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Chronique de Concert

Absynthe Minded

Absynthe Minded en concert

Le Poste à Galène - Marseille 30 Avril 2010

Critique écrite le par

Vendredi 30 avril soir. Absynthe Minded en concert au poste à galène.
- Qui ?
- Un groupe belge de pop-rock avec une légère tendance à lorgner du côté du jazz, qu'il soit manouche ou free.
- Connait pas. Ce soir, de toute façon, y a Auxerre-OM, alors, ton concert...
- Moi, j'y vais quand même.
- T'es con




21h45. Le groupe monte sur scène devant une salle suffisamment remplie pour me rassurer sur la nature humaine. A moins qu'il y est une colonie flamande à Marseille. Si c'est le cas, les Belges sont plutôt jeunes et plutôt de sexe féminin. Mais je commence à comprendre quand je vois débarquer le chanteur d'Absynthe Minded, Bert Ostyn, gueule d'ange sous cheveux blonds. Le bassiste et contrebassiste retient aussi mon attention, avec son allure de bûcheron canadien, cheveux bouclés mi-longs et vraiment sales, yeux fatigués, barbe de trois jours, chemises à carreaux. De l'autre côté de la scène, le clavier ressemble à Houellebecq : bien propre sur lui et ce léger regard condescendants sur les autres. Le batteur, lui, a l'air complètement endormi avec son casque sur les oreilles. Quant au violoniste, Renaud Ghilbert, qui jouera également de la trompette, il semble faire la synthèse contre la décontraction rock (converse, slim, tee-shirt) et la négligence manouche (pas rasé, veste de costard, chapeau).



Voilà pour la présentation du groupe. Pas étonnant, avec un tel attelage, que le groupe propose une pop-rock assez ambitieuse, en tout cas sur disque.

Ils entament avec Mercury, un morceau assez péchu, histoire de se mettre dans le bain. On remarque toute de suite que le violoniste prend son instrument pour une guitare, qui plus est distordue. Mais vu la tronche qu'ils tirent tous, ça n'a pas l'air de le faire. "On est très content d'être à Marseille, c'est la seconde fois en 1 an et c'est peut-être la dernière", lâche Le chanteur. Ambiance...

Sur WE in Bombay, le violon a retrouvé l'épaule de son maître qui s'est emparé de son archet et on tombe un peu sous le charme de la digression jazz amené par le solo du clavier, qui finalement, n'a peut être pas trop d'être condescendant, vu son niveau.



Sur Fortune, on revient à une formule classique de la pop-song, avec juste le bassiste qui a remplacé sa basse électrique.

A croire que le groupe cherche à chaque fois à pimenter ses morceaux d'une orchestration différente. Mais pour cela, il faut du matos. Sur le coin gauche de la scène, un petit périmètre à été sécurisé pour placer un rack de guitares. Le groupe à même un roadie (un Wallon ?) qui est chargé des 3 guitares du chanteur et de celle du clavier, quand il la prend. Au Poste, ça tout de suite un peu too much... Les Belges n'auraient-ils pas les pieds qui gonflent ?

"J'ai écrit cette chanson après avoir vu une belle femme. Ça s'appelle I'm a fan", raconte Bert sur le morceau suivant. On s'attend à une ballade, et on a droit à une chanson de mariage dans les Balkans. Une fois la surprise passée, ça nous laisse de marbre.



On glisse dans la guimauve avec Heaven Knows, un morceau à la Dire Straits, comme le qualifie Mcyavell, grand fan du groupe mais pourtant pas dupe. Sur le suivant, Papillon, là, c'est carrément du Elton John, avec un déluge de sirop d'érable. On enfonce les portes ouvertes de la pop-rock avec Substitute. La formule du violon utilisée comme une guitare pour cracher des riffs sales commencent à devenir lassante. Je tombe dangereusement dans l'ennui. Je ne suis pas le seul quand je croise le regard lassé du roadie, une guitare en attente en main.



Le miracle arrive sur People of Pavement avec un morceau qui part comme les autres, mais qui s'échappe à la moitié vers une digression jazzy totalement libératrice qui se conclut sur un bruit blanc digne du meilleur Sonic Youth. Là, le groupe a l'air de prendre son pied et du coup, nous aussi. Le concert commence alors à prendre une autre tournure avec l'enchaînement de My Heroics Part 1, l'un des sommets de leur précédent album Introducing.
On continue de remonter la pente avec Multiple Choice, avec son intro à la contrebasse, tempo à contretemps, la montée en puissance du violon-guitare qui finit par copier le son des bombes qui tombent. Retour à un cadre plus classique pop-song (le clavier a pris une guitare) pour Envoi, qui, justement, envoie bien dans le mile de nos jambes.



A peine une heure de concert, et le groupe fait un breack avant de revenir pour I like when you're sad et surtout un Stuck in reverse en forme de montée d'adrénaline et d'hommage au plus grand groupe belge de ces 20 dernières années : dEUS. La salle suit à fond, satisfaite de pouvoir enfin se lâcher. Le groupe, plus que jamais en phase, se lance alors dans un dernier morceau pas prévu sur la set-list. On a l'impression d'un boeuf d'un groupe de jazz qui se serait récemment au rock. Ça part dans tous les sens mais à chaque fois, le groupe revient sur la ligne de basse. Excellent.
"We come back, i promise", lâche Bert en quittant la salle. Comme quoi, le Belge flamand n'est pas si inflexible que cela.



Au final, un bon concert de ce groupe qui devrait néanmoins totalement lâcher le créneau rock-pop avec ballades lacrymales pour s'éclater sur des chemins de traverse qu'ils ont manifestement plus de plaisir à fréquenter.

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