Chronique de Concert
6ème continent : Expeka trio : Casey - Troupé - Wa
Le contexte : Ce concert est un des 68 évènements du festival Jazz Sur La Ville. Et c'est, en plus de la Meson, à l'émission "Le Coton Club" et Stéphane Galland que l'on doit ces deux dates autour de Sonny Troupé. En effet la veille il se produisait avec son quartet add2 (donc 6 personnes). Ce soir ils ne sont que 3 et c'est Stéphane qui, en même temps que le concept 6ème continent "parcours autour des musiques et cultures de la Caraïbe".. la musique est un partage ..., nous les présentera avant qu'ils ne descendent : Célia Wa chanteuse, danseuse, musicienne (qui a été formé dans la troupe du père de Sonny si j'ai bien entendu), Casey (j'y reviendrai) et Sonny Troupé au CV trop long pour être détaillé mais qui est le point commun de ces 2 soirées. Ce trio Expeka est en fait un morceau d'un groupe beaucoup plus gros ...
Petite parenthèse sur Casey. Si j'ai choisi de venir ce soir, plutôt que la veille par exemple, c'est vraiment à cause/grâce à elle. La première fois que je l'ai vue (et entendue) c'était avec Hamé (de La Rumeur) aux côtés de >b>Zone Libre en 2009 au Poste à Galène (quelle claque !). Je l'avais ensuite revue quelques mois plus tard, toujours avec Zone Libre mais avec B. James à l'Affranchi, et encore une fois un an après (pour leur nouvel album) cette fois à Bouc Bel Air. Entre temps que l'avais aussi vue toute seule (enfin sans musiciens avec des isntruments) à l'Affranchi et même si j'avais trouvé cela beaucoup moins puissant j'accrochais quand même aux textes et au personnage. Et même si la video que j'ai regardé m'a fait un peu peu par le côté minimaliste de la musique j'y vais confiant.
Le concert affichant complet mais la Meson ne faisant pas de surbooking il y a de la place pour tout le monde et je ne suis pas le seul assis par terre. Pile en face. Les micros me gêneront pour les photos mais au moins je serai vraiment dedans. A gauche Célia Wa (impressionnante coupe afro) à la flute traversière et au chant (donc deux micros), au centre Sonny Troupé au Tambour Ka et au chant, et à droite Casey (chemise à carreaux bleus et rouges comme une fois précédente) au micro et au téléphone portable (pour les textes ?).
Ils attaquent par le très poignant Un sac de sucre avec son refrain répétitif repris à 3 voix, celles de Celia et de Sonny amenant un peu de douceur à celle de Casey toujours aussi tranchante. Il est question dans ce texte (repris de son album Libérez la bête, et dans plusieurs de celles qui suivront, d'esclavage et de rhum. Les 3 artistes ce soir partagent la même origine caraïbéenne (Guadeloupe et Martinique).
N'ayant pas pris de notes (mais fait pas mal de petits bouts de vidéos) je me fie à la setlist photographiée en entrant. Ils poursuivront donc avec le très sombre Animal blessé, qui sera adoucit par la flute de Célia.
Les deux morceaux seront plus légers départ de du moins avec le chant de Célia plus aérien notamment sur Yo méné nou la, mais Casey est là pour nous faire redescendre violemment sur terre et nous "rabâcher" quelques vérités peu enseignées ou en tout cas qu'on a tendance à oublier. Le morceau finit cependant comme il a commencé en douceur avec la flute bouclée de Célia et son chant enjoué, tout le monde claquant des mains.
Suivra une très belle démonstration de tambour Ka, sous le regard médusé du public et amusé de Celia et Casey. La complicité qui relie les 2 chanteuses (et plus généralement le trio) malgré les différences (plus nombreuses que les points communs) est palpable. Celia aimerait bien qu'ils parlent plus entre les morceaux, mais ni Sonny ni Casey ne sont vraiment loquace en dehors des textes des chansons. Comme le dira Sonny : rien à ajouter qui n'est pas déjà dans les morceaux ou la musique.
Cela dit c'est aussi dans les moments entre les morceaux qu'on peut rentrer un peu plus dans leur univers et avoir l'impression de faire partie de leur intimité sinon en tout cas de leur complicité. Je retiendrai par exemple ce regard gentiment moqueur de Célia disant "New York" à Casey et le sourire un poil gêné comme toute réponse. Après Chez moi dont je reconnaitrai aussi déjà le texte, ce sera le moment terriblement noir / glaçant / oppressant de Le mort vivant (tiré de L'angle mort) avec sa montée en puissance et en volume ...
Lorsque le dernier vers "Car les morts-vivants ne savent pas s'émerveiller." sera dit et que le morceau s'arrêtera tout le monde poussera un "waw !" de soulagement avant de se mettre à applaudir. Même Casey à qui il semblera falloir cette fois quelques secondes pour sortir du morceau et se reconnecter au public amical.
Sur le suivant C'est moi qui sais (où j'ai mal et c'que ça m'fait), les parties instrumentales sont toujours aussi subtiles et le refrain lui est répété un grand nombre de fois, comme pour être sûr qu'il sera bien compris par tout le monde ...
Ils finiront par un Konsep mené tambour battant (c'est le cas de le dire) sur lequel Célia elle aussi se mettra à rapper et surtout sur lequel ils nous feront participer aux chœurs "le le lalala lea lea, lea la lea lala" avant de saluer le public, s'excusant presque de devoir s'en aller maintenant (Stephane nous ayant prévenu qu'il n'y aurait pas de rappel, mais ayant légèrement surévalué la durée du set).
C'est donc sous un tonnerre d'applaudissements et avec une pointe de frustration que nous les laisseront partir. Après tout il était quand même un peu tard pour un dimanche soir, surtout pour les quelques enfants présents jusqu'au bout et qui avaient école le lendemain. Cela dit quel beau partage ce soir ... qui nous aura presque fait oublier que nous vivons dans un monde où l'argent est roi et le seul moteur de pas mal de gens, ce que ne manquera pas de nous rappeler le mur qui encercle désormais la Plaine depuis quelques semaines déjà ...
Set list : Sac de sucre, Animal blessé, Lésé muen, Yo méné , solo Sonny, Chez moi, Le mort vivant, C'est moi qui sais, Konsep
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Critique écrite le 13 novembre 2018 par pirlouiiiit
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