Chronique de Concert
Belle And Sebastian + Zoey Van Goey
Belle And Sebastian au Grand Rex à Paris au printemps, c'est une grande bouffée d'air frais, une jubilatoire nuée de pop songs légères et des instants aussi privilégiés qu'émouvants avec un groupe à la carrière hautement respectable... Le concert affiche complet, les cohortes de fans - sans doute des hommes sensibles et des femmes raffinées... - sont très bien représentées, Zoey Van Goey, la première partie, qui vient de Glasgow, est charmante, les chansons du denier album Write About Love sonnent plutôt bien en live, les incunables sont toujours aussi touchants ; dans ces conditions idéales, la troupe de Stuart Murdoch, visiblement ravie d'être là, ne peut passer à côté de sa prestation parisienne...
Zoey Van Goey
Toujours classe, la salle du Grand Rex, mais ceux qui veulent danser en seront pour leur frais (les places sont toutes assises !) et ceux qui désirent voir le groupe et qui sont situés au dernier balcon doivent avoir de bons yeux ou d'excellentes jumelles... C'est donc avec joie qu'on trouve un strapontin au premier balcon pour assister au court set de la première partie, un groupe de... pop écossaise nommé Zoey Van Goey.
Même si le son n'est pas optimal, on ne peut que remarquer la qualité des chansons, sautillantes, accrocheuses, à rebondissements et idéales pour se mettre en jambe avant le show de Belle And Sebastian...
Les musiciens changent de place assez souvent, le mélange des voix féminines et masculines est réussi, les paroles sont assez iconoclastes, les petits discours en français sont hilarants (" La dernière fois que j'ai parlé en français j'avais 12 ans, je ne m'imaginais pas que je parlerai lors d'une telle occasion... " ), bref, Zoey Van Goey tape dans l'œil du public, qui n'hésite pas à frapper dans ses mains, ou à chanter à l'invitation du batteur... Un groupe à découvrir !
Belle And Sebastian
Plus pro qu'avant et plus décontracté qu'à ses débuts, Belle And Sebastian a donné un très beau concert d'1h45 au Grand Rex à Paris. Un show relativement carré certes, mais en gardant des côtés décalés, timides et touchants qui font tout le charme des Ecossais... La mayonnaise a toutefois mis un peu de temps à prendre totalement, malgré l'interprétation de très beaux titres en ouverture, les cultes Stars of track and field et Expectations, mais petit à petit les musiciens et leur leader se détendent : le toujours adolescent Mr Murdoch, qui ressemble à Fred Astaire avec son accoutrement chapeau/t-shirt/pantalon noirs et son physique gracile, chante de sa voix fluette et agrémente le spectacle d'interventions drolatiques sur Paris au Printemps, sur le public et sur tout un tas de sujets délicieusement frivoles.
Entre deux morceaux super pop - quel bonheur, ces orchestrations réalisées par les douze musiciens : cuivres, cordes, piano, chœurs et tout le toutim ... -, le public du Grand Rex, de plus en plus chaud à mesure que l'heure tourne, a droit à un concours de clap clap masculins et de danses féminines sur les planches, à des remises de médailles (pour les plus méritants, un tantinet trop kitsch ça, non ?) voire à des réparties bien senties... A des énamourés " I Love You ", Stuart répond par exemple " Moi aussi... mais nous ne pourrons jamais être ensemble... ma femme me regarde sur internet ! " Tout se passe donc dans le meilleur des mondes même si les enchainements sont parfois un peu lents et si certains musiciens sont vraiment très discrets : la violoniste/pianiste/choriste se cache parfois derrière ses claviers pour jouer du violon et Steve Jackson, l'autre chanteur guitariste, semble un peu perdu quand il doit parler au public au moment d'interpréter une chanson en leader...
Mais après tout qu'importe, Stuart Murdoch joue son rôle de frontman avec délectation semble-t'il, il danse, sourit, change d'instruments et interprète même quelques notes au balcon latéral du Grand Rex. Le plus important, bien sûr, restant le répertoire choisi, quasiment irréprochable : les nouveaux morceaux marquants - I'm Not Living in the Real World, I Want the World to Stop, I Didn't See It Coming, Write About Love... - sont joliment mis en valeur au milieu de titre plus anciens - I'm A Cuckoo, Lord Anthony, Sukie In The Graveyard et sa vrombissante basse, The Blues are Still Blue en unique rappel - voire d'" antiquités " datant parfois de plus de quinze ans ("certains de vous n'étaient même pas nés ! " déclare Murdoch) comme Fox In the Snow, The Boy With The Arab Strap, The Wrong Girl, Women's Realm, Judy and the Dream of Horses et sa géniale montée. Tant et si bien qu'on passe un moment divin en écrasant deux ou trois petites larmes... A la fin du concert, on se sent tout guilleret, comme quand on a revu de très proches vieux amis que l'on n'avait pas croisés depuis des lustres. Il ne faudra donc pas attendre trop longtemps avant de reprendre à nouveau rendez-vous avec les très en forme Belle et Sébastien...
Set list :
The Stars of Track and Field
Expectations
Write About Love
Women's Realm
I'm Not Living in the Real World
Piazza, New York Catcher
I Want the World to Stop
Lord Anthony
Sukie in the Graveyard
The Fox In The Snow
If You're Feeling Sinister
I'm a Cuckoo
The Wrong Girl
I Didn't See It Coming
The Boy with the Arab Strap
If You Find Yourself Caught in Love
Judy and The Dream of Horses
Sleep the Clock Around
The Blues Are Still Blue
Liens : www.belleandsebastian.com, www.myspace.com/thebandbelleandsebastian, www.facebook.com/pages/Belle-and-Sebastian, https://twitter.com/#!/bellesglasgow, www.roughtraderecords.com/belleandsebastian, www.myspace.com/zoeyvangoey, www.facebook.com/pages/Zoey-Van-Goey.
Photos : Robert Gil www.photosconcerts.com
Critique écrite le 12 avril 2011 par Pierre Andrieu
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