Chronique de Concert
Suonno d'Ajere + Dafné Kritharas + Ana Lua Caiano + Sanam + Poil Ueda + Oriane Lacaille + Poundo (Babel Music XP)
On appréhendait un peu le coté pratique pour ce jeudi, entre le métro finit à 21h30 en semaine et le tram non desservi depuis un incendie, mais heureusement il y avait cette fois pas mal de navettes de substitution pour le retour.
Suonno d'Ajere - Scène Cabaret
On commence avec de la chanson Napolitaine avec un trio enchanteur pour cueillir les premiers festivaliers en configuration places assises, parfait pour apprécier cette musique calme, dans une ambiance plutôt nostalgique.
La chanteuse va même plus loin en nous demandant si on était prêts pour le moyen âge.
Elle est épaulée de deux guitaristes à la tignasse presque aussi celle de Irène Scarpato, à la longue robe, au sourire et à l'accent ravageurs.
Le fait qu'elle parle en français (et chante même un titre aux sonorités jazz manouche) rajoute à la proximité immédiate avec le public rapidement conquis par autant de bienveillance.
Une voix puissante et une gestuelle assez théâtrale pour elle, le mélange guitare acoustique et mandoline pour ses complices, la soirée commence tout en douceur.
Dafné Kritharas - Scène Sucres
La suite est tout aussi séduisante mais plus ancrée dans la modernité, en entendant la Franco Grecque aux pieds nus et aux airs de Maiwenn, on pense à des américaines Weyes Blood et Julia Holter, aussi bien vocalement que dans certains arrangements.
Elle explique sa démarche et ses influences, avec des thématiques autour des bateaux, des rêves, avec un long poème en français.
Ses musiciens (guitare, contrebasse, clavier, piano) délivrent un écrin très soigné.
Elle semble habitée tout au long du set qu'on aurait également écouter assis, comme pour la formation qui précedait.
Ana Lua Caiano - Scène Mirabeau
Sacrée sensation que cette jeune Portugaise dont l'album est déjà un succès critique après un EP prometteur l'an passé.
Mis à part un morceau où elle descend de son piédestal, elle surplombe la salle avec une table surélevée avec ses machines et ses instruments.
Le mélange musique électronique et influences traditionnelles est assez bluffant.
Entre sa baguette, ses percussions et son souffle et sa voix qu'elle sample et traficote, on est pas très loin d'une Rosalia, en moins aguicheur.
Le coté tribal est omniprésent et on découvre un univers personnel qui devrait rencontrer son public.
Celui de ce soir l'acclame à sa juste valeur cette prestation atypique.
Sanam - Scène Cabaret
Dans un genre nettement plus rock, les Libanais enflamment une salle comble et bouillante, avec une énergie communicative.
La chanteuse est possédée et le groupe délivrent une décharge électrique avec des passages bien psyché avec de longues plages instrumentales.
Beaucoup aimé l'archet d'un des guitaristes utilise comme un violon, et la joueuse de luth aussi concentrée qu'efficace.
Poil Ueda - Scène Sucres
Tout aussi rock mais un peu plus expérimentale, l'association entre les Lyonnais de Poil et la Japonaise Junko Ueda est un des concerts les plus surprenants de ce soir.
Difficile de retranscrire leur style, entre le chant très particulier, son luth aux sonorités exotiques, en collision avec des musiciens qui ne s'autorisent aucune limite, autant pour les morceaux planants que ceux bien énervés.
Pas forcément accessible et festif mais définitivement à découvrir sur scène.
Oriane Lacaille - Scène Mirabeau
La suite est beaucoup plus chaleureuse avec ce joli moment de la musicienne d'origine Réunionnaise, dont l'album m'avait donné envie plus.
Elle prévient : "il reste de la place pour la douceur", avec un regard et un sourire absolument dévastateurs.
Elle est accompagnée d'une batteuse qui fait également les ch?urs, tout comme son complice à la contrebasse, avec des tenues particulièrement estivales.
Oriane est quand à elle tisse un folk créole avec du yukulelé, avec des incursions bienvenues dans d'autres sonorités plus remuantes.
Comme ce titre de Sega où le public est invité à se déhancher, un autre ou c'est son comparse qui danse de manière spectaculaire.
Un moment pacifiste où on entend même un peu de flute et de la trompette.
Elle encourage ceux et celles qui ont aimé leur showcase à venir discuter et acheter son vinyle "pour ceux qui achètent encore ces trucs".
Poundo - Scène Cabaret
Il nous reste quelques calories à perdre avant de rentrer, ce sera avec le show survolté de la rappeuse/chanteuse d'origine sénégalaise.
Notre photographe arrivera non sans mal à capter quelques rares instants où l'artiste ne bouge pas.
Dans les premiers rangs l'ambiance est explosive, elle invitera d'ailleurs à faire monter certains danseurs.
Musicalement c'est entre le dancehall, le kuduro et l'amapiano, autant dire que la fête bat son plein, avec des sifflets façon carnaval, un batteur qui ajoute des percussions en plus des beats programmés.
Une révélation et une belle claque en somme, on ne pourra pas mieux quitter les lieux avec une sacrée patate.
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Critique écrite le 07 avril 2024 par Sami
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