Chronique de Concert
Bon Iver + Thurston Moore's Chelsea Light Moving + Arthur Beatrice (MIDI festival 2012)
Après avoir assisté au très bon concert de Aline à la Villa Noailles, avoir pris un Nnorvégien et son pote en stop à l'arrière d'une AX sur une demi banquette à la mousse cuite (l'autre moitié étant occupé par un siège enfant occupé), avoir dû faire un détour pour cause de route bloquée nous arrivons enfin au parking de l'hippodrome de Hyères dans lequel nous nous faisons guider par des hommes en orange pour la plupart barbus sinon en tout cas moustachus.
A l'affiche de cette soirée, et c'est la raison principale de notre présence, le nouveau groupe de Thurston Moore (en attendant de savoir si Sonic Youth est en pause ou fini) et Bon Iver dont je n'entends dire que du bien et que j'ai placé dans la galaxie Sufjan Stevens / National, sur le seule visionnage d'un morceau live sur internet.
Il y a aussi Arthur Beatrice qui ouvre le bal au moment où nous pénétrons dans l'hippodrome. LA grande scène est placée dans un des virage de l'hippodrome en face duquel ont été montés des gradins. En fait ceux-ci prévus pour le festival de Hyères ne sont pas ouverts ce soir et sont barrés par le bar et le stand sandwich / hotdogs.
Sur scène ils sont 4 : un chanteur guitariste : Orlando Leopard, une chanteuse clavier : Ella Girardot, et deux frères à la section rythmique : Elliot Barnes à la batterie et Hamish Barnes à la basse. Je dois avoué que je n'ai pas été aussi attentif que j'aurais du l'être (occupé à aller chercher à manger pour Svet, Lucie et moi)
Pourtant je dois reconnaitre que ça m'a bien plu... Un double chant masculin / féminin (qui au début m'a donné l'impression d'assister à deux groupes différents), de belles mélodies, des morceaux variés allant du calme au très dansant. Je me souviens avoir pensé qu'ils étaient dans la lignée de groupes comme the National (ma recurring référence de la chronique).
En re-écoutant certains de leurs morceaux en ligne (comme Charity ou Midland) j'ai toujours ce sentiment, sauf qu'à la différence de ces derniers, Arthur Beatrice sur scène reste calme comme sa musique. Avec un peu de chance, ils auront tapé dans l'œil de quelques programmateurs du coin et on aura la chance de les revoir plus attentivement du côté de Marseille.
Puis ce sera au tour de Chelsea Light Moving - dont le nom du leader avait été préféré sur les affiches et le programme - de monter sur scène (pile à l'heure annoncée). Dans ce groupe, on trouve donc aux côtés de Thurston Moore, Keith Wood la guitare, Samara Lubelski à la basse et au violon et John Moloney à la batterie (sur la grosse caisse de laquelle est tagué Sonic Youth).
J'avais découvert Sonic Youth au Lollapalooza 1995 où ils m'avaient bluffés (en tête d'affiche après Hole - troublante et desespérée, Cypress Hill - impériaux - Pavement - aucun souvenir -, Beck - brouillon en dehors de Loser, Elastica - péchues -, Yo La Tengo - aucun souvenir -, Blonde Redhead - aucun souvenir - , Mike Watt - aucun souvenir - , Mighty Mighty Bosstones - dynamiques -, et The Jesus Lizard - ridicule qui s'était mis à poil), revus et re-claque quelques mois après au Dome de Marseille (avec Beck qui avait mis le feu à sa guitare scène), puis en 1999 au Moulin, avant de les revoir en 2007 à Istres.
Tout ça pour dire que je suis vraiment ému de le voir à quelques mètres en train de s'affairer autour de ses guitares comme un ado auquel il ressemble toujours. Après un premier morceau raté... ou plutôt interrompu par un retour trop violent si j'ai bien compris, on aura le droit à un petit pétage de plomb qui verra le retour colorié en cible finir par terre avec Thurston montant dessus comme pour l'achever, avant de remercier Lee Ranaldo de le lui avoir prêté. A ce moment-là, j'ai repensé au Norvégien qui me disait les avoir vus plus tôt dans l'année et que c'était mou !
Ensuite le concert prendra son rythme de croisière. Des morceaux qui sonnent vraiment comme du Sonic Youth (et pour cause) dans ce qu'il y a de plus pop. Un Thurston Moore qui avait l'air un peu ivre et qui était en tout cas touchant avec son pupitre (pour ne pas louper des paroles qu'il connaissait mal ?) ou ses remerciements entre les morceaux.
Sur les premiers rangs, j'entendrai quelqu'une se plaindre que tous les morceaux se ressemblent... Moi je n'ai pas trouvé, en tout cas pas plus que les morceaux de Nirvana ou de tout autre groupe qui a un son. Les autres musiciens étaient assez effacés mais ça jouait bien. Au fil des morceaux, à la guitare électrique ou "acoustique" Thurston Moore se détendra et semblera prendre de plus en plus de plaisir et c'est semble-t-il avec regret qu'il quittera la scène après une heure de jeu.
Puis la scène sera envahie de techniciens pour mettre en place le décor de Bon Iver... Nombreux instruments, rangée de lampes sur le devant de scène, vieux rideaux / serpillières géantes pendus au dessus de la scène qui me rappelleront les décors des spectacles de Chantal Goya.
Le crash n'étant pas accessible pendant les 2 premiers morceaux je commencerai le concert du fond... D'où j'ai pu apprécier le côté kitsch des éclairages sur les draps dont je parlais plus haut. Sur scène ils étaient me semble-t-il au moins 9. Deux musiciens de part et d'autre de Justin Vernon en première ligne et derrière 4 ou 5 musiciens dont 2 batteur et Colin Stetson que j'ai forcément reconnu tout de suite...
J'avoue que le décor + tout se monde sur scène commençait à m'inquiéter un peu surtout que l'ambiance n'était pas trop au délire collectif comme chez I'm From Barcelona par exemple, mais plus à la mise en valeur d'une seule personne au centre de l'architecture musicale. Autant l'avouer tout de suite, ce concert m'a beaucoup déçu.
Morceaux fades et lisses joués poliment et sans folie, pour un groupe composé de bons musiciens mais porté par un chanteur trop appliqué. Je ne nie pas la beauté probable de ses disques mais honnêtement sur scène je n'ai rien ressenti, si ce n'est de l'ennui. Il auraient été 3 ou même 5 j'aurais été moins "sévère" dans mon appréciation, mais là j'ai vraiment eu l'impression d'un groupe mélangeant les concepts de Sufjan Stevens (chant angélique) et de Arcade Fire (tribu de multi-instrumentalistes) sauf qu'il n'a ni la singularité du premier, ni l'énergie des seconds.
Bref Bon Iver ne fait pas partie de ces groupes qui en live sont transformés (comme the National avec qui ils ont l'air assez proches puisque Bon Iver est présent sur la compile Dark Was the Night avec Bryce Dessner) mais de ceux qui se contentent d'interpréter leurs jolies ballades comme sur leurs disques (on peut citer dans ce cas Alela Diane, Emily Jane White et pas mal d'autres). A un moment, il y a eu un moment un peu plus nerveux où j'ai eu l'impression qu'il allait se passer quelque chose mais il lui a fallu un bon moment pour s'en remettre et le morceau suivant n'en a été que plus mou.
Dans ce contexte, même les interventions de Colin Stetson ne m'ont presque pas touché. Il faut dire que comparé à lorsqu'il est seul sur scène, sur cette scène surchargée il était difficile de le remarquer ou de réaliser les exploits qu'ils accomplissait. Son Intro en solo sur l'un des morceaux (qui semblait tirée de New History Warfare volume 2) est même surement passée inaperçu pour la plupart des gens je pense.
Bref au bout de trop de morceaux toujours pareils (j'aurais bien aimé demander à la fille du premier rang ce qu'elle pense de la ressemblance des morceaux de Bon Iver), nous avons préféré lever le camp avant d'être véritablement irrité par son chant haut perché... D'ailleurs nous n'étions pas les seuls à avoir regagné notre voiture...
Malgré cette relative déception, je ne regrette pas du tout le déplacement et je garderai un très bon souvenir cette journée du MIDI 2012 et de cette fin de soirée à Hyères, où du haut du balcon de notre hôtel j'ai pu trier les photos de ce soir tout en profitant du spectacle (audio) de la rue avec son marché nocturne...
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et une petite de Chelsea Light Moving ici
et une petite de Bon Iver là
Critique écrite le 01 août 2012 par pirlouiiiit
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