Chronique de Concert
AaRON
Simon Buret est au chant, Olivier Coursier passe régulièrement du piano à la guitare, et ils sont accompagnés d'un bassiste, d'un batteur et d'une guitariste/claviériste. Les éclairages sont crus et baignent la salle d'une ambiance post-apocalyptique. Il ne faut que quelques titres pour que le public, plutôt jeune et majoritairement féminin, soit conquis. Le duo sait doser le rythme de sa prestation : on commence calmement par le mystérieux Rise, puis on se fait plus punchy avec Endless Song, avant de revenir à une ambiance tamisée sur Lost Highway. Dès le quatrième titre, un nouvel élément de la scénographie se dévoile : des panneaux de diodes s'allument autour des musiciens et font varier les couleurs, les motifs, de façon assez sobre et plutôt jolie.
Si la musique d'AaRON peut aisément être qualifiée de mélancolique, elle est souvent bien plus rythmée qu'il n'y paraît. Sur Blow, un de ses meilleurs titres, le groupe propose même au public "de faire n'importe quoi". Bon, tout ça reste assez policé, mais les spectateurs en profitent pour frapper des mains et lancer leurs bras dans les airs. L'ambiance est déjà chaude et il en faut bien peu pour mettre les groupies en émoi : à peine Simon Buret s'approche-t-il du devant de la scène qu'on enregistre un pic d'strogènes dans la salle. Arrive déjà leur dernier single, Seeds of Gold, avec lequel les deux compères offrent quelques belles montées vers un refrain puissant qui emporte tout le monde. C'est une nouvelle démonstration de force, mais c'est aussi la fin d'un premier chapitre de ce concert, une entrée en matière enthousiasmante, où AaRON alterne à merveille titres calmes et plus rythmés, et où la foule se laisse conquérir et ne boude pas son plaisir.
Seulement voici War Flag et son intro martiale. Moins pop, moins emballant, plus brut et plus abscons, le titre refroidit un peu tout le monde. Difficile d'accès, il laisse les spectateurs perplexes, dans l'attente de quelque chose de plus entraînant. Ils ne l'auront pas avec Six Feet Under (bien qu'il monte en puissance après son intro piano/voix), ni avec Birds in the Storm (plus électro mais aussi plus froid, presque décadent). Et la série continue avec A Thousand Wars, pour lequel Simon Buret annonce qu'il va "essayer de créer de l'intimité". On part alors sur un classique guitare/voix, pas moche, mais qui tombe un peu comme un cheveu sur la soupe, et surtout plus reposant que vraiment émouvant. On dirait une de ces ballades insipides qu'un brun ténébreux gratouille sur sa guitare au coin du feu pour charmer la première greluche venue. C'est assez faible et un peu facile.
Le duo enchaîne avec Mister K, à nouveau guitare/voix (cette fois la guitare est acoustique) qui recueille un joli succès, sans être incroyable non-plus. Déjà plus intéressant, Waiting For The Wind To Come offre lui un blues-rock accrocheur. Le morceau est progressif, comme en expansion, mais le public lillois reste encore sur sa faim. Pour conclure le set, AaRON lance enfin un titre convaincant : Arm Your Eyes, orageux, puissant, avec ses accents à la Coldplay, c'est une réussite.
C'est sur cette note plus positive que le groupe sort de scène, où il est vigoureusement rappelé par le public. Celui-ci est tellement déchaîné qu'il laisse sans voix Simon Buret au moment de reprendre le micro, occasionnant un joli faux départ sur Little Love. Cette fois, c'est prenant et le public chante en chur. Beau, nébuleux, saisissant, le titre envoûte toute la salle d'un coup avec ses airs de berceuse héroïque. Les spectateurs reprendront même le refrain a capella devant un groupe sincèrement ému, sourire aux lèvres, qui se voit couronné d'un tonnerre d'applaudissements. Pour ne pas laisser le public refroidir, AaRON enchaîne avec Ludlow L., carrément rock avec sa rythmique très efficace, qui fait sauter la foule et se termine lui aussi par une énorme ovation. Ne laissant aucun répit dans ce rappel magistral, le duo entame alors le titre qui l'a fait connaître, le superbe U-turn (Lili) , repris par la salle du début à la fin, et qui vaut une troisième ovation consécutive. Enfin, avec le moins connu Passengers et sa fin électrique et très puissante, le groupe parvient à maintenir l'ambiance au moment de sortir à nouveau de scène.
L'Aéronef rappelle encore plus énergiquement ses deux idoles et elle est rapidement exaucée. Les deux compères ont laissé leurs musiciens en coulisses et offrent au public un ultime morceau : Embers, en piano/voix, ballade à l'ancienne, triste et touchante. Un vrai moment de grâce pour mettre un point final à la soirée.
C'est donc à un concert en demi-teinte que les spectateurs lillois ont eu droit : époustouflant par moment, essoufflé à d'autres. Entre une première et une dernière parties qui tutoient les sommets et enivrent la foule, il a fallu subir ce long intermède plutôt décevant, fait de titres plus faibles ou plus abstraits. D'une manière générale, il faut remarquer que le public connaît encore mal le nouvel album du groupe et qu'il se montre beaucoup plus réceptif aux anciens titres, ce qui a tendance à déséquilibrer le concert. Toutefois, le duo s'en sort plutôt bien et fait en sorte que le phénomène ne soit pas trop marqué. En conclusion, on dit souvent que c'est la première et la dernière impression qui restent, et elles furent toutes deux excellentes ce soir. Si AaRON passe près de chez vous (et qu'il reste des places), n'hésitez pas, ce sera une belle soirée.
Critique écrite le 21 novembre 2010 par fredc
Envoyer un message à fredc
Voir toutes les critiques de concerts rédigées par fredc
AaRON : les dernières chroniques concerts
Muse, The Lumineers, Aaron, Lia, Grand Blanc, Courtney Barnett, Last Train, The Deaf (Paléo Festival 2016) par Lionel Degiovanni
Nyon, le 19/07/2016
Nous voilà ici, de retour en Suisse, pour assister au Paléo 40+1 !!! La barre des 40 est passée, et l'ambiance du Paléo est toujours présente. On y retrouve aussi pas mal de... La suite
Aaron + Yanis par Cathy VILLE
Radiant-Bellevue à Caluire et Cuire, le 30/01/2016
Concert de Aaron ce soir au Radiant-Bellevue avec une première partie assurée par Yanis, un jeune homme qui n'en est pas à sa première expérience musicale. Précédemment connu... La suite
AaRON par Calie-cotto
Espace André Malraux Six-Fours, le 28/11/2015
AaRON ... Groupe portant le même nom que leur premier LP : Artificial Animals Riding on Neverland. Si on fait aussi référence à ce prénom biblique, on retrouve dans l'étymologie un... La suite
Aaron + Rover par Ysabel
Espace Julien - Marseille, le 14/10/2011
Je dois reconnaitre que j'ai été un peu déçue lorsque j'ai découvert que ce n'était plus Nadéah qui assurait la première partie du concert de ce soir à l'Espace Julien. Elle ma ... La suite
L'Aéronef - Lille : les dernières chroniques concerts
Trisomie 21, Guerre Froide, Dageist, DJ Der Gregolini par Charliii
L'Aéronef, à Lille, le 24/11/2017
24 novembre 2017, Trisomie 21 fête la sortie de son dernier album, Elegance Never Dies, avec une série de dates françaises. Accompagnés de Dageist et Guerre Froide, T21... La suite
Grandaddy + Amber Arcades par Dissy
L'Aéronef, Lille, le 09/04/2017
C'est sous un soleil quasiment estival en ce début d'avril que j'arrive devant l'Aéronef, ma première fois dans cette belle salle lilloise, pour une soirée tant attendue.
Amber... La suite
Dropkick Murphys + Slapshot + Skinny Lister par Benjamin Wozniak
L'Aeronef, à Lille, le 29/01/2017
C'est le dimanche 29 janvier à 17 heures que l'Aéronef nous a donné rendez vous, oui, oui 17 heures, pour un moment riche en convivialité, bonne humeur, bières et légendes... La suite
Thee Oh Sees par Xavier Averlant
Aéronef, Lille, le 15/09/2016
Pour l'ouverture de la saison de l'Aéronef, nous ne voulions pas manquer le concert de Thee Oh Sees le 15 septembre dernier. Les Magnetix ouvraient la soirée et... La suite