Chronique de Concert
PJ Harvey (concert donné dans le cadre de la tournée Let England Shake 2011)
Rendez-vous marquant à l'Olympia de Paris, le vendredi 25 février 2011, avec PJ Harvey en version tournée Let England Shake (comme à la Maroquinerie, le 14 février), c'est à dire avec un répertoire issu de ce magistral album - à la fois intimiste, lyrique, déjà classique et très prenant - ou avec des titres plus anciens réarrangés façon folklore blues rock 'n roll...
Grand messe certes pas très gaie, mais extrêmement poignante
Habillée totalement en noir et affublée de sa traditionnelle coiffe de plumes d'oiseaux lui donnant un air franchement gothique, Polly Jean Harvey arrive sur scène peu après 20h30 devant un parterre de fans énamourés, avec à ses côtés son excellentissime groupe de scène composé de John Parish, guitare électrique, synthés, voix, Mick Harvey, orgue, churs, guitare, basse, et Jean-Marc Butty, batterie. Ses musiciens sont placés à droite de la scène, ce qui permet d'apprécier pleinement toutes les merveilles dont ils gratifient les chansons, et la star reste cantonnée derrière son pied le micro placée à gauche. Une mise en scène assez surprenante, mais qui fonctionne parfaitement... Telle une Barbara 2011, l'ange noir PJ Harvey peut ainsi apparaitre avec son autoharpe ou ses guitares (électriques ou acoustiques) sur un fond de lumières et de fumées blanches comme une sorte de diable arborant des cornes, figurées par ses plumes d'oiseau (d'aigle ?) noir. S'ensuit un concert d'une heure trente, rappel compris, où l'interprétation de l'intégralité du sombre album Let England Shake est agrémentée de nombreux - et jouissifs - incunables du répertoire, souvent arrangés de manière différente : The River, Down By The Water, The Sky Lit Up, C'mon Billy, Meet Ze Monsta, Big Exit, Angelene et The Devil... Cela donne une unité remarquable au set et confère à cette soirée d'exception une allure de grand messe certes pas très gaie (les chansons du dernier opus parlent des ravages de la guerre) mais extrêmement poignante.
Bouleversante communion avec une chanteuse/guitariste en état de grâce avancé
Clairement, les fans qui avaient manqué PJ Harvey en version ultra rock 'n roll, voire quasi punk, ont de quoi être un peu déçus, mais en revanche les personnes qui s'intéressent à l'évolution de l'artiste ont tout loisir de se laisser aller à une bouleversante communion avec une chanteuse/guitariste en état de grâce avancé. Car si elle est moins communicative et sexy que d'ordinaire (on se souvient par exemple de sa brulante tournée 2004 !), Polly Jean donne à ses morceaux ultra émouvants des atours qui anéantissent l'auditeur. On pense ici aux immenses In The Dark places et The Glorious Land mais aussi aux très intenses On Battleship Hill, Written On The Forhead, England, Bitter Branches et Let England Shake, entre autres, où PJ et ses hommes tutoient des sommets d'expressivité et de puissance onirique. Sur la même longueur d'onde que leur songwriter de chef, John Parish, Mick Harvey et Jean-Marc Butty jouent avec sobriété et sens du son qui tue (churs masculins très impressionnants, orgue électrique caressé, basse vrombissante, guitares d'un admirable subtilité, rythmes de batterie aussi osés qu'enflammés, synthés avec samples de cuivres ou bande son reggaeisante).
Le prochain rendez-vous, c'est pour quand ?
Difficile donc de bouder son plaisir ce soir, surtout avec un aussi beau rappel arrivant après le superbe titre final du dernier album, The Colour of the Earth, une chanson folk de marin co chantée par l'impeccable Mick Harvey. Après une assez longue pause, le public de l'Olympia a ainsi droit à une version rugueuse du très sexuel et tribal Meet Ze Monsta, à une épatante relecture d'Angelene (après un faux départ dû à une erreur d'accordage, seul moment de partage drolatique avec le public) et à une conclusion échevelée et romantique sur le prémonitoire Silence (un extrait de l'album White Chalk, où Mister Harvey se trompe dès le début à l'orgue " Décidément, c'est bien que ce soit le dernier morceau ! " déclare PJ, amusée). Le groupe salue assez longuement mais sans en rajouter, puis quitte la scène, après avoir pleinement accompli sa mission : donner vie sur scène à des morceaux extrêmement bien écrits. Le prochain rendez-vous, c'est pour quand ?
Set List :
Let England Shake
The Words That Maketh Murder
All & Everyone
The Guns Called Me Back Again
Written on the Forehead
In the Dark Places
The Devil
The River
The Sky Lit Up
The Glorious Land
The Last Living Rose
England
Bitter Branches
Down By the Water
C'mon Billy
Hanging in the Wire
On Battleship Hill
Big Exit
The Colour of the Earth
Meet Ze Monsta
Angelene
Silence
A lire également, la chronique du même concert de PJ Harvey par Philippe...
Liens : www.pjharvey.net, www.pj-harvey.net, www.facebook.com/PJHarvey, www.islandrecords.co.uk, www.ilike.com/artist/PJ+Harvey, www.myspace.com/pjharvey, www.youtube.com/letenglandshake.
Critique écrite le 26 février 2011 par Pierre Andrieu
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> Réponse le 26 février 2011, par Nelia
Concert ultra décevant ! Le ton "jouons au coin du feu" de England Shake pour les morceaux de l'album, pourquoi pas. Mais pour les quelques vieux titres, c'était juste raté. The Sky Lit Up ou Meet the Monsta n'étaient plus que de pâles chansons sans âme ni percussions. En ajoutant un son plus qu'inégal (voix de PJ à fond, basse noyée, et batterie indiscible sauf pour les cymbales), un concert de seulement 1h30 pour une artiste avec un tel répertoire et un seul pauvre rappel, un recentrage quasi unique sur le dernier album, ben non, je trouve ça nul, limite indécent. Et pourtant, depuis 1993, PJ me fait rêver. Là, j'ai pris cher. Réagir
> Réponse le 26 février 2011, par chapy
[l'olympia - 25/02/2011] Je ne connaissais pas bien PJ Harvey (moins de 6 mois) et que les anciens albums. Donc je ne parle pas de la qualité de l'album mais plutôt du show. En concert, j'attends de voir un artiste avec des versions live différentes de ce que l'on peut écouter sur CD et là, pas de surprises, pas de jeu de scène, lumières quasi inexistantes, 1 rappel calibré et lumières dans la salle. Je suis déçu de la prestation de cette artiste néanmoins talentueuse mais pas mal de spectateurs autour de moi connaissant bien l'artiste sont restés sur leur faim. Réagir
> Réponse le 27 février 2011, par la dame en noir
[Olympia, Paris - 27 février 2011] Sublime concert ! Un plaisir effectivement d'entendre l'intégralité du dernier album. La pertinence des reprises. Polly avec ses plumes se réinvente sans cesse. Entre lyrisme et ironie. Quelle classe ! Quelle performance vocale et musicale ! Ma fiancée branchée pop avait fait la même remarque que le journaliste quand il compare PJ à Barbara, aussi sombre et réaliste que la dame en noir. Réagir
> Réponse le 28 février 2011, par pe
[Olympia (Paris) - 25 février 2010] Très très déçu par ce concert. C'était mou, sans énergie, sans "âme". Les reprises des anciens morceaux ne décollaient pas alors que ce sont des morceaux puissants. Tout était en sous régime. Les musiciens jouaient avec application, sans "mouiller" la chemise, comme PJ Harvey qui semblait coincée dans son superbe costume... C'était sans doute un choix délibéré pour coller au concept du dernier album. Mais vraiment quelle déception. Tout était au minima, un rappel de principe et au dodo ! Réagir
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