, ils sont sortis pratiquement sans qu'on ait le temps de s'en rendre compte ! Assez grosse déception qu'on a mis quelques minutes et une grande bière à digérer. Où étaient Starfuckers, Closer, Ruiner, Eraser, Capitol G, God given, les titres en spirales, les titres fragiles, les cassés et les réparés, les 36 fantômes, le terrible mensonge, le jour où le monde entier a disparu, etc, etc ? Bon évidemment j'imagine qu'un fan de Johnny qui connaît tout par coeur, à la fin d'un concert, doit aussi être atrocement frustré...


Mais quand même, pour une tournée d'adieu on aurait pu espérer avoir au moins 2 heures de concert (l'idole des jeunes les tient bien, lui !). Ont-ils trouvé que les arènes sonnaient creux ? Ce n'était certes pas l'audience la plus déchaînée que j'y aie vu (cf pour cela les à ce jour indépassés disciples reznoriens de Rammstein, qui avaient déclénché une pure folie dans ces lieux). Bon, cela étant, même un concert "mineur" de Nine Inch Nails, c'est-à-dire avec une playlist seulement aux deux tiers enthousiasmante, un peu scolaire et trop court, ça reste plus enviable et jouissif que Marilyn Manson au meilleur de sa forme !


Quant à Trent Reznor, on sait bien qu'on le retrouvera sûrement bientôt sur d'autres projets comme producteur, sparring partner ou autre : sa collaboration avec Saul Williams est par exemple ce qu'il a fait de plus inspiré sur les 5 dernières années. Et puis apparemment il n'a parlé d'arrêter que "pour un moment", bonne idée : à force de sortir 10 chansons par mois, il risquait dangereusement de s'épuiser, tout comme sur scène où il ne m'a pas paru totalement libéré. Quoi qu'il en soit, pas de regret, si jamais il s'avère que c'était vraiment le dernier concert du NIИ, le meilleur non-groupe du monde (ex-aequo avec QOTSA bien sûr), il fallait bien y être pas vrai ?

Illustrations par Philippe, photos peut-être à venir !

PS 1 : "Festival de Nîmes" ? Ha, ha, HA !
PS 2 : Vidéos souvenir du concert, par ici !
PS 3 : la plus bouleversante version de Hurt que je connaisse... juste au cas où elle vous aurait échappé.
PS 4 (record battu) : j'ai la flemme de les changer mais il y a Plus de photos par Pirlouiiiit en cliquant ici et elles sont bien mieux que les miennes !

> Réponse le 30 juillet 2009, par Arnaud D.

Bonsoir, Rien à redire sur votre chronique A moins de gros problèmes ORL dont je ne me serais pas aperçu avant le concert, Happiness in Slavery n'a pas été jouée, ça aurait constitué à coup sûr une belle surprise dans la setlist par rapport aux habitudes de Trent lors des trois dernières tournées...wishful thinking de fan ? En ce qui concerne la durée : j'aurais personnellement signé pour 3h, les cordes vocales de Reznor probablement pas, mais nous étions tout de même à quasiment 2H (24 chansons), soit un set un peu au-delà des pratiques des grosses pointures US (sauf exception...) Par ailleurs et sans transition aucune, je tenais à vous remercier pour vos chroniques (disques / live) sans dogmatisme et avec un humour bienvenu.   Réagir

> Réponse le 30 juillet 2009, par Philippe

Whaoh, merci m'sieu ça fait plaisir ! par contre je suis très perplexe, c'était quoi cette chanson alors ? C'est vrai qu'en réécoutant HiS j'ai un doute... Une idée quelqu'un ?   Réagir

> Réponse le 30 juillet 2009, par Arnaud D

La set-list telle que postée sur le site "référence" (echoing the sound): vous y retrouverez peut-être la chanson mystère ? 01 home / 02 1 000 000 / 03 letting you / 04 sin / 05 march of the pigs / 06 piggy (nothing can't stop me now) / 07 metal / 08 the line begins to blur / 09 head down / 10 burn / 11 gave up (NdPh : C'EST CA, shame on me !) / 12 la mer / 13 the frail / 14 the wretched / 15 non entity / 16 i do not want this / 17 the downward spiral / 18 wish 19 survivalism / 20 mr self destruct / 21 echoplex / 22 the hand that feeds / 23 head like a hole // 24 hurt en revoyant ça j'ai encore des frissons en repensant à a version ultra violente de I do not want this... @+  Réagir

> Réponse le 31 juillet 2009, par NIN-on

alors avec un qui reconnaît pas les zicos et l'autre qui confond les chansons, ils sont beaux chez concertandco ! ;-) just kidding, joli travail messieurs ! renseignement pris sur echoingthesound, la plupart des dates de la tournée se finissent bien sur : the hand that feeds / head like a hole / Hurt... Pas d'arnaque à Nîmes donc (hélas) !  Réagir


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