Chronique de Concert
Jules Henriel, Catalogue - Expo photos Pacal Peuch, en soutien au Vortex
La raison de cette belle concentration de gens dont je reconnais plein de têtes, en est qu'une belle exposition de photos de concert, celles de Pascal Peuch, va en tapisser les vitres jusqu'à fin mars, du département Société ! Le photographe, je dois bien avouer que je ne le connais ni de travail, ni même de vue - par contre nous avons vu les mêmes groupes en concert, c'est un fait, et parfois au même endroit, et je peux en identifier sans tricher environ les 9/10ièmes. Pour une chronique de l'expo photo elle-même, je ne suis pas qualifié, c'est en noir et blanc, très beau et pas dénué d'humour pour certaines - mais je suis sûr que vous irez les voir !
Comme représentants de L'esprit punk on Mars, l'équipe du Vortex et celle de l'Alcazar ont évidemment choisi deux représentants de la scène actuelle qui ne font pas de la musique punk - ce serait trop simple. C'est qu'il faut entendre ici - comme ce sera précisé plus tard dans les discours - par "esprit punk", un concept allant de "pas cher, pour le public", à "do it yourself, pour la scène". Tout à fait raccord avec les valeurs qui animent depuis 121 numéros les petites mains enregistreuses, dessineuses, plieuses et distributeuses de ce vaillant petit opuscule, le Vortex ! Et avec celles des artistes du jour, Jules Henriel et le trio Catalogue, à qui le chef de département fait très bon accueil lors de son petit discours introductif.
De punk, le premier a tout de même la coupe (mi-Bowie, mi-Vicious), et la bière pisse-de-rat. Jules Henriel n'a pas froid aux yeux, on l'a souvent constaté ; il s'est quand même un peu chauffé avec de la bière verte en boîte... Il joue assez fort mais pas trop, avec un belle reverb sur la voix, et une guitare qui n'est qu'en apparence acoustique : dès le deuxième morceau, un titre digne du finale d'un concert ! Ses compositions (enfin je crois - rien d'assez classique/basique pour que je le reconnaisse, en tout cas), portées d'une voix joliment arrachée et habitée, emplissent très bien l'espace.
En particulier, la chanson où il répète Everyone is happy, but nobody is fine ! est un tube - espérons qu'elle est de lui, tout comme ce titre assez splendide dédicacé à Stephan, un pilier incontestable de ce fameux "esprit punk", qui fera d'ailleurs un petit speech inspiré sur le sujet ensuite. Je m'étonne que ça dure tant, car je pensais qu'on allait nous fiche dehors à 19 heures, mais c'est bien un vrai concert du plus-si-p'tit Jules, un set qui paraît complet, enrichi de la paradesque It All Went Bad Somehow. Comme les autres gens n'ont pas l'air étonné de cette durée, j'en conclus que je suis le seul à avoir raté une information horaire, dont acte.
C'est ensuite l'unique Stephan Mystic Punk Pinguin qui s'avance, avec une béquille aujourd'hui (pas eu l'occasion de lui demander pourquoi, mais il ne l'avait pas il y a quelques jours, à la dernière réunion Phocéa Rocks où je l'ai croisé). Il faut dire qu'il est un peu à l'épicentre de cette galaxie DIY, militante, grouillant dans les caves soniques de la ville et qui s'auto-rajeunit toujours - parait-il, les petites salles sont pleines alors que nous autres les têtes grises, on a généralement plus la force d'y sortir beaucoup... Parait-il aussi, que des petites mains nouvelles se présentent toujours au Train en Marche, pour plier de nouveaux Vortex, et de tout cela on ne peut que se réjouir !
Stephan tentera aussi de cerner l'essence du Vortex : parler d'abord d'un ensemble de salles pas trop subventionnées, et si possible pas, passant des concerts à 10 balles max, et si possible moins (et même d'un disquaire à soutenir car il proposerait, parait-il, des showcases gratuits depuis 17 ans !) ... Se cantonner à un style pas trop précis mais quand même plutôt rock et apparentés, branche créative - pas de groupes de 100 % reprises, par exemple... 201 événements annoncés pour février 2024, précise-t-il, dans le précieux petit opuscule #121 tiré à 1 500 exemplaires s'il-vous-plaît : il salue enfin le public du jour, "moins sectaire que d'habitude" (ce sont ses mots, mais amicaux a priori), place les mots "camarade" et "soviet" comme il se doit, mais ni "goulag" ni "Karl Marx" - il a du être briefé, c'est sûr...
De punk, les seconds à jouer ont tout de même la boite à rythmes, marqueur sonore s'il en est (et ô combien moins encombrante qu'un set entier avec batteur et tabouret !). Tout comme le minot, ils ont été chroniqués ici un paquet de fois, on essayera pas de surpasser nos/vos proses précédentes : ils sont trois, elles sont belles, super bien habillé.e.s comme toujours, iels envoient du lourd, les Catalogue ! La voix chaude et aigüe d'Emma évoque une riot-grrrl arracheuse de scrotums machistes, tandis qu'en alternance, la voix blanche et grave de Raphaël nous envoie directement dans des caves mancuniennes, climatisant à 12 °C le département Société, raccord avec la météo pluvieuse de ce soir-là.
Quant à l'Eric Trolux, chargé de cordes comme les autres, il oublie manifestement assez vite qu'il a confessé sur FB avoir les miquettes avant ce concert ! Elégance innée de Madame, flegme naturel de Messieurs, tout ça déroule et il suffit de laisser l'effet se faire, pour que ça commence douvement à danser devant et à onduler derrière, propulsé par la boite à pétaradance, en plus du reste. As time goes by, Catalogue goes on and on, Effect without effect ! - j'ai noté tout ça, je ne sais plus trop pourquoi, ça faisait sens sur le moment et à jeun - des bouts de paroles sans doute, saperlipopette, j'ai pourtant tous leurs disques à la maison !
Ravi de leur performance, j'essaye de tourner autour pour varier mes photos (qui resteront globalement inutilisables hélas), constatant aussi que mon horaire de rendez-vous au restaurant pour un anniversaire (...celui de l'ex-bébé du début !), sera incompatible avec la fin du spectace de ce soir. Ayant rendez-vous à 19h30, je dévale à regret les escaliers, poursuivi dans le patio par la voix râlant fort et sec de Madame, et passe donc la porte historique en trombe à ... 19h30, bien content d'avoir retrouvé le chemin des guitares et des voix dans cette belle et toujours punqueroque ville de Marseille, ne vous déplaise.
Puisqu'elle réussit à blinder de monde un Département très sérieux de sa Bibliothèque Municipale, par un vendredi soir pluvieux... Alors si vous n'y étiez pas, vous avez jusqu'à fin mars pour aller voir l'exposition de Pascal Peuch et les autres événements annoncés, et emprunter un vinyle de/du Catalogue à l'Alcazar, si besoin ! Photos à venir, peut-être : je n'ai pas vu travailler de photographes vraiment connus de moi, celui exposé a profité de sa soirée de vernissage (avec raison), et si celles de Vincent LUER sont bien cool, il ne semble pas avoir pu rester jusqu'au deuxième groupe, hélas...
Critique écrite le 14 février 2024 par Philippe
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