Accueil Chronique de concert (mon) Rock en Seine 2016, 2/2 : Imarhan, Killason, Gregory Porter, Sum 41, Ghinzu, Iggy Pop
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Chronique de Concert

(mon) Rock en Seine 2016, 2/2 : Imarhan, Killason, Gregory Porter, Sum 41, Ghinzu, Iggy Pop

(mon) Rock en Seine 2016, 2/2 : Imarhan, Killason, Gregory Porter, Sum 41, Ghinzu, Iggy Pop en concert

Saint-Cloud, Parc de Saint-Cloud 28 août 2016

Critique écrite le par


Le samedi, c'était par ici !


On commence (mal) notre journée clodoaldienne en ratant (la faute à un repas en terrasse bien trop sympa) les Blues Pills hélas programmés à une heure proprement indécente. Un photographe rock qualifié nous confiera en avoir retiré une impression mitigée, la faute au soleil en pleine gueule qui décidément, ne va particulièrement pas aux groupes de heavy rock... Dommage, c'est pourtant l'un de ceux qui sur album nous avait fait grande impression récemment, et qu'on avait donc un peu "potassé" pour l'occasion... Mais tout chroniqueur un peu gonzo vous le dira : un festival où on ne manque pas bêtement au moins l'un des groupes qu'on voulait absolument voir, n'est pas pleinement réussi ! On entendra donc la fin de loin mais, avec dans les bras un minot de 4,5 ans qui a décidé de commencer sa sieste il y a 10 minutes à la Porte d'Auteuil, pas moyen de courir jusqu'à la grande scène...


Quoi qu'il en soit, l'enfant aura au moins plaisir à se réveiller, pour sa deuxième visite ici, pendant une belle suprise de coin de prog', comme souvent planquée sur la très belle scène "Pression Live" à l'entrée : le quatuor Imarhan, des jeunes bluesmen nord-africains de qualité et très attachants. Il demandera d'ailleurs à enlever son casque pour mieux les entendre, ces gentlemen des sables ayant la délicatesse de ne pas jouer trop fort. Tout en ayant une section rythmique notoirement plus punchy que certains de leurs aînés en chèche - eux ont un look plus urbain que, par exemple, les glorieux Tinariwen ou Toumast... Les deux percussionnistes s'avèrent être des tueurs dans leur genre : on joue moins ici la transe que la rythmique, plutôt le corps que l'esprit donc, mais ça le fait aussi ! Ayant découvert fortuitement leur existence, on a du aller vérifier que leur tube final, vraiment classe, s'appelait bien comme eux, Imarhan. Ils n'avaient que 40 minutes, dommage, on les aurait bien écouté encore un moment. A revoir !


Son abattage d'enfer sur la vidéo de présentation avait un peu piqué notre curiosité, on pensait donc juste aller voir à quoi ressemblait KillASon, par curiosité. Le problème est qu'on ne quitte pas facilement un type comme ça une fois qu'il a commencé : showman total, harangueur de première, fluent in english et volubile en français, danseur émérite, il en fait des caisses, grande gueule flamboyante (mais réussissant à ne pas nous braquer, grâce à son talent et son enthousiasme juvénile), et c'est un rappeur à flow d'enfer toastant sur des sons sortant d'un laptop certes, mais sacrément travaillés. En quelques minutes on a compris que le mec était un phénomène et qu'en effet on allait voir Prince (pour l'attitude), Michael Jackson (pour la danse) et Saul Williams (pour la diction) en même temps - le tout dans un corps de beau mec, sacrément bien gaulé, du genre qui vous claque une moonwalk ou un saut périlleux arrière comme qui rigole... Devant un tel show, les filles ont toutes les yeux qui brillent et même les garçons se rendent et lèvent tous les bras quand il leur demande... Alors tant pis pour les sympathiques Editors, déjà vus au temps de leur splendeur et perdus de vue depuis : le jeune poitevin nous a proprement kidnappés et occupé tout le cerveau, chapeau l'artiste.


Par contre, on apercevra pas assez Gregory Porter, sapé comme un guignol (ce qui n'est pas éliminatoire en soi - regardez La Femme !) pour pouvoir en juger vraiment objectivement. On lui accordera quand même une oreille pas trop distraite, en flânant devant les belles affiches de l'exposition désormais traditionnelle d'affiches des artistes en concert cette année, dessinés par d'autres (Iggy a été massacré, mais certains sont vraiment bien servis, comme nos bien-aimés Slaves passés vendredi). Et franchement, on aura quand même pas l'impression de manquer le soulman révélé du 21ième siècle (qui par ailleurs est blanc et très bien habillé lui, s'appelle Paul "St Paul" Janeway et est passé ici-même il y a deux ans avec ses Broken Bones !). Car tout ici sonne assez pépère et mainstream, façon successeur potentiel de Barry White, et le type aggrave son cas avec des choses aussi problématiques (enfin, selon nous hein !) qu'un solo de saxophone. Faut pas pousser, quand même !


Dans le genre problématique aussi, Sum 41 est un groupe de skate pop punk depuis 20 ans (ce qui est notoirement trop long pour un tel style) et donc avec tous les défauts afférents : titres pour djeuns qui prennent un peu un coup de vieux quand ceux à qui ils s'adressent ont désormais l'âge d'être leurs enfants, formation tellement remaniée que (on a vérifié depuis, mais ça se voyait bien sur scène !) il n'y a plus qu'un membre d'origine, bien décidé à tirer jusqu'à la retraite si possible (un peu comme les encore moins frais Offspring, subis de loin l'an passé). Avec seulement quelques titres passables (Underclass Hero), une absence patente de chansons marquantes les oblige à occuper l'espace avec un son réglé (plutôt mal) au maximum, des gimmicks un peu éculés, et seules les harangues de la petite frappe sympathique nous retiennent plus de 3 chansons. Ca et quelques riffs metalloïdes pas déplaisants, mais pas originaux non plus. Quant à leur première ballade, elle s'approche si dangereusement de Bon Jovi qu'on décide raisonnablement que nous aussi on est trop vieux pour ce genre de conneries (et au moins nous, on est pas sur la scène...) Et puis porter son propre T-shirt en live à ce niveau de notoriété, c'est évidemment la honte intersidérale, tout en révélant une stratégie consistant à vivre en vendant des T-shirts, à défaut de musique... Allez, salut.


Prometteuse en vidéo (où elle se produisait avec un groupe), la très jeune Little Simz est assez décevante en live (où elle est évidemment seule avec un DJ). pas grand chose à lui reprocher, gros beats et jolie voix, elle est mimi, c'est juste moins original qu'on avait cru l'entrevoir... On prend donc la décision d'aller voir la deuxième moitié des Ghinzu, groupe très aimé à une époque mais pas revus de vue depuis un paquet d'années (Eurocks 2010 ?). Ils sont toujours efficaces sur scène, mais manifestement pas décidés à se renouveler (sauf erreur, pas de nouvel album depuis la dernière fois !). On les voit donc interpréter rigoureusement pareil leurs heureusement très bonnes chansons de pop-rock mélodieux : The Dragster Wave, la magnifique 21st Century Crooner ou encore Mirror Mirror et Dream Maker. C'est néanmoins sans regret et un peu déçus qu'on les quitte sur Do You Read Me, pour aller reconstituer toute notre équipe et si possible, de façon pas trop mal placée, pour la venue de l'Idole du jour...


[Interlude : C'est hélas encore aux bâtards du Bataclan qu'on doit, indirectement, de ne pas avoir l'immense Josh Homme et le reste du fantastique gang formé autour d'Iggy Pop pour Post Pop Depression ce soir ! En effet le monde entier a alors découvert Jesse Hughes, sa personnalité hors norme et ses idées quelque peu problématiques après les attentats, et à force de lui tendre le micro, il a fini par y déverser des idioties pourtant habituelles chez lui, mais qui cette fois l'ont fait bannir du festival par un programmateur sans couilles, sans lettres et sans mémoire : il avait tenu les mêmes propos dans Rock'n'Folk le mois précédent... et déjà donné deux concerts vraiment très cool ici par le passé ! Josh Homme, vexé qu'on vire son meilleur pote comme un malpropre, a donc naturellement annulé sa venue à Paris, puisqu'EODM était rayé de la programmation, alors que (si si on peut en attester !) c'était bien Post Pop Depression qui était initialement annoncé sur iggypop.com !... Beau gâchis qu'on doit sans doute aussi au légendaire cocktail de maladresse/déveine des programmateurs du festival Rock en Seine (Amy Winehouse ? Oasis ? The La's ? Et quid de Sharon Jones initialement annoncée cette année ? etc. etc.]


Dont acte, notre petit Joshua ne verra donc pas le grand Joshua pour cette fois... Mais quand même, quand Iggy Pop déboule sur Seine comme un boulet de canon en aboyant déjà qu'Il Veut Etre Notre Chien, on ressent une grande fierté à avoir ainsi amené notre Mini-Me voir une rare légende survivante du rock, peut-être la plus grande de tous dans notre coeur ! Ainsi que notre grande soeur, agréablement cueillie par l'entrée façon best-of du concert, enchaînant avec les plus grands tubes de l'Iguane d'entrée de jeu : The Passenger, Lust for Life complètent ainsi une trilogie fracassante ! Toujours aussi grossier, mais jamais vulgaire, James Osterberg s'en donne à coeur joie et braille moult insanités comme un tonitruant "Let's go, cocksuckers !" à son backing band. Hé ! Si à 69 ans tu peux pas traiter tes collègues de travail de suceurs de b... sans même qu'ils se fâchent, et devant 25 000 personnes hilares, c'est que t'as raté ta vie, non ?


Faisons quand même un petit check-up physique de la Bête : Iggy Pop pète la forme, merci pour lui, il court partout et de traviole avec sa hanche niquée, tape dans des centaines de mains, pense à saluer de tous les côtés, est toujours très présentable torse-nu (un peu plus fripé devant mais toujours ok derrière), a pris moins de rides que moi depuis notre dernière rencontre (aux Voix du Gaou 2005, un festival qu'il a enterré comme pas mal d'autres choses !), il a un sourire d'enfer avec un ratelier certes pas d'origine, il aboie et danse avec la même conviction que depuis toujours ! Libéré de sa fidélité aux Stooges (pour cause de disparition massive) comme à Post Pop Depression, il a le choix d'un répertoire de pur plaisir, composé en grande partie d'oeuvres de jeunesse, en commençant par les albums solo que Bowie l'avait aidé à enregistrer, The Idiot et Lust for Life ! On bavera donc de plaisir à voir enfin en live les chaloupées Sister Midnight, Nightclubbing ou la nauséeuse Mass Production, on se fera décalquer la gueule avec Sixteen ou remuer la couenne avec Some Weird Sin, autant de chansons qui nous accompagnent de loin certes, mais depuis si longtemps...


Mais bien sûr, s'il zappe cruellement China Girl, c'est qu'Iggy peut aussi revisiter Five Foot One avec gourmandise, ou même se taper un Skull Ring bien bas du front juste pour le plaisir : on le suivrait n'importe où... Et surtout dans ses glorieux débuts Stoogiens, incarnés ici par 1969 au milieu (rhaâââ !), et une absolument tuante Search & Destroy à la fin (re-rhaaâââ !). Ah oui parce qu'au fait, ses Cocksuckers font parfaitement bien le job et incarnent les différents sons nécessaires pour le suivre, sans aucun problème audible ! Lui n'a à ce point plus peur de rien, qu'il boit dans une bouteille tendue par un fan sans hésiter, c'est beau ! A ce stade le Gardenia final est presque superfétatoire et d'ailleurs écrasé aussi sec par les aboiements furibards de Down on the Street !... Après 75 minutes passées en un souffle, on voudrait pouvoir le (re)garder encore, se prosterner, on voudrait pouvoir l'embrasser, mais il a déjà choisi une groupie pour l'emmener en coulisse boire un verre et peut-être plus si affinités : il sort dans un grand gigotement de pitre plantigrade et après un salut hilare... Holy shit. What a man ! A dans 10 ans, Monsieur ?


On l'aura compris, la venue d'Iggy Pop aura fait notre journée (à interrompre ensuite pour cause de petit gars ravi mais épuisé à rentrer coucher). Et il aura été plus dur de lui trouver des bonnes frites, après (à l'heure ou 20 000 autres personnes voulaient manger elles aussi !), que de lui faire aimer Iggy "Ziggypop" Pop, pendant ! Car au delà d'un certain niveau de performance physique et sonore exceptionnelle, même un petit gars de 4,5 ans qui vous connaît à peine peut tenir plus d'une heure à vous regarder sans s'ennuyer ! Apparemment Soulwax et Foals, heureusement déjà vus, ont achevé proprement les foules ensuite, tandis que nous rentrions heureux et saturés de bonnes vibrations...

Longue vie à Rock en Seine, we'll be back !

Crédit Photos :
Ambiance 1, Imarhan, KillAson © Christophe CRENEL ; Ambiance 3 © Victor PICON ;
Gregory Porter, Sum 41, Little Simz, Iggy Pop © Olivier HOFFSCHIR. Merci beaucoup !

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Flashback : A ce stade là et même en venant un peu souvent en touriste, ça commence quand même à ressembler à de la fidélité... Chroniques de notre passage aux éditions 2004, 2005, 2006, 2007, 2009, 2011, 2012, 2014 et 2015 du Festival Rock en Seine !



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