Accueil Chronique de concert (mes) Eurockéennes de Belfort 2012, 1/2 : Mastodon, Thee Oh Sees, Electric Guest, Dropkick Murphys, Kavinsky, The Cure, Wiz Khalifa
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Chronique de Concert

(mes) Eurockéennes de Belfort 2012, 1/2 : Mastodon, Thee Oh Sees, Electric Guest, Dropkick Murphys, Kavinsky, The Cure, Wiz Khalifa

(mes) Eurockéennes de Belfort 2012, 1/2 : Mastodon, Thee Oh Sees, Electric Guest, Dropkick Murphys, Kavinsky, The Cure, Wiz Khalifa en concert

Presqu'île du Malsaucy, Evette Salbert, 30 juin 2012

Critique écrite le par


Comme chaque année, l'été s'ouvre pour nous avec notre cher festival des Eurockéennes de Belfort (cette année est ma 19ième d'affilée, mon premier billet de 1994 est désormais plus vieux qu'une partie du public...). Malgré une croissance toujours plus folle du nombre de festivals en Europe (le directeur des Eurocks confiait en interview être désormais mis en concurrence avec la Pologne !), le festival garde sereinement le cap en gérant au mieux son porte-monnaie, laissant aux festivals mainstream de Live Nation leurs têtes d'affiche déjà défraîchies ou hors de prix. Avec tout de même une tête de gondole très alléchante cette année : The Cure - on a repéré les premiers Curistes dès la gare d'Aix-en-Provence TGV !


Pour la première fois depuis bien longtemps, la plupart de nos amiEs n'assistera qu'à deux jours sur les trois : pour notre part, la venue au monde d'un merveilleux petit bonhomme au coeur de l'hiver a singulièrement réorganisé notre sens des priorités ! Non sans quelques regrets de ne pas pouvoir voir sur scène ce que donnent le réjouissant disque 2012 de Dionysos, la galette pétaradante de Hanni el Khatib (programmés de toutes façons à la même heure !) ou celle, tout en douceur de Michael Kiwanuka... Ou encore, l'explosivité déjà constatée sur scène de Shaka Ponk, la bizarrerie de The Mars Volta et le retour, forcément bouleversant, de Bertrand Cantat en guest sur la grande scène...


Qu'à cela ne tienne, c'est encore plus gonflés à bloc qu'on s'élance en fin d'après-midi à l'assaut de la Presqu'Ile du Malsaucy... Comme il fallait s'y attendre, on a hélas raté l'heure précoce de l'hommage au 50's de Sallie Ford & The Sound Outside, qu'il faudra rattraper sans fautes en salle. Après une première belle journée, le temps est ce samedi grisâtre à tendance menaçante, et des messages d'alerte orange vont barrer les écrans géants pendant une partie de l'après-midi : on verra plus tard que ce n'était pas complètement pour rien...


Le premier rendez-vous totalement immanquable de cette journée est celui que nous ont donné les Mastodon(s), grosses bêtes à barbe et tatouages pratiquant un metal raffiné (mais si !) depuis 4 albums dont on a chroniqué le dernier, The Hunter. On les avait déjà aperçus par ici en 2005 mais cette fois, ils sont en tête d'affiche ! Idéaux pour commencer le festival en nous "décrassant les cages à miel" (hommage à Francis Zegut revenu ici cette année), ils joueront pourtant devant une foule peu dense : étant à peu près le seul groupe estampillé metal, ils n'ont pas attiré ici les joyeux drilles venus par exemple se mettre sur la gueule pendant Motörhead en 2011...


Qu'à cela ne tienne, nous sommes quand même nombreux à les apprécier ! Départ comme sur album par Black Tongue déjà explosive, puis sur les tam-tams guerriers de Crystall Skull. Quelques vaillants crowd-surfers s'ébattent gaiement au dessus de ce qui n'est pas heureusement encore un champ de boue, tandis que le groupe très technique (y compris au chant, où chacun passe plus ou moins à son tour, y compris le génial batteur), défouraille gaiement ; le guitariste à face tatouée est aussi effrayant que prévu.


Sur Octopus has no friends, étrange et pleine de breaks, Mastodon prouve opportunément aux curieux qu'il ne joue pas que des riff en plomb, avant d'enchaîner sur Stargasm (magnifique titre de metal ...au riff en plomb). Autre curiosité, une Hand of Stone extrêmement mélodique et à la fin toutefois brutale, mais pas autant que Spectrelight, monument de violence sludge assez jouissive, pas loin du son de guitare de Slayer. Curl of the burl sonne à l'autre bout du spectre, très proche d'Alice in Chains, et cette belle variété de sons suffit à détendre les demoiselles qui nous ont accompagné de leur plein gré (tirées par les cheveux), et finissent par prendre plaisir au concert...


Quand on veut marquer les esprits en metal, genre considérablement encombré, le tout premier titre publié doit être comme un pain dans la gueule, exactement comme la surpuissante Blood & Thunder, en 2004 comme en 2012 ! Après nous avoir cueillis comme des paquerettes avec ce concert d'entrée déjà très roboratif, le groupe n'a plus qu'à conclure en slow avec Creature lives, pour faire doucement redescendre l'ambiance et ne pas semer sur la presqu'île des hordes de chevelus surexcités et prêts à en découdre avec les fans - beaucoup plus maniérés - d'Electric Guest...


Petite gâterie, on va retrouver pour la troisième fois les Thee Oh Sees (pour une fois, pas dans une salle minuscule comme il y a 3 semaines). Même s'il ne fait pas l'unanimité parmi nos amis, on avoue une incapacité à résister à leur rock répétitif, qui marche sur un principe viscéral et obsessionnel (voir par exemple leur dernier disque, le très excitant Carrion Crawler). Et puis le style rigolo de John Dwyer et sa bande, fringues chelou et guitares coincées direct sous les aisselles, le skin-head aux cervicales en béton tatoué, ainsi que le joli minois méditerranéen de la claviériste Brigid Dawson, suffisent à assurer le spectacle...


Manifestement effarés par la taille de la scène Green Room, ce groupe dont la fiche technique doit faire 12 mètres carrés (ils jouent du garage, par définition donc !) s'est resserré en gang. Ouvrant comme d'habitude avec l'épatant The Dream, ils envoient toute la gomme de leurs guitares répétitives et vrillantes (pas de basse mais une des deux est souvent réglée à l'octave du dessous), et ça sonne, non de Zeus, même si ce son garage plus propice aux caves dégoulinantes de sueur est peu courant en festival de plein air... Comme par hasard, je croise Vince et Gina, grands fans du style s'il en est, activistes des concerts underground marseillais et aujourd'hui, déguisés en égyptiens. Des crétins, oui, mais ce sont des bons copains et ils vont organiser en 2013 le plus beau festival de rock underground phocéen de tous les temps, Phocea Rocks !


Pendant ce temps, le groupe envoie sa pétaradante Contraption/Soul Desert, titre que j'adore et qui se révèle hypnotique comme toujours ! Connus pour jouer sans set-list (et riches de centaines de titres), les Thee Oh Sees finissent par repérer le type de son qui plaît au plus grand nombre - une ambiance balloche punk-rock sautillant - et enchainent les titres de ce style pour le plus grand plaisir de leurs fans, dont le nombre grandit manifestement à vue d'oeil. Habitués du doux climat san-franciscain, ils replient toutefois rapidement les gaules (après un dernier titre plus lent), avant que le ciel ne leur tombe sur la tête : mission accomplie pour un changement de braquet médiatique, au moins auprès des aficionados de musique live !


Comme je suis bon camarade, je rejoins mes amis partis à la Plage à Pedro, compilation de groupes et individus signés chez Ed Banger, non sans me jeter d'abord comme le veut une tradition bien établie sur un flammekueche de bon aloi, à défaut d'un beau t-shirt de Mastodon hélas introuvable. Bien m'en a pris car, malgré une foule dense sur la plage, je suis instantanément incommodé par la musique d'Electric Guest. D'ailleurs un voisin inconnu s'emmerde et lorgne si avidement sur l'appétissante préparation que je suis bien obligé de lui en lâcher une part. Pendant ce temps, ces jeunes cons dont tout le monde aura oublié l'existence en 2013, font leur pénible tube This head I Hold que j'accueille d'un rot plus que sceptique... Il est temps d'aller voir ailleurs.


Pour ambiancer un festival, et notamment pour que les plus jeunes puissent se foutre gentiment sur la gueule, il faut toujours prévoir un groupe comme Dropkick Murphys, bruyants skinheads irlandais (mais au CV irréprochablement engagé du bon côté !). D'ailleurs leurs cheveux ont poussé en même temps que leurs bedaines, planquées derrière divers instruments folkloriques indispensables pour un balloche réussi : accordéons et cornemuse... A 7 sur scène dont un en kilt, ils mettent une grosse ambiance avec leurs titres joyeux et puissants à la fois, dans un barnum qui s'avère toutefois répétitif au bout d'un moment : retour à la plage pour une deuxième tentative !


C'est Kavinski qui a pris les commandes, et envoie un gros son de basses ultra-compressées typique de Ed Banger : 5 ans après Justice, l'effet de surprise est quand même un peu retombé, mais les plus jeunes y prennent un grand plaisir. Vite blasé par ce gentil pousseur de potards assez anecdotique (et plus aussi stone à 20 h 30 aux Eurocks que dans nos jeunes années), je ne resterai pas assez longtemps pour entendre le titre Nightcall rendu célèbre par l'épatante B.O. du film Drive. Bonne pioche : mes amis n'en auront finalement entendu que les trois premières mesures avant que le son ne soit coupé, pour cause d'orage imminent...


Je fais un nouveau tour à Dropkick Murphys, juste à temps pour entendre leur réjouissant I'm shipping up to Boston, superbe hommage à la ville natale des gaillards tatoués, et qui donne un vrai moment de plaisir. Pendant ce temps, il commence à pleuvoir sérieusement, et le vent qui se lève augure de sombres menaces. Le groupe pas démonté (ces gens-là aiment la pluie, c'est bien connu !), se livre à une plaisante reprise du TNT d'AC/DC portée par la voix (idéalement) braillarde de son leader. Puis le concert s'interrompt (comme partout ailleurs sur le site) : ce coup-ci, après de nombreuses années de beau temps inespéré et de rares averses sans conséquences, on va se prendre un sérieux coup de tabac, ça repart comme en 1996 ! Peu désireux de revivre le drame de Pukkelpop en 2011, l'organisation ferme tout le temps que l'alerte passe, y compris les bars à mon grand dam - mais il est vrai que ces structures-là peuvent s'effonder aussi bien que les autres. Le public est même repoussé au loin des scènes, à tout hasard.


Comme il n'y a plus de grand chapiteau pour s'abriter, on a alors droit à une belle rincée, avec éclairs déchirant le ciel, et une averse d'une bonne heure. On fait contre mauvais fortune bon coeur en se réfugiant sous les arbres (ce qui est également déconseillé par voix de micro), envisageant avec dépit une possible annulation du reste de la soirée, comme ce fut le cas en l'an 2000... Fort heureusement, les grêlons tombés à quelques dizaines de kilomètres d'ici et la mini-tornade qui a traversé les Vosges épargnent le site : les plus gros concerts vont pouvoir être assurés normalement... évitant par la-même des torrents de larmes noires et un possible suicide collectif des Curistes venus de toute l'Europe !


Car avec une petite heure de retard, voici venue l'heure de la méga-tête d'affiche, The Cure, décidément indéboulonnables et indémodables ! On avouera n'avoir pas eu le courage de réviser la riche discographie de ce groupe (qui ne fait pas partie de notre ADN musical), notamment pour avoir le plaisir de redécouvrir leurs tubes (im)mortels sur scène, où ils ont annoncé un concert de (ouch !)... deux heures trente, et qu'ils vont tenir. Il faut dire que Bob Smith et ses potes, pour la plupart quinquas, jouent physiquement à l'économie ! Sa coiffure n'est plus que l'ombre d'elle-même et lui donne une allure quelque peu, euh, gallinacée, mais qu'on oublie vite à réentendre sa voix magnifique et intacte.


Fait notable, le son est franchement magnifique et le restera tout au long du set. Sa grosse durée, qui doit faire se pâmer de bonheur les premiers rangs, ouvre hélas la set-list à pas mal de titres un peu mollasses genre Pictures of You (et paf, je me fais pleins de nouveaux amis !). Mais heureusement, il y a aussi dans ce best-of des titres pour quasi-ignares comme moi, comme Push, la très entraînante Just Like Heaven et la splendide In Between Days (ouch, 1985, ça ne rajeunit personne !), qui transforme une partie d'entre nous en joyeux danseurs aux chorégraphies débiles (contrairement à la plupart des fans, impassibles comme il se doit). On repense avec émotion à la danse dite 'en essuie-glaces" des corbacks qui hantaient les dance-floors à la fin du siècle dernier, notamment sur la sublimissime A Forest, qui a bercé nos années de jeune étudiants... climax de notre concert !


Par contre, le ventre mou du set et l'heure qui avance finissent par nous fatiguer : 4 ou 5 titres pas reconnus et peu enthousiasmants plus tard, on rend les armes et on passera hélas la fin du concert à essayer de reconstituer notre groupe, mauvais plan causé par le décalage des horaires prévus... Dommage : d'après la set-list on a raté notamment la sombre et très aimée One Hundred Years, ainsi qu'un best-of final de leurs tubes les plus évidents (Boys don't Cry, Why can't I be You et compagnie). Pas de Lovecats par contre, qui figure dans notre panthéon personnel, mais certainement de quoi en donner pour leur argent aux organisateurs comme aux fanatiques, avec un généreux pot-pourri de leurs riches oeuvres...


Un peu dépités, on subit plus qu'on écoute pendant l'attente le rap de Wiz Khalifa, pourtant pas indigne : le rappeur est accompagné de vrais musiciens, a une belle diction et ne perd pas son temps à haranguer les foules comme trop de ses collègues. A revoir de meilleure humeur peut-être ? Il est possible qu'on soit passé à côté de quelque chose. Attendre encore trois quarts d'heure pour Justice ? On les a déjà vus ici en 2007 à l'époque de leur meilleur album, alors... on replie les gaules, à l'issue de cette journée très sympathique (surtout au vu du naufrage qu'elle aurait pu donner !), mais peut-être pas inoubliable. Demain, par contre...



Quelques Vidéos-souvenir : par ici !

La suite et fin, c'est par là !


Photos du concert par Robert Gil. Retrouvez plus de photos sur son site www.photosconcerts.com/mastodon-belfort, www.photosconcerts.com/thee-oh-sees-belfort, www.photosconcerts.com/electric-guest-belfort, www.photosconcerts.com/dropkick-murphys, www.photosconcerts.com/kavinsky-belfort et www.photosconcerts.com/the-cure-belfort...

> Réponse le 11 juillet 2012, par Sarah

Fait chier, ca avait l'air bien mais nous on a raté les Cure pour cause de mauvaise information en arrivant (un peu tard) sur le site. Ils ont joué la sécurité et ça peut se comprendre, mais c'est quand même con qu'on ait cramé une soirée (on était pas les seuls !) pour cause de mauvaise coordination !  Réagir

> Réponse le 16 juillet 2012, par Fredc

[Presqu'île du Malsaucy, Belfort - 30 Juin 2012] Tiens, c'est amusant, je remarque à l'instant qu'on a utilisé tous les deux l'expression "panthéon personnel" à propos d'un morceau des Cure... mais pas le même !  Réagir

> Réponse le 08 octobre 2012, par Bernard

Mastodon : Un concert intense et de tres bonne qualité je suis depuis un inconditionnel de ce groupe!!!!  Réagir


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