Chronique de Concert
Jazz des Cinq Continents 1/5 : Al Jarreau Sextet + Esperanza Spalding Quartet
Que ne ferions-nous pas pour nos lecteurs ? Ce festival a bien failli ne pas être couvert par ConcertandCo. J'ai passé le début du set de Esperanza Spalding à correspondre essèmessement avec Pirlouiiiit, "oublié" comme photographe accrédité dans un premier temps alors qu'il est un des quatre "regards" de l'expo de l'Alcazar dans le cadre de ce même festival et que nous sommes un des rares média à couvrir Jazz des Cinq Continents régulièrement depuis le début de l'asso (17 chroniques sur les 5 dernières années). Confronté dans un second temps à un dilemme (objet de nos sms) : signer ou non une charte aux conditions draconiennes. Fin de (mon) coup de gueule. Je pense que le principal intéressé va en rajouter une louche ci-dessous...
Esperanza Spalding Quartet a donc commencé depuis une vingtaine de minutes. Une contrebassiste qui chante/scatte et ce n'est pas si fréquent ; elle est jolie et talentueuse. Elle sait tout ça et affiche une déconcertante décontraction sur son premier titre en solo où elle exhibe l'étendue de sa palette.
Lorsque ses trois musiciens la rejoignent, c'est pour enrober son savoir-faire.
La dernière note vocale de She Got To You me donne des frissons mais ça sonne trop souvent latino pour moi avec des titres qui fleurent le Brésil (très présents sur ses albums Junjo et Esperanza).
Ceux qui aiment le scat sont comblés. Elle a l'art de donner l'impression de le pratiquer en permanence même lorsqu'elle chante en anglais ou en portugais.
On peut lui reprocher un éventail peu varié. Mais Dana Hawkins délivre un impressionnant solo de batterie tout en puissance et les frissons reviennent.
Un hommage est adressé à Wayne Shorter avec la reprise de Endangered Species. Sans saxo... Il fallait oser !
Esperanza Spalding fait scatter le public avec ce gag amusant si c'est la première fois qu'on y assiste, moins si on le voit pour la énième fois : je fais répéter mon scat au public mais ça devient rapidement très compliqué et carrément impossible.
Esperanza Spalding Quartet : Esperanza Spalding : contrebasse, basse, voix / Dana Hawkins : batterie / Leonardo Genovese : claviers / Ricardo Vogt : guitar
Au bout d'une heure et quart, le public n'en redemande pas. Il a passé un bon moment mais ne veut pas retarder l'arrivée d'un autre maître du scat.
La bataille "Assis !" "Debout !" va nous occuper toute la semaine. Aujourd'hui mardi, ce sont les pro-debout qui ont gagné. Demain mercredi, les pro-assis prendront leur revanche.
Le visage réjoui d'Al Jarreau, septuagénaire depuis peu, est de ceux qui vous filent la banane pour toute la soirée. Scat d'entrée, sourire radieux et mimiques pour les photographes (Pirlouiiiit, une photo ?)
Scat, jazz, chansons d'amour, scat, soul, jazz & soul entremêlés, scat vont être notre nourriture une heure et demie durant. Et même un peu plus, on le verra plus tard.
La voix est intacte, la nostalgie qui va émailler ce festival est à son comble ici. We Got By est le titre le plus ancien (1975) mais trois décennies de carrière sont survolées.
L'accompagnement est brillant. Vous imaginez que ne fait pas partie du Al Jarreau Sextet qui veut. Cependant, les instruments restent volontairement en retrait. Les vrais soli de ceux qu'on apprécie dans les concerts de jazz, ce n'est pas le propos ici. On vient écouter LA voix .
Bien sûr, ils s'illustreront un peu : la guitare (re)met le brésil à l'honneur sur Easy, la batterie enlumine une merveilleuse version de Take Five (de Dave Brubeck), le clavier se déchaîne sur Say... Même Joe Turano, directeur musical, ne tire pas la couverture à lui. Il s'illustre toutefois au saxophone sur She's Leaving Home... Ce sont eux qui assurent les chœurs si besoin (exquis Fire And Rain de James Taylor) et le contrebassiste montre ses talents de beatboxer.
Au bout d'une heure et demie, on se dit qu'on a passé une fort bonne soirée. Cette fois, on veut un rappel. Les vingt minutes qui suivent font partie de ces instants magiques qui vous transforment un bon concert en soirée d'anthologie. Car Chick Corea est déjà à Marseille. Et il nous fait la surprise d'accompagner son ami au piano. D'abord en duo sur Summertime. Déjà jouissif sur les cinq premières minutes, il deviendra hors norme lors de l'impro scat / piano finale.
Pas tout à fait finale puisque résonnent alors les premières notes de Spain qui débute comme le Concerto d'Aranjuez. Et c'est reparti pour un quart d'heure de bonheur. Les musiciens reviennent sur scène pour participer à la fête. Le pianiste aussi. Chick Corea lui a piqué son piano ? Qu'à cela ne tienne, il empoigne sa flûte et improvise.
1 Save Me
2 Look To The Rainbow
3 You Don't See Me
4 We Got By
5 Sweet Potato Pie
6 Better Than Anything
7 Easy
8 Instrumental guitare
9 Fire And Rain
10 Take Five
11 She's Leaving Home
12 Says
13 After All
14 Mornin'
16 Roof Garden
Rappels :
(avec Chick Corea)
17 Summertime
18 Spain
Al Jarreau Sextet : Al Jarreau : voix / Joe Turano : claviers, saxophone / John Calderon : guitare / Mark Simmons : batterie / Chris Walker : basse / Larry Williams : claviers. Guest : Chick Corea : piano.
Plus de photos par Pirlouiiiit en cliquant ici
et une petite de Esperanza Spalding : là
Critique écrite le 22 juillet 2010 par Mcyavell
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> Réponse le 23 juillet 2010, par Pirlouiiiit
Pirlouiiiit baisse son froc pour vous ramener des photos ... Petit rappel des faits. Sans réponse de nos demandes d'accréditations nous (Liveinmarseille / Concertandco) finissons par les relancer à 5 jours du début du Festival. La réponse est "ferme et definitive" : pas de pass photo pour Liveinmarseille / Concertandco, la jauge des photographes étant atteinte. Je ne vous cache pas ma surprise / vexation, surtout l'année où j'expose officiellement à l'Alcazar en compagnie de 3 autres photographes dans le cadre du festival (expo Alcajazz) ! Du coup non seulement les gentils bénévoles que nous sommes qui comptions nous relayer à la photo n'ont d'autre choix que de payer leur places plein tarif (les pass 2 jours n'étant plus disponibles), et encore pour les soirs où il reste des... La suite | Réagir
> Réponse le 23 juillet 2010, par Philippe
Oui enfin, les "gros" de la Provence comme vous dites, cher Pirlouiiiit, seraient mal placés pour donner des leçons concernant les droits photographiques à qui que ce soit (vu l'usage intempestif par ce quotidien de la mention "DR" c'est-à-dire pour les naïfs : j'ai pas demandé à qui était cette photo que j'ai piquée sur Internet, si jamais la personne s'en rend compte eh ben on s'arrangera, toute façon je m'en fous j'ai mon illustration) Par ailleurs j'ai déjà vu des contrats photographiques aussi complexes et léonins que celui-ci, et à signer au dernier moment, notamment au village pro des Eurockéennes (genre : "attention photographes, le contrat photo signé hier pour Kanye West n'est plus valable, merci de repasser au stand signer la nouvelle convention en paraphant les 5... La suite | Réagir
> Réponse le 26 juillet 2010, par Vand
https://fr.news.yahoo.com/45/20100725/ten-al-jarreau-transfere-d-hopital-mais-a4307fe.html La classe et la folie, ça fatigue ! Réagir
> Réponse le 26 juillet 2010, par Gildas
J'aurais peut être du attendre le final mais je n'ai pas tenu jusque là. Après 3/4 d'heure pour me garer, mon logement n'étant pas accessible après minuit en transport, je tombe sur le dernier morceau du 1er concert sur lequel je ne pourrai pas me prononcer. Donc bien positionné pour Al Jarreau, j'attends tranquillement en sirotant une petite bière et discutant avec le voisinage. Entrée en scène 1ère surprise, tout le monde s'assoit... Je me déporte sur le côté pour pouvoir danser, m'embrouille avec le sourire avec un gars qui "lui écoute" et à qui j'apprends que la position debout ne nuit pas à mon ouïe. Côté scène, j'ai trouvé Al bien peu en forme (et pour tout dire fade après par exemple la performance vocal de Collignon au Frioul, il y a deux semaines) et ce n'est pas son groupe bien... La suite | Réagir
> Réponse le 30 juillet 2010, par Benjamin Lemaire
T'as baissé ton froc pour pouvoir faire des photos et tu oses te plaindre ? Quand c'est comme ça, on se casse et on dénonce. On ne participe pas à ce à quoi on s'oppose ! Réagir
> Réponse le 01 août 2010, par Pirlouiiiit
Cher Benjamin, j'aurais plutôt imaginé ce genre d'échange par mail plutôt que sur le site mais puisque tu me prends à partie en public comme ça je te réponds pas la même voix, d'autant que tu n'es pas le seul à avoir eu cette réaction en lisant ma chronique. Je me suis déjà expliqué en long en large sur d'autres sites (genre fb) donc je vais essayer de faire bref : - j'ai commencé à faire des photos pour illustrer les chroniques sur Concertandco - mon but est de couvrir au mieux et au maximum la scène musicale marseillaises (groupes de et qui passent à) - je ne suis pas un photographe professionnel - la défense du métier de photographe est importante mais moins que les raisons qui me poussent depuis plus de 10 ans à chroniquer et photographier bénévolement pour Concertandco - un gros... La suite | Réagir
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