Chronique de Concert
(my) This Is Not a Love Song (TINALS) Festival 2018, 1-3 : Mummy's Gone, Peter Perrett, DYGL, Nick Hakim, Sparks, Flat Worms, Les Rustyn's, Moaning, The Jesus & Mary Chain
Quatrième venue d'affilée à This is Not a Love Song, devenu un rendez-vous tout à fait inratable à notre agenda. Ambiance, météo, cadre, programmation au poil (La Route du Rock sans la pluie, en gros...). A part la truck food qui devient totalement hors de prix (les habitués apportent à manger...), le cadre est toujours aussi idyllique ! Alors bien sûr il tend à se patiner un peu avec le temps, et quelques idées marrantes du début ont été abandonnées au fil du temps (tour de contrôle, certains jeux pour grands enfants...). C'est toutefois avec un plaisir non dissimulé qu'on s'apprête, pour la première fois, à y passer 3 jours ! Au point de se prendre, et c'est une première, un rateau (amical) à l'entrée : 17h15 c'est trop tôt, ouverture à 18 heures, enfin !
Début tranquillou avec Mummy's Gone, trio de folk mélancolique, jolies chansons tristes, bien exécutées et chantées mais qui ne parviennent pas à nous émouvoir plus que ça, même en utilisant un violon. Mais ça ne fait rien, comme le public déjà arrivé, on flâne en profitant du cadre, des copains photographes et autres (tout le gratin est là bien sûr, y compris avec pompon rouge). Le site a été recouvert de copeaux de bois qui a priori, peuvent recueillir toutes sortes de débordements, du ciel ou des festivaliers... Jamais facile d'ouvrir, surtout avec une musique aussi calme, mais le groupe n'a pas démérité.
On vibrera davantage au contact de Peter Perrett (aka Pierre Perret, pour les farceurs), vieux rockeur au lourd passé de junkie avec une dégaine à la late Daniel Darc mais au look choucroute-lunette-cuir rouge plutôt Lou Reed... Tout comme sa voix nasale qui imite par moments assez parfaitement celle du défunt poète. Plus speed qu'attendu, avec un groupe de rock au poil (où se cache, ça ne peut pas nuire, une fort jolie violoniste/choriste), le chanteur qui carbure à l'eau, assure parfaitement et sympathiquement le show. Ayant découvert son existence à cette occasion, on ne fera pas plus long sur lui mais au moins 2 ou 3 de ses titres comme Take Me Home ou How the West was won (du Lou Reed presque chimiquement pur) nous ont vraiment fait vibrer. Cool songs, cool show, cool cat et en tout cas, une chose est sûre : il n'est plus défoncé !
S'ensuit un créneau où rien ne nous fera sauter au plafond : les jeunes japonais de DYGL font un rock strokesien dans le joli patio, c'est sympa mais vraiment pas inoubliable - il leur manque le côté jusqu'au-boutiste qui fait généralement le charme des groupes japonais (ex : The Bawdies). Le rappeur Vince Staples a une très belle installation vidéo, mais étant rigoureusement intolérant à l'autotune et autres vocodeurs, on le quitte après quelques secondes. Et Nick Hakim sur la scène du fond, joue une soul pop jolie mais pas vraiment incarnée, dans un genre très balisé et qui nécessite un peu plus d'investissement que ça, mis à part sur le finale plus enlevé et prenant. Du coup le plus rigolo/intéressant de la séquence est encore le blind test de Nina & Simone, dans la Love Room, aussi amusant qu'éclectique (Rammstein, Lio, Midlake, Michel Berger, Refused...) et animé de main de maître par deux pétroleuses très en forme.
Retour à du lourd avec les Sparks, avec un groupe tout de rose vêtu. Les deux frères Mael, déjà vus en duo avec Franz Ferdinand il y a quelques années, sont finalement plus intéressants en solo. Ils jouent toujours leur duo irrésistible de type Clown blanc vs Clown Auguste : Ron est toujours assis au clavier, pince-sans-rire, look de prof de math austère avec pantalon remonté jusque sous les aisselles, tandis que l'éminemment attachant Russell en fait des tonnes au chant/animation un peu fofolle. Un groupe tout à leur service les aide à exécuter leur répertoire haut en couleurs d'opérette/cabaret pop-rock pétaradante, ponctué de tubes insubmersibles, récents comme Missionary Position ou plus vieux (que nous) comme This Town ain't big enough for the both of us. Avec un abattage vraiment irrésistible, ils emportent sans problème le public avec eux dans un concert assez enthousiasmant et sans temps morts.
Ayant revu Beck dans de très bonnes conditions en 2016 (et surtout avant son atroce dernier album), on ne s'attardera pas après le Devil's Haircut d'ouverture, la suite étant indigeste et franchement too much, aussi bien au niveau sonore que visuel.... Place à Flat Worms, garage punk from L.A., rien d'original en soi mais une belle énergie juvénile. Dommage, le son est un peu brouillon et ne leur rend pas service. les Rustyn's locaux de Nîmes, sont bien plus inattendus : très juvénile groupe de rockabilly pur jus, emmené par un assez impressionnnant guitariste/chanteur/harmoniciste, ils mettent une belle ambiance vintage dans la patio et auraient mérité davantage d'affluence. Le public salue néanmoins d'une belle ovation une performance néo-classique très convaincante - voilà de jeunes gens qui connaissent leurs classiques !
La révélation de la soirée sera pour nous Moaning, trio post-punk (également de L.A.) dont le jeune chanteur a une voix blanche de type Ian Curtis, mais avec en plus avec la bouche pleine de soupe. Les compositions sont à l'avenant de l'influence Joy Division, racées et joliment désespérées - dans un style que j'adore, le son étant à la fois sale et précis. Il est vrai que le label Sup-Pop se trompe rarement dans ses signatures... Si le synthé n'apporte pas forcément grand chose, les titres en formation guitare/basse/batterie comme Don't Go ou For Now emportent l'adhésion, l'un ou l'autre étant franchement géniaux dans le genre (Somewhere in there). Un look un peu dépressif, mais une grosse performance au final. A réécouter !
La fatigue se faisant sentir, on dort un peu debout pendant le set de The Jesus & Mary Chain, peut-être un peu trop attendu (au point de monopoliser le merchandising du festival). Bien évidemment comme pour les Sparks, le répertoire richissime du groupe parle pour lui (April Skies, Just Like Honey, etc), qui n'a qu'à dérouler sans forcer, le son toujours réglé sur onze. Seule différence, un chanteur historiquement antipathique (qui prend sur lui mais trouvera toujours moyen de râler, par exemple sur une guitare insuffisamment accordée à son goût). Leur nouvel album, très orthodoxe s'insère naturellement dans la set-list (Amputation). Pour ma part je rends les armes sur War on Peace, tout près de la fin, mais le volume sonore du groupe permettra d'entendre la fin, largement au delà du site de la Paloma.
Une belle première soirée qui en appelle évidemment d'autres !
Deuxième journée, c'est par là !
Critique écrite le 02 juin 2018 par Philippe
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