Accueil Chronique de concert (mon) Rock en Seine 2011, 1/2 : The Black Box Revelation, Hushpuppies, Cage The Elephant, Le Corps Mince de Françoise, The Jim Jones Revue, Interpol, Keren Ann, Arctic Monkeys
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Chronique de Concert

(mon) Rock en Seine 2011, 1/2 : The Black Box Revelation, Hushpuppies, Cage The Elephant, Le Corps Mince de Françoise, The Jim Jones Revue, Interpol, Keren Ann, Arctic Monkeys

(mon) Rock en Seine 2011, 1/2 : The Black Box Revelation, Hushpuppies, Cage The Elephant, Le Corps Mince de   Françoise, The Jim Jones Revue, Interpol, Keren Ann, Arctic Monkeys en concert

Parc de Saint Cloud, Saint Cloud 27 août 2011

Critique écrite le par


6ième participation sur les 9 éditions du joli Festival Rock en Seine : on dira donc qu'on lui est aux deux tiers fidèle... Il est vrai que sa programmation, systématiquement balèze et alléchante, recèle parfois trop de choses déjà vues ailleurs. S'il a plein de qualités, Rock en Seine n'est en effet pas connu pour être un défricheur de talents en pleine ascension (exception notable : Arcade Fire, 2004). Pire, sa situation calendaire fait que même les révélation géniales (Anna Calvi) ou vaseuses (WU Lyf) de l'année civile en cours, sont souvent déjà passées ailleurs quand arrive la fin août... Mais qu'à cela ne tienne : venir finir l'été dans le plaisant Parc de Saint-Cloud et réécouter de petites et grandes sensations scéniques est toujours un grand plaisir !


Et puis, si l'on a désormais la certitude qu'Amy Winehouse (RIP) n'y jouera décidément jamais, ils ont quand même dégoté par le passé de formidables têtes d'affiche inédites en festival, et autant de concerts inoubliables et pas oubliés : The White Stripes, The Raconteurs, Wolfmother, Radiohead-avant-Live-Nation, The Jesus & Mary Chain, Tool, Björk, le split historique et hilarant d'Oasis, Faith No More, Them Crooked Vultures... Alors peu importe qu'il ne choisisse pas toujours bien ses sponsors ("Rock Hauts-de-Seine" ? Sarko, Balkany, Pasqua, Neuilly and co : on admettra qu'on fait plus rock'n'roll, même si ça donne au festival un petit côté "clique de gangsta"...)


Diverses contingences nous ont forcé à faire des choix stratégiques : l'impasse sur le vendredi (qui contenait pourtant de belles choses à notre goût, heureusement quasiment toutes déjà vues), et un dimanche qui sera écourté, ses têtes d'affiche nous laissant de marbre. En avant donc pour un "demi-Rock en Seine" dans le parc augmenté d'une scène et donc enrichi d'un paquet de concerts (très bonne idée !), et d'une jauge explosée à 37 000 personnes (est-ce bien raisonnable ?) : on vérifiera bien sur place que cette surenchère lui permet de rester un site praticable, sauf bien sûr quand tout le monde va voir une tête d'affiche (mais ça, c'était déjà le cas avant, rien à faire...).


Le site, fortement agrandi donc, reste en tout cas agréable à parcourir - les pluies de la veille n'ont pas réussi à tout détremper, et les nombreuses averses du jour n'y arriveront pas non plus. On découvre la traditionnelle expo photo Rock : cette fois-ci celles de Renaud Monfourny, qui shoote en noir et blanc pour les Inrocks depuis longtemps. On se livre avec plaisir au petit jeu (relativement facile, cette fois-ci) d'identification, constatant combien les années ont fait autant de mal à certaines rock stars, qu'à nous-même ! Autre animation amusante, le retro-gaming d'Archeopteryx, souvent croisé à Marseille, recueille un joli succès en proposant des jeux vidéo plus vieux qu'une bonne partie du public. Quant aux stands publicitaires, il ne nous sont pas destinés, on ne les a jamais fréquentés à l'exception d'un joli show-case d'Anything Maria en 2009.


Question musique, on commence par The Black Box Revelation, sous une vilaine petite pluie, pas rancuniers qu'ils nous aient planté à Marseille il y a quelques mois. Comme les vrais duos de tueurs, ils sont bien 2 et pas un de plus, sonnant presque comme les Black Keys dans les moments blues (nos préférés) : à force d'aligner des soli graisseux et costauds et les titres ultra-efficaces (I think I Like You, meilleure que l'intégrale de l'oeuvre d'Oasis), le duo parvient à chasser les nuages et à mettre une belle ambiance. High on a Wire et autres Do I know You achèvent de nous mettre en joie, et en soif. Set your head on Fire ? Vous y avez pratiquement réussi, messieurs, avec votre belle ration de guitare saturée et batterie violentée : bravo, tout le monde au bar et/ou aux toilettes sèches !


Après avoir passé à un moment à retrouver nos amis (sans téléphone, c'est jouable mais parfois un peu plus long), et avoir vu passer une légende de la presse rock (Phil Manoeuvre, en galante compagnie), on fait un tour au concert des Hushpuppies. Ne les ayant pas revus depuis 5 ans, n'ayant pas révisé leur musique, ni écouté le dernier album, on ne peut que constater que le groupe joue toujours une pop-rock bien fichue (à la Ghinzu), certes moins explosive que le duo précédent, et que le chanteur est toujours un sacré beau gosse. Un gros nuage passe et nous pisse dessus (ça dure le temps d'enfiler tout notre barda, puis de l'enlever) pendant un morceau groovy ; la fin catchy et sympa nous donne envie de réécouter bien vite ce groupe qui en tout cas, n'a pas démérité en occupant parfaitement la grande scène.


Le moment est venu de découvrir une excellente sensation récente sur disque, Cage The Elephant, qui a attiré beaucoup de monde. Dès le départ au son grunge vintage, le chanteur remonté comme un coucou, descend directement brailler (pas toujours juste, mais avec enthousiasme), dans le public. Le titre 2024, admirablement Ramonesque, commence à rendre les kids dingues (la fosse commence à être très agitée), tandis qu'Aberdeen ou Around my Head évoquent magnifiquement les Pixies. Avec ce groupe les trentenaires réentendent donc la musique de leurs vingt ans, repensent à leur chemise grunge à carreaux, et ceux qui ont la moitié de cet âge la découvrent avec un ravissement légitime : tout le monde est content et s'éclate, donc !


Il faut dire que le chanteur, qui paraît en chewing-gum, a un très gros abattage, et que lui et les déjà traditionnels slammeurs en costume Spandex (vert et orange, cette fois-ci) mettent un beau bordel en fosse. Quelques titres plus calmes (Flow, un peu longue) font retomber l'ambiance mais lui permettent de reprendre son souffle, avant le climax attendu, la terrifiante et jouissive Indy Kidz, qui ne rappelle rien d'autres que les premiers essais de Nirvana ! Autre style, Ain't no rest for the Wicked, très hip-hop, puis leur déjà presque classique Shake me Down, réussite majeure ! Sabertooth Tiger achève de nous convaincre que ce groupe a une formidable palette de titres allant du plus calme au plus furax, en passant par de vrais moments mélodiques (Right before my Eyes) : des athlètes complets en somme, à revoir plus expérimentés sur scène, et à chroniquer en disque ASAP en attendant !


Un peu assomméEs par ce concert, on se rend en traînant un peu des pieds à celui de Blonde Redhead, dont on verra les derniers titres. Les deux jumeaux italiens grisonnent désormais un peu, la chanteuse japonaise est un peu marquée certes, mais leur musique élégiaque (et quoique jouée trop fort) reste ultra-planante. On est vite charmé par cette pop shoegaze aux accents systématiquement mélancoliques. Ce ne sont pas des grands communicants certes, mais l'enchaînement de SW, Misery is a Butterfly et surtout de la sublime 23, nous a emporté très loin, quelques instants, malgré une configuration peu favorable (trop grande scène, trop de jour...). Nul doute qu'en salle Blonde Redhead doit proposer un trip sacrément corsé !


Puisqu'il a décidé de pleuvoir un bon coup pour de vrai, on s'équipe mais on n'entendra ni ne verra pas grand-chose de Le Corps Mince de Françoise (un camarade demandera mesquinement laquelle de ces scandinaves pense avoir un corps mince...). Electro-pop punchy sans aucune originalité notable, moins moustachues que leurs aînées historiques de Le Tigre : ça sonne pas mal en live (où la guitare et plus audible) et, le trio fait ce qu'il peut pour nous remonter le moral : We are Cannibals jouée vers la fin parvient à nous arracher un sourire et quelques mouvements de tête. Il n'a évidemment jamais été question d'aller revoir les BB Brunes qui, ayant été invités sur le très mauvais album de reprises de Bashung sorti cette année, se croient malins en reprenant Gaby... Avant de se faire incendier, avouons qu'on a déjà pu constater en 2008 qu'ils n'étaient pas mauvais dans leur catégorie, simplement pas notre came. Et à tout prendre on les aurait volontiers revus plutôt qu'Austra, véritable abomination esthétique et musicale...


Quoi qu'il en soit après ce passage difficile, la pluie s'arrête pile pour l'heure du concert le plus entraînant de la journée : on va enfin être dépucelé de The Jim Jones Revue, dont on adore les albums de rock'n'roll vintage totalement régressifs et jubilatoires ! Ils sont encore plus beaux que ce qu'on pensait : chemises et vestes noire, gomina, tatouages, Farfisa et basse Gretsch blanche somptueuse, il ne manque pas un bouton de manchette au gang pour avoir le look le plus rock'n'roll qui soit. Le frontman, sorte de Jon Spencer jeune, hurle et nous harangue comme un beau diable entre les titres, qui déclenchent des tremblements irrémédiables dans les genoux de toute l'assistance.


Mais c'est aussi un excellent chanteur dont l'aiguille oscille invariablement dans le rouge ! Musicalement, c'est un plagiat complet et assumé de Chuck Berry, Little Richard, Jerry Lee Lewis, joué encore plus vite et encore plus fort qu'il y a 55 ans : ça déboîte, c'est jouissif à crever - pour un peu on pourrait croire qu'ils ont inventé tout ça eux-même ! Ils enfilent des titres d'1 minute 30 comme des perles, pendant que nous suffoquons de joie. Parmi les titres reconnus (ils ne produisent pas le genre d'albums dont on connaît les titres puisqu'on les écoute d'un trait !) : Dishonest John, Shoot First (Ask Questions Later), Burning Your House Down !!


De peur qu'on mollisse, le chanteur relance d'une Gretsch rouge et ajoute une couche de raffut au reste pour un heavy boogie roboratif, puis un rock'n'roll endiablé très inspiré de Long Tall Sally. A l'usage des filles (déjà bavantes et défaillantes), le leader dédicade la furibarde Killing Spree, et l'on remarque que, à cause de la pente marquée devant la scène, les slammeurs finissent invariablement cul par dessus tête, en bas à gauche. Le pianiste (non, il n'a pas de siège, juste des genoux en titane), envoie un Drop me in the Middle proprement génial, puis un dernier titre qui sonne très Little Richard... On a bien du prendre 25 titres en pleine tronche et ce sera notre concert de la journée !


Ouaouh. dûr dûr après ça d'enchaîner sur la pop neurasthénique des Interpol, qui semblent en plus en sévère perte de vitesse médiatique (ça, ce n'est rien) et d'envie de jouer (ça, c'est un problème). Il avaient à l'époque ouvert une voie où les ont suivi pas mal de groupes qui ont, injustement peut-être, emporté plus d'adhésion (Editors, etc). Evidement la voix blanche du chanteur fait toujours son effet et réussit à nous re-charmer quelques instants. On les quitte cependant après quelques titres, sur un Rosemary un peu comateux...


Car c'est l'occasion ou jamais de lever notre préjugé (de type "Biolesque") sur Keren Ann : on l'a toujours pensé un peu chiant et prétentieux, jusqu'au jour où on l'a vraiment écouté... Ca va nous faire tout pareil avec elle (dont le répertoire nous est quasi-inconnu) : au final, très belles mélodies inspirées, passages folk calmes où sa voix assez splendide et parfois même poignante fait merveille (Chelsea Burns) ; passages électro-pop où elle s'amuse de façon très communicative... Elle a renoncé à son abominable coupe au bol, et le groupe qui l'accompagne, soyeux et discret, entremêle habilement la guitare, le theremine et l'harmonica dont elle joue. Sa reprise à elle de Bashung est plutôt réussie (Je fume pour oublier que tu bois), voire dansante. Un passage discoïde sur My Name is Trouble fonctionne bien, et son concert achevé sur un titre calme et une déclaration d'amour, version Act Up, s'avère au final assez magique !


Sans envie de retourner voir WU Lyf (très décevants aux Eurockéennes, apparemment meilleurs aujourd'hui), reste un morceau de bravoure dans cette belle journée (pour nos amis qui vont nous forcer - gentiment ! - à nous placer devant) : Arctic Monkeys ! Comment dire ? C'était simplement super, comme toujours : set-list à peu près identique qu'aux Eurockéennes en juillet ! Le gang, toujours flegmatique, emmené par un Alex Turner qui en a fini avec ses problèmes de peau et qui s'est fait faire une coupe de "bogosse" à la James Dean (de source sûre, les filles n'y sont pas insensibles...), et porté par un batteur techniquement parfait, mais qui ose porter un t-shirt de son propre groupe, livre un concert carré et ultra-efficace ! Quoique les enchaînements se traînent un peu : fatigue de fin de tournée ?


Inutile pourtant d'essayer de résister à des titres comme l'inaugurale embardée de Library Pictures, de ne pas brandir le poing sur Brainstom, de ne pas bousculer à nouveau ce voisin ronchon sur This House is a Circus et sur Still take you home (aussi explosive qu'en 2006, quand on les avait vus pour leur première tournée, encore tout freluquets !). La petite touche d'humour viendra sur un titre par ailleurs plutôt stoner ("T'asseois pas, j'ai bougé la chaise"), avant de reprendre la baston, froide et appliquée, à coups de hits imparables (Pretty Visitors, Teddy Picker, Brick by brick...).


Les moments de ballade, même musclée, font quand même du bien (She's Thunderstorms, Fluorescent Adolescent, Do Me a Favour, The Hellcat Spangled Shalala...), dans cette grosse heure de fureur et d'hystérie collective du public, où le climax est bien évidemment l'enchaînement The View from the Afternoon / I bet you look good on the Dancefloor (et dire qu'un abruti a écrit un jour sur ce site que ce serait un groupe-à-un-seul-bon-single... il a été bien démenti depuis !). Bref le groupe est devenu l'un des plus intéressants du 21ième siècle, il le sait - mais sans trop le montrer, et conclut admirablement son rappel avec la splendide et mélancolique 505...

K.O. debout après cette belle prestation, on ne fera que passer devant le beat à l'air plaisant d'Etienne de Crecy (dont on a pas complètement oublié les très bons Super discount) : c'est l'heure de rentrer gentiment chez notre hôte parisienne, déjà bien aimable de nous ouvrir la porte à presque 1 h du matin...

Le demi-dimanche, c'est par ici !

Quelques vidéos-souvenir, c'est par !

> Réponse le 13 septembre 2011, par Yann M

cher Philippe, grosse erreur de pronostic en effet sur Arctic Monkeys (m'enfin c'est prescrit non ?), vous vous êtes heureusement rattrapé depuis. Quel dommage qu'il n'y ait pas de photographe attitré pour illustrer vos chroniques... parce que vos photos de live, c'est dommage, sont un peu, euh... Enfin disons qu'on ne vous lit pas pour ça quoi ! ;-) sans rancune j'espère,  Réagir


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