Chronique de Concert
Nick Cave & The Bad Seeds ( + The Lurid Yellow Mist)
En première partie, un trio country-blues un peu maniéré mais plutôt sympa dans son genre, The Lurid Yellow Mist. Plus sympa en tout cas que le type grossier qui criait "merci, au revoir !" entre chaque chanson et à qui on aurait volontiers arraché un testicule. Bref, ça ressemblait un peu à Blanche, avec en outre une jolie voix à la Burt Bacharach (on y a pensé à cause de la musique). Sur les 25 minutes entendues, pas d'ennui même si on entendait assez mal la guitare électrique - dans l'ensemble et grâce à cette voix suave, c'était assez frais, voire plaisant. La salle se remplit, mais pas complètement on dirait... Les gens de cette ville n'ont donc vraiment pas de goût en rock, maintenant c'est sûr, exception faite (bien sûr) de ceux qui sont allés au raout mensuel de Relax'n'Co, ou à l'Embob', ou encore écouter Rona Hartner... bon d'accord, il y avait plein de choses ce soir-là !
Bref, après la mise en place de ses 6 mauvaises graines (dont 2 batteries et un percussionniste - ça va cogner!), Nick Cave arrive rapidement sous une belle ovation, moustache et cheveux longs gardés depuis la passionnante expérience de Grinderman. Il attaque d'ailleurs avec la chanson qui en porte le plus la patte sur l'album Dig !!! Lazarus, Dig !!! : welcome into the Night of the Lotus Eaters. Ou comment poser une belle ambiance d'entrée avec des bruits terrifiants... avec en appui Today's Lesson qui redonne temporairement une coloration plus pop-rock (on remarque que même en chantant parfois faux, ce type arrive à sonner toujours ... juste). Ambiance ensanglantée ensuite avec la gothissime Red Right Hand, une de nos all time favourites, sur fond rouge sang et avec pétages de plombs à la fin - ça commence vraiment très fort !
Puis le héros prend sa guitare pour Dig, Lazarus Dig - on remarque que son très chevelu et barbu guitariste Warren Ellis (mi-Seb Tellier, mi-Paulo Furtado), joue les riffs et soli sur... un violon ! D'ailleurs le reste du temps il jouera sur d'amusantes guitares miniatures (ukulele electriques ?). Tempêtes, tonnerre, retour d'une basse aqueuse et lancinante... voici la furieuse Tupelo, arghh ! En comparaison Midnight man et ses orgues sont tout de même moins prenants, tout comme la balade qui suit - c'est le moment de s'échapper au bar, étape qu'on a séchée depuis le début pour ne pas tout rater (on sait par expérience qu'on y attend vite 10 à 15 minutes dans cette salle).
We call upon the Author to explain a un côté blues sale et parlé qui, là encore rappelle le disque au singe vert - on l'aime, surtout avec son pont crado au milieu... et on danse en rythme ! A l'occasion d'un petit raté de départ, Nick Cave présente sans façon ses musiciens tous plus mythiques les uns que les autres, comme si c'était des marchands de cravate anonymes, avant d'enchaîner sur la plus dansante encore Lie down here and be my girl - typiquement ce genre de phrase qui marche peut-être pour les rock stars, hélas pas trop pour les mecs comme moi... Et vous ? Jesus of the Moon a beau être dans la tendance balade crooner dans laquelle Nickie nous intéresse souvent moins... comme Warren la bête velue est a la clarinette, ça sonne plutôt très beau, belle redécouverte en direct donc !
Suite avec une vraie vieille dame, Deanna, certes quelques heures de vol mais aussi de beaux restes - certaines de nos amies deviennent hystériques devant nous (on apprendra plus tard qu'elles étaient pratiquement en train de se battre avec une blonde qui leur pompait l'air). Puis une chanson que je prends pour Baby I'm on fire, alors que, non (et je ne sais pas ce que c'était, juste qu'il y avait un gong et que c'était plutôt furibard...) Pas plus d'ailleurs ne retrouvè-je le titre de la suivante, avec des échanges de wow wow (faites-en des chroniques vous aussi !)... La série se conclut avec la plutôt faible More news from Nowhere, et un premier départ après à peine 1 heure 15 - mal parti pour les 2 h 15 annoncées par la rumeur !
Les divers et courts rappels, où le grand mince au regard fou revient avec un T-shirt à l'effigie de sa ville, seront composés de pas mal de choses pas trop identifiées : un blues où il fait reprendre Oh Mama au public, dans un sketch plutôt marrant, une à la guitare parlant d'un homme qui pleure (mourning man ?), et la très lancinante, crade et donc plutôt formidable Hard on for Love (dont j'avais oublié l'existence). Très joli passage ensuite, la balade Into my Arms avec Nick Cave seul au piano. Et en dernier rappel à la demande d'un public chaud bouillant, un blues non identifié, à la fin très noisy et chouette (Stagger Lee bien sûr, merci Sami !)... mais hélas c'est déjà terminé, en un peu moins de deux heures. Manquait donc le dernier rappel qui nous eut envoyé au paradis, avec au moins une chanson mythique en plus...
Car même si le bonhomme était plutôt sympathique, on reste quand même salement frustré de nos Wild Roses - son ami et compère de toujours Mick Harvey qui imite si bien Gainsbourg, choristes sexy à l'appui, sur ses albums solos, ne connaît-il donc aucune nymphette corback qui aurait pu prêter sa voix pour ce duo mythique ? Pas plus qu'on aura entendu The Carny, pour nous et comme on dit par ici, à jamais la première, ni la mythique The Mercy Seat magnifiée par Johnny Cash... ou encore les insupportables et drôles 12 minutes de Baby I'm on fire dont rêvait certaine psychopathe qui vit avec nous.
Mais bon, il faut bien grandir un peu : comment pourrait-il résumer 25 ans de carrière (et de notre vie) en deux heures ? Trois jours après, l'impression est donc agréable mais pas délirante sur ce concert par ailleurs très (trop) propre et très (trop) carré, aisément transposable à Dusseldorf ou à Firenze en changeant un mot... Alors pour conclure, même si tout le show n'a pas tenu le rythme de son entrée sur les chapeaux de roue, on a tout de même barré un nom sur notre liste "à voir avant de mourir", d'autant qu'on on se réjouit de revoir le grand escogriffe et son pote barbu dans Grinderman, le Rémouleur, annoncé live aux Eurockéennes... Chérie, ça va couper.
Slideshow & Photos : Emmy Etié
(Photos prises lors du 1er morceau.
Notre photographe a perdu le pare-soleil de son appareil photo lors du concert, si jamais une âme charitable tombe dessus...).
Critique écrite le 28 avril 2008 par Philippe
Envoyer un message à Philippe
Voir toutes les critiques de concerts rédigées par Philippe
> Réponse le 28 avril 2008, par Vero
2 barils de bière de 40 litres, soit 80 litres, liquidés par Nick Cave et ses Bad seeds. Mais même bourrés, Nick Cave, charismatique et magnifique, Warren Ellis, mi debout, couché, et les autres, nous ont offert un concert explosif! Nick cave, plus sexy que jamais, dansant comme un shaman, a décidé de virer son piano a queue et les merveilleuses balades qu'il a faites pour nous offrir un spectacle de folie. Tous ces quinquagénaires, se sont éclatés sur scène, nous entraînant avec eux sur des morceaux magiques. Bref, un concert sublime et magnifique. Réagir
> Réponse le 28 avril 2008, par Inbadreams
Malgré l'acoustique déplorable du lieu, Nick Cave et les Bad Seeds ont sacrément chamboulé le public. Acquis, voire exclusif, celui-ci est même allé jusqu'à provoquer deux rappels, chose que je n'ai vécue que très rarement dans cette ville. Il faut dire que, loin de se contenter de laisser agir le charme de ses chansons, les hommes ont mouillé la chemise et ont fait montre d'une appétence peu commune. Le nouvel album a été plus qu'honoré, ce qui a eu pour effet de rendre la foule hystérique ("Dig! Lazarus Dig!" est excellent). De grosses impasses sur les vieux albums, mais l'humeur était au gros son et à l'efficacité à deux exceptions notables, aussi tout le monde est reparti conquis. Ah oui, il y avait une première partie, lamentable, j'irais même jusqu'à dire pitoyable. Quand les... La suite | Réagir
> Réponse le 29 avril 2008, par Sami
Evidement dantesque, pas grand chose à ajouter à la chronique de Philippe si ce n'est qu'on aurait bien aimé que son répertoire piano/voix soit un peu plus représenté, parce que "Into my arms", les bras m'en tombaient tellement c'était beau, du coup le final avec "Stagger Lee" était bien abrupt. Quand à The Lurid Yellow Mist on retiendra surtout leur belle reprise dépouillée du "Diamonds, Furcoat, Champagne" de Suicide, le reste était assez anecdotique. Réagir
> Réponse le 29 avril 2008, par Vero
Autre chose. Le dernier album a été interprété en totalité. Mais que dire des choix concernant les autres chansons? j'en étais ravie. Bien qu'ayant apprécié l'album "no more shall we part", il ne faisait pas parti de l'univers proposé par Cave et ses amis. Par contre, l'album "The funerail, my trial"(mon préféré), n'a pas été oublié. en chantant "Hard for love", son choix a été clair.L'époque punk était là. Fini le serieux.Nick cave a 51 ans et n'a plus rien a perdre, ni a prouver. Ce soir là, à Marseille, il nous a fait comprendre qu'après tout, rien n'est grave dans la vie.Diana est toujours chanté:Normal. Nick cave s'en ait fait une promesse personnelle en hommage à cette fille, qu'il a tant aimé...Seul "the mercy seat" manquait à l'appel. Mais Nick cave, avait tant donné et était... La suite | Réagir
> Réponse le 29 avril 2008, par mos_taky69
Moi j'étais à Rona et je me suis régalé...bon, il a joué red right hand et stagger lee...puissant ça...fait chier d'avoir raté ça...mais ont ils joués do you love me, the loom of the land, et d'autres anciennes ???...dites moi que non, je me sentirai mieux! NdPh : euuh non, je crois qu'en s'y mettant à autant, on a fait le tour de la set-list. Et cette chronique de Rona, elle est où alors ? ;-) Réagir
> Réponse le 30 avril 2008, par Vero
Heu... Deanna, don't leave you henry, into my arms, song ship....et....Tupelo! et surtout : Your funerail my trial, et Hard on for love ! Je n'en revenais pas du choix porté sur les anciennes! Surtout "Hard on for love!". Nick Cave a donc décidé de renouer avec la belle époque! A mon avis, il manquait les 2 incontournables pour un tel concert: The carny et The mercy seat. Voila, tu n'as raté "rien que ca..." Réagir
> Réponse le 01 mai 2008, par stef
[Docks des Suds - 26 Avril 2008] Double première pour moi ce soir là: J'ai découvert le docks des Suds, que je trouve super joli pour une salle de concert ! j'ai surtout découvert nick Cave et ses bads seeds et franchement ça décoiffe. Quelle énergie, quelle voix, quelle folie sur scène! J'y suis allé sans connaitre, même pas une chanson, et je n'ai pas vu le temps passer !!! J'aurai effectivement comme certains bien apprécié un petit rappel de plus... Je me suis empressé d'aller acheter l'album dès le lundi ! Réagir
> Réponse le 02 mai 2008, par Annie
[Dock des Suds - Marseille - 26 avril 2008] j'ai raté ce concert mais pour ceux qui peuvent : ne pas rater le concert de Nick Cave and the Bad Seeds à Paris le 9 juin à l'Olympia car l'invité sera ED KUEPPER (fondateur et unique guitariste des Saints !!) qui se produira en duo avec son fantastique batteur Jeffrey Wegener (ex-Laughing Clowns)... pour en savoir plus vous trouverez une interview enregistrée au téléphone avec ED KUEPPER à Brisbane avec quelques versions inédites dans le commerce encore pour vous donner une idée du... SON !!! Le podcast est sur MELTINGPOD : https://meltingpod.free.fr/?p=169 Réagir
Nick Cave & The Bad Seeds : les dernières chroniques concerts
Nick Cave And The Bad Seeds par lol
Accor Arena, Paris, le 17/11/2024
Une fois n'est pas coutume, le bilan de ce concert parisien de Nick Cave And The Bad Seeds est malheureusement un peu contrasté. Bien sûr, le charisme, le magnétisme, la voix et... La suite
Nick Cave And The Bad Seeds, The Limiñanas, DIIV, Aldous Harding, James Blake, Squid, Gwendoline, London Grammar (Rock en Seine 2022) par Pierre Andrieu
Parc de Saint-Cloud, Paris, le 26/08/2022
Après une éprouvante première soirée (trop de monde, rien qui marche) sauvée par le concert des Arctic Monkeys, la tête d'affiche du festival Rock en Seine 2022 (pour nous !),... La suite
(mon) Rock en Seine 2022 : DIIV, The Initiativ, The Limiñanas, Klangstof, Kraftwerk, Nick Cave and the Bad Seeds par Philippe
Parc de Saint-Cloud, Saint-Cloud, le 26/08/2022
Pas revenus depuis 2018 au joli Parc de Saint-Cloud, pour ce bon vieux Rock en Seine (la vie, le COVID, tout ça...), on remet les pieds avec plaisir dans ce festival, marquant... La suite
Nick Cave & The Bad Seeds (Rock en Seine 2022) par lol
Parc de Saint-Cloud, le 26/08/2022
26 août 2022, 22h30, festival Rock en Seine, aux abords de la grande scène, l'impatience et l'effervescence sont palpables, alors que l'entrée en scène de Nick Cave et de ses... La suite
Dock des Suds - Marseille : les dernières chroniques concerts
Suonno d'Ajere + Dafné Kritharas + Ana Lua Caiano + Sanam + Poil Ueda + Oriane Lacaille + Poundo (Babel Music XP) par Sami
Dock des suds, Marseille, le 28/03/2024
Après le succès de l'édition précédente, on est content de revenir au dock des suds (pas pu aller aux showcase au cabaret aléatoire l'après midi) pour un premier soir à la... La suite
Bedouin Burger + Haratago + The Nagash Ensemble Of Armenia + Cindy Pooch + Louise Jallu (Babel Music XP) par Sami
Dock des suds, Marseille, le 30/03/2024
Dernier soir au dock des suds avec une programmation élargie avec des dj sets jusque tard dans la nuit, et dès 20h pas mal de très bonnes choses à découvrir.Bedouin Burger - Scène... La suite
Esinam Dogbatse et Sibusile Xaba + Belugueta + Kurdophone + Aurus + Batsükh Dorj + Feràmia + Les ombres de la bête (Babel Music XP) par Sami
Dock des suds, Marseille, le 29/03/2024
Pour ce vendredi l'éclectisme est toujours de mise et le dépaysement qui va avec, avec néanmoins une pointe de frustration de pas avoir eu le temps d'aller aux showcases de la... La suite
Aysay, Al-Qasar, Meral Polat Trio, Rhabdomantic Orchestra (Babel Music XP) par Sami
Dock des suds, Marseille, le 25/03/2023
Après deux soirées pleines de bons concerts, ce dernier soir recèle de belles découvertes, encore une fois très variées.
Ca commence tranquillement dans la scène cabaret qui... La suite