Chronique de Concert
AC/DC
C'est en ayant plus ou moins volontairement raté les premières parties que j'entre dans le mythique Stade de France pour la première fois, guidé par ma soeur qui y a déjà ses habitudes - un endroit assez impressionnant et où l'effet chaudron joue à plein, on va pouvoir le constater ce soir ! Il faut dire qu'il fallait bien un sas de décompression pour se remettre de la splendide exposition David Bowie Is vue dans l'après-midi, dans ce gigantesque étron argenté qu'est la nouvelle Philharmonie de Paris. Il est un peu tard et hors-sujet de recommander cette visite passionnante ici (il reste 4 jours...), mais il y a largement de quoi traverser la France pour elle : la beauté foudroyante du son et des images, dans une qualité habituellement inaccessible, nous y a parfois mis les larmes aux yeux !
Ceci étant précisé comme caution intello-sensible, on peut donc s'adonner à un de nos vices les plus bourrins, régressifs et récurrents (c'est déjà la troisième fois, quand même...) : aller voir AC/DC en concert en prétendant que c'est la dernière chance de les revoir ! Sachant d'avance que le public sera plutôt mâle et que pas une corne rouge ne manquera (au fait, parmi les cornés, n'y a't-il pas quelques vrais cocus pendant les deux heures du concert ?), que le groupe commencera par la première chanson du dernier (et énième) album, aussi anodin que le précédent...
... Que les fans arboreront fièrement le T-shirt de la tournée en cours (alors qu'un spectateur rock doté d'un minimum de snobisme ne s'abaisserait jamais à mettre le T-shirt du groupe du jour !)... Ou encore, que le solo d'Angus Young durera 10 minutes pendant Let There Be Rock et se fera sur une plateforme, et que le concert finira, sauf armageddon nucléaire survenu entre temps, par Hells Bells et les canonnades de For Those About to Rock... Car oui, aller revoir AC/DC, c'est comme regarder The Big Lebowski pour la dixième fois : à peu de choses près on connaît d'avance toute l'histoire et les moments cultes ! La seule question qui vaille finalement est : sont-ils toujours en forme ?
Alors que Malcolm Young souffre d'Alzheimer précoce, que Phil Rudd est grounded en Australie sous prétexte qu'il aurait proféré des menaces de mort (pff, quelles pussies non, ces juges australiens, dans un pays fondé par des bagnards et des prostituées ?!)... On se dit en tout cas avec un certain cynisme que tant que Gollum et Coluche sont là et en forme, le groupe peut, et doit continuer à jouer ! Tant qu'Angus Young pourra encore sautiller en duck-walk en déchaînant les enfers sur sa Gibson noire, tant que Brian Johnson (a.k.a. "le nouveau chanteur d'AC/DC", pour les fans) pourra miauler entre ses dents serrées en essayant d'écraser des moustiques dans sa grosse pogne, il y aura un AC/DC digne d'intérêt !
Et bonne surprise, en dépit d'une scène plutôt moche cette fois (ah, le fameux mur de gamelles Marshall, quelle abomination visuelle !), les principaux ingrédients espérés y sont bien, et en pleine forme ! A vrai dire c'en est presque suspect : on trouvera - impression confirmée après vérification sur photos - qu'Angus young a presque meilleure mine et même ... plus de cheveux sur la tête qu'en 2009 ! De là à penser que des salopards d'Australiens, dans un laboratoire militaire bien planqué dans le bush, se seraient livré à une indigne expérience de clonage sur le malheureux hobbit, il n'y a qu'un pas... Pour le reste, un Young (tonton Stevie) en remplace hélas bien un autre (à part une petite faiblesse du son sur le riff de Hells Bells), et le batteur Chris Slade, qui a joué avec les plus grands, est largement assez bon pour assurer la partie poum-tchack ultrabasique du groupe (...comme des millions de batteurs, d'ailleurs...).
Une fois encore, tout est donc réuni pour une grand-messe à l'ancienne, avec set-list aux petits oignons ! Outre quelques titres dispensables (l'inévitable Rock or Bust par exemple) et d'autres hélas écartés pour cette fois (Dog eat Dog, The Jack, ...), le déroulé a de quoi nous ravir, nous et nos voisins, qui sont pour certains assez gratinés : l'un d'entre eux a cru voir dans les pubs avant concert que Led Zeppelin allait jouer à Paris (en fait c'était Def Leppard), et l'autre lui a affirmé que (je cite) "mais non, les gens de Led Zeppelin, y sont morts !"... y'a du niveau là, hein ! Shoot to thrill en antipasti, Hell ain't a bad place to be en vraie entrée blues, Back in Black en premier moment vraiment énorme...
Dirty Deeds pour un premier petit solo angussien, Thunderstruck en plat de résistance pour nous faire collectivement jubiler - 50 000 spectateurs au moins se transforment en air-Gibsonists ! Suit un boogie sympa et pas reconnu (là, le fan hardcore se marre probablement), puis Rock'n'Roll Train histoire de dire qu'on en a fait une de l'album d'avant, et une Hells Bells un peu décevante (la guitare pas assez tellurique, Brian pas du tout pendu à la cloche...). Préférence donc pour le riff, cette fois vraiment saignant, de You shook me all night long, qui déchaîne à juste titre nos érudits camarades de travée... tout comme T.N.T., toujours aussi bêtement jouissive et éructatoire (on beugle joyeusement "keuzam ti èn ti, oï, oï, oï !").
Idéalement suivie par le riff aussi débile que fabuleux de Whole Lotta Rosie (la gironde créature est sur le flanc cette fois, mais bat toujours "gracieusement" la mesure du pied en se caressant la cuisse), et évidemment le climax attendu du concert : Let There Be Rock, featuring 11 minutes de solo blues sur plateforme d'un Angus toujours en train de déblatérer on-ne-sait-quoi, en martyrisant ses articulations heureusement encore très vertes.Un moment certes attendu, mais écouté sans ennui grâce à ses pitreries, même si on sait par expérience qu'il n'y change pas forcément grand chose (euphémisme) d'une date à l'autre. Petite déception visuelle quand même : l'écossais n'a pas fini en montrant son postérieur, même caleçonné AC/DC, comme au bon vieux temps, à des filles en tenue légère, pas vues non plus...
Mais qu'à cela ne tienne, le rappel syndical et inchangé sans doute depuis 1983, reste à venir : une vraiment très réussie Highway to hell dans un éclairage "flammes de l'enfer" du plus bel effet, et la terminale For Those About to Rock achevée en cavalcade somptueuse... Toujours aussi culte qu'inchangé donc, le concert d'AC/DC cuvée 2015 - et comme à chaque fois, on se jure en repartant qu'on ne nous y prendra plus. Et donc, rendez-vous en 2020 environ, pour la prochaine tournée d'adieux ?!
Photos : Grand merci à Emmanuel Wino, encore plus de photos par ici !
+ 4 vidéos d'ambiance (qualité ... appareil photo) par ici !
Critique écrite le 27 mai 2015 par Philippe
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> Réponse le 28 mai 2015, par Gibson0389
[stade de france Paris - 26 mai 2015] le concert. au top. Le stade de france? une honte. pour gagner un peu plus d argent. ils ont vendu des places en tribune, situes en arriere de la scene.mais dans leur largesse ils ont mis un espece d ecran un peu plus grand qu un timbre poste. HONTEUX. et ces billets etaient en vente en categorie 1. du vol pur et simple. pourrissez en enfer, bande de voleurs. Réagir
> Réponse le 28 mai 2015, par Fanch
ouais bon retour, c'était super classe comme toujours mais j'étais aussi loin que toi (NdPh - photos remplacées depuis, heureusement !). Et du coup comme dit Poolvoerde dans Podium, j'ai quand même eu un peu l'impression de voir "des Playmobil dans un lavabo" ! ;-o Réagir
> Réponse le 30 mai 2015, par Frenzy
Hey ! T'es vache, Chris Slade est plus que correct comme batteur, c'est pas no plus un baltringue, c'était lui à Donington quand même... cf https://www.youtube.com/watch?v=V5iTQf5PDyY Réagir
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