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Chronique de Concert

Festival Sonisphère, Jour 1 : Airbourne

Festival Sonisphère, Jour 1 : Airbourne en concert

Wil/Jonschwil, Suisse 17 juin 2010

Critique écrite le par

Quand des amis nous ont parlé, à l'hiver dernier, d'un potentiellement mythique festival de thrash metal et autres hard rocks qui se tiendrait six mois plus tard en Suisse allemande, avec Metallica en tête d'affiche, on a à peine tiqué. Après avoir assisté à leur émouvant retour en France à Arras en 2008, puis à une grand-messe païenne aux Arènes de Nîmes en 2009, on se sentait prêt à ne plus revoir les Four Horsemen, notre groupe favori dans sa catégorie, pendant au moins quelques années... Surtout à une destination cette fois-ci proprement déraisonnable : aux environs de Zurich.


Problème, le reste de l'affiche ! Car pour la première fois dans les presque trente ans de l'histoire du thrash, les mythiques Big Four dont deux jamais vus, devaient partager la même scène, le même jour : Metallica, Slayer, Megadeth et Anthrax... Holy shit ! En tant que chroniqueur ayant un minimum le sens de l'histoire musicale, ça commençait à titiller grave. Quand on a su qu'il y avait en plus dans l'après-midi, à titre d'apéritif, ce bon vieux et gracieux Lemmy Kilmister (pas revu depuis Istres en 2007), on était déja prêt à bondir.


Pire, l'affiche initale comportait également, entre autres douceurs, Mastodon (annulé depuis) et Heaven & Hell, chance unique de voir Ronnie James Dio (R.I.P.) et Tony Iommi (annulé aussi, mais pour cause de départ définitif du regretté petit bonhomme). Elle s'est aussi enrichie d'Alice in Chains, quand même, et même des affreux jojos d'Airbourne en warm-up le premier soir. Après avoir envisagé plusieurs fois d'aller au HellFest de Clisson, ce Sonisphere Festival (a priori une pompe à fric internationale concurrente de Live Nation) offrait finalement une date proprement in-ra-ta-ble parmi les 5 seules où les Big Four allaient se produire ensemble, aux 4 coins de l'Europe.


Et tant pis si notre culture de metal restait très limitée comparée à celle d'un puriste : on ferait avec les moyens du bord, quitte à inventer autant de titres approximatifs qu'il le faudrait... Car quelques révisions désinvoltes sur best-of de ces groupes mythiques ne nous suffiront pas à faire croire à nos lecteurs les plus chevelus qu'on y connait vraiment quelque chose. Bref après divers déboires de transport commencés dès la veille, on a fini par arriver en deux bandes successives et motivées sur le site de Wil/Jonschwil, prêts s'il le fallait à passer 48 heures d'enfer en Helvétie profonde.


Day One : Welcome to Hell...

Et ce fut en effet l'enfer : il s'est avéré rapidement que ces vertes bourgades allaient servir, pendant 48 heures, de pot de chambre aux nuages de la Suisse entière. Le tout couplé à une organisation et un fléchage proprement inexistants aux abords du Festival Sonisphère. On a commencé par un montage de tente chaotique, sous une pluie battante (la nôtre et celles de nos amis arrivant plus tard), en camping sauvage au bout d'un champ déjà largement squatté : aucune indication sur le site depuis le "Parking Camper" pour se rendre au camping officiel, fallait le faire ! Qu'on ne vienne plus nous parler de rigueur suisse.


Et au final, heureusement : ce camping officiel, découvert ensuite, a été inexplicablement placé à l'entrée du site, et devait donc être traversé par l'ensemble du public. Le chemin central rapidement bousillé et enbourbé, les gens se sont mis à zigzaguer entre les tentes : au final, l'ensemble de ce camping s'est littéralement transformé en une mer de boue sur laquelle flottaient [dans laquelle s'enfonçaient] des tentes trempées jusqu'aux arceaux : Glastonbury recréé en Suisse ! (photo prise le lendemain). Les malheureux campeurs ont du y vivre, au sens propre, dans la merde pendant toute la durée du Festival, quand nous n'avons vécu que sous l'eau, et sur quelque chose qui ressemblait encore à de l'herbe...


Pour notre part, proprement trempés jusqu'aux os, on a encore du galérer pour indiquer (en l'absence de repères) à nos amis comment arriver en cinquante coups de fils environ, les chercher un bon moment, tomber sur eux presque par hasard, les accompagner aux tentes avec leurs affaires déjà bien humidifiées. Et enfin pouvoir se rendre sur site, où un grand sketch a commencé dans le champ de boue de l'accès principal, pour trouver enfin comment obtenir le bracelet d'accès auprès de ces abrutis d'organisateurs.


Un pacte de non-agression ayant été scellé dès le départ ("personne ne commence à râler sinon on va s'entretuer..."), on a heureusement réussi à maintenir à grands coups de bières tièdes et de clopes humides, une ambiance assez joviale pendant ces 5 heures de galère totale et absolue. Finalement, débarquer trempés et déjà boueux dans le Degenau Park à minuit passé, pour le concert déjà entamé d'Airbourne, était presque inespéré. Quelques milliers de motivés nous y avaient précédé, peut-être pour se moquer - comme nous aurions aimé pouvoir le faire - des très datés Overkill en apéritif.


Quoi qu'il en soit, l'attitude totalement rock'n'roll des "Air Burnes", clones australiens d'AC/DC (avec un vague relent de Motörhead), l'abattage du néanderthalien chanteur et de sa belle Gibson Explorer blanche, ont alors tôt fait de nous remettre d'aplomb : leurs titres parfaitements débiles comme Blonde Bad & Beautiful, Raise the Flag ou No way but the Hard Way, s'avèrent très plaisants à suivre en live ! Airbourne cumule en effet tous les clichés possibles et imaginables : logo grandiloquent, mur d'amplis factices, guitares jouées en balancier synchronisé à trois avec agitation des cheveux, soli de batterie finis debout avec une baguette dressée vers le ciel...


Et évidemment, cet affreux chanteur hurlant comme un beau diable en se tapant une boite de bière sur la tête jusqu'à ce qu'elle éclate... Par contre ledit chanteur nous a impressionné en grimpant au sommet de la structure de la scène (10 à 15 mètres de haut, à vue de nez), guitare en bandoulière, pour y plaquer un solo en altitude, et sans baudrier ! De quoi être presque réchauffés, d'autant qu'en faisant un peu attention il était encore presque possible d'avoir les pieds posés sur quelque chose de solide (ou au moins, de consistant) sur le site. Une bonne heure de heavy boogie roboratif nous a en tout cas remis d'aplomb !


Fin de soirée presque agréable donc, arrosée de bière enfin fraîche et servie dans des magnifiques godets collectors du festival. On a en outre découvert une grande tente (donc, un vrai toit et un vrai plancher, deux denrées précieuses à un point inimaginable sur ce site infernal !) qui faisait boîte de nuit. Et autant dire, la boîte de nuit dont tout metalleux/se rêve depuis son enfance, avec un DJ certifié metalhead aux platines : hommage à Ronnie James Dio, extraits de Rammstein live à Nimes, tubes de Megadeth, Motörhead, RATM, SOAD, etc. etc., en clip ou en disque, plus des saloperies suisses du style, toutes hurlés en karaoke par cinq cent personnes déchaînées, avec buvette à proximité : que du bonheur.


Notre dernier carré est donc rentré beaucoup plus tard, sous une pluie faiblissante et proprement torché, en ricanant et en titubant dans les flaques de boue, se coucher dans une tente déjà sale et mouillée, dans l'attente de la vraie journée du festival. Note pour plus tard et pour les lecteurs : ne jamais faire de double noeud à vos lacets quand vous partez marcher dans la merde... si vous ne voulez pas passer dix minutes à suer avec les mains dedans, le coeur au bord des lèvres, à la fin de la journée.

La suite (plus musicale) par ici !

> Réponse le 23 juin 2010, par Bob

Hey Philippe, la prochaine fois pour pas te mouiller reste à Marseille, Airbourne est passé 3 jours après au Cabaret Aléatoire ! Bon c'est sur, la chronique aurait été moins drôle...  Réagir


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