Chronique de Concert
AC/DC
Un public venu d'un peu toute la France, mais pas que, puisque je taperai un brin de causette avec des italiens. Partis tôt le matin pour être dans les temps, ils seront bien malgré eux victimes d'une organisation à la marseillaise les obligeants à faire des va et viens entre les deux guichets des latérales. Et tout supporter de l'OM le sait, faire le tour du stade à pied... c'est très long.
De la causette donc puisque suite à un obscur problème de place j'ai du patienter jusqu'à 20h15 pour obtenir la précieuse accréditation ouvrant l'autoroute de l'enfer (désolé). Comme je m'étais pointé à 17h30 (histoire de prendre ma place tranquille et revenir plus tard) j'ai eu le temps de m'imprégner de l'ambiance. Un moment où les chevelus à la virilité outrancière côtoient les kids boutonneux et le balai du marché noir.
En temps qu'abonné mention football le célèbre "vazy scuse moi t'cherche pas des places" demeure ma bande son éternelle de tout match au Vel'. Je m'attendais pas nécessairement à la retrouver intacte un soir de concert "hard rock". Les mêmes (très jeunes et très chapotés par moins jeunes) personnes étaient là et tentaient vainement d'écouler un impressionnant stock de place. Manque de bol, le marché noir et l'ebay bizness se sont un peu mordus la queue sur le coup. Quelques jours avant le show on trouvés en effet des places en pelouse or à 15€ sur la baie et les empêchés du dernier moment avait un mal fou à amortir leur déception.
Pour exemple cette scène hallucinante. Un petit "pépé", genre vieux de la vieille, cheveux long bien gris, t-shirt AC/DC, tentait vainement de vendre sa place en trop (l'horripilante place dite de "l'ami qui peut pas venir") dans le secteur du guichet. Un territoire dont les pirates avaient pris possessions non sans quelques harcèlements bien sentis. Un des chaperons susmentionné s'est alors précipité sur lui pour lui intimé de déguerpir et je cite "arrêter de (le) faire chier. C'est (son) travail à (lui). Va travailler avant que je te tape". Le marché noir est donc un vrai boulot. Faudra que je pense à la place des Unco que j'ai revendus en 2005 lorsque je calculerai ma retraite.
Pour en revenir au marché noir qui se mord la queue, il faut noter leur dépit de constater que la billetterie était bel et bien ouverte et qu'il était encore possible de se procurer des places officielles. Un détail qui les a poussés à renoncer à leur tarif assassin au profit d'un bon vieux 15€ une fois le concert bien lancé.
Bon toute cette longue intro sur les mésaventures du marché noir permet de combler en partie le fait que faute de place en temps et en heure, je n'ai pu assister aux performances des deux premières parties. Mais rassurez vous il en faut beaucoup plus pour m'empêcher de donner mon avis.
La première des premières parties était assurée par un groupe du 04, Café Bertrand. Une formation labélisée "Hard Rock français". Mon dieu. Et effectivement ça sonné, de dehors (relativisions l'avis saignant), comme du hard rock français... des Inconnus. Vous savez "Redonne un sens à ta vie en y mettant de la poésie". N'y voyais pas une quelconque aigreur de voir ce groupe sorti de nulle part (mais habitué des première partie de gros) grillé la politesse à une short list jouissive lancée par vos serviteurs Live in Marsiens.
La seconde première partie c'était l'officielle. Celle qui suit AC/DC partout et dont le drapeau sert à caché certains éléments du décor australien. Quand j'ai pénétré l'enceinte ils achevaient les ultimes morceaux de leur set dans une relative indifférence. Pour tout vous avoués (on est entre amis) je pensé que c'était un disque jusqu'à ce que je vois des gars sur scène s'agiter.
Bon sur ce revenons un peu en arrière. 20h15 et toujours pas de tickets pour nous, la bande des reclus. On s'ennuie ferme quand l'adorable Esther nous sort enfin de là via une solution de secours. On est donc conduit tels des VIP vers notre zone. Bonne surprise c'est tout en bas de Jean-Bouin, niveau pelouse or. La vue est bonne.
Les gradins se lèvent d'un seul homme quand le train se met en marche. Au propre comme au figuré puisque les écrans géants diffusent un superbe dessin animé mettant en scène les membres d'AC/DC sur un train dont la locomotive finira par venir percuter l'écran et, magie du show, apparaitre réellement sur la scène comme si elle venait bel et bien de fracasser le fond.
A ce moment là il convient de faire une pause dans le récit pour détailler un peu la scène, que dis-je les portes de l'enfer. "C'est un pic, c'est un cap, que dis-je un cap ? C'est une péninsule !". Mon dieu la scène. Même à Nîmes je n'ai jamais vu un truc aussi imposant. J'ai franchement du mal à concevoir comment on peut mettre ça en place en si peu de temps.
Pour vous décrire un peu le lieu on peut citer les deux casquettes cornues ornant les immenses colonnes de baffles, un jeu de lumière hallucinant, un chemin qui s'avance jusqu'au rond central et permet à Angus ou Brian de s'aventurer taquiner les oubliés du virage Sud. Obligé également de revenir sur cette incroyable locomotive incrustée dans la scène qui projette de la fumée et des flammes selon les morceaux. Le jeu de lumière est lui compléter par rien de moins que six "poursuites" installés sur des colonnes immenses en pelouse et qui ne rate aucun des faits et gestes des membres du groupe. Les écrans géants (à côté nos écrans du Vel' font pale figure) se chargent quant à eux de diffuser des animations et dessins animés ou de retransmettre le concert pour les plus éloignés. Mention sera d'ailleurs régulièrement faite aux jeunes demoiselles perchées sur les épaules de leurs preux chevelus. Hard Rock mec.
Vous l'aurez compris ici on en prend plein les yeux, et j'en garde sous le coude pour la suite.
Revenons à la musique. Le concert s'ouvre comme le dernier album sur une Rock'n'Roll Train de rigueur vu l'animation. De prime abord on est frappés par la vieillesse des gars (merde Angus ressemble à Catherine de Koh Lanta mais chauve), heureusement cette impression s'efface en une demi-seconde vu la fougue qu'ils expriment face à leur public. Une énergie débordante qui ne les quittera jamais. Tout ça en donnant l'impression qu'ils sont prêts à mourir sur la scène de leur meilleur show. Face aux nombreux vieux groupes cultes blasés ça fait plaisir. On tempérera tout de même cette impression de joie par un show trop minuté et une absence de réelle communication avec le public. AC/DC sur scène c'est un show monstrueux mais qui contrairement aux apparences ne laisse aucune place à une quelconque improvisation. Le concert prévu pour durer de 21h à 23h commencera à 20h58 et finira à 23h01. Professionnel. Un peu trop, on y reviendra.
Musicalement il n'y a finalement pas grand-chose à dire. C'est du AC/DC. Ce savant mélange de Hard Rock, de Rock'n'Roll et de Blues. Les morceaux sont ultra carrés et rodés, le chant en place et le son vrombissant (très bon pour le Vel'). Pas moyen d'être déçu ou surpris sur ce point, c'est maitrisé et le véritable truc en plus c'est la machine de guerre déployée sur scène, pas le concert en lui-même.
Le set est construit sur le principe classique d'une alternance nouveaux morceaux / titres cultes permettant de contenter le public entier en égrenant les petits nouveaux qui ne sont pas forcement toujours les plus attendus. Et chaque morceau bénéficie de son animation plus ou moins outrancière.
Par là un strip-tease coquin d'Angus qui finit par exhiber malicieusement son caleçon AC/DC, par ici des flammes qui jaillissent de partout. Les moments forts resteront tout de même plus conséquents. Imaginez une poupée gonflable immense qui chevauche d'un coup la locomotive et magie de l'air se met à battre du pied et remuer la tête. Effet garantie. Imaginez ensuite que cette poupée laisse place à une flopée de majestueux canons tirant à boulet rouge suivant l'intonation des riffs. Plus tard c'est Brian Johnson qui s'élancera depuis l'avancé pour aller se pendre à l'immense cloche apparue du plafond et venue sonner l'heure de Hell Bells. La célèbre Highway to Hell enflammera elle le public mais aussi une scène couverte d'explosions et de flammes.
Autre moment fort, quoique un peu long, le solo final d'Angus. Un temps accompagné d'une implacable rythmique, Angus lâche un solo endiablé. Le frêle homme, désormais vêtu uniquement de son short, commence par assuré le show sur scène, haranguant le public avant de s'élancer dans l'allée. Il disparait alors dans une tour installé sur le rond central avant de reparaitre surélevé par des vérins. Toujours lancé dans son solo le garçon est alors élevé encore plus haut par une tourelle sur laquelle il s'effondrera pour jouer de la guitare au ras du sol tel un possédé. Bref, Angus est un showman monstrueux.
Les plus pointilleux auront notés que la tour en question n'a finalement servie que 5 minutes dans le show. Quand on pense au boulot que doit demander son installation. Le truc le plus dingue c'est de se dire que le mec a lancé un solo de plusieurs minutes pour clore le concert, un truc qui avait l'air totalement improvisé, et que malgré tout, une fois le rappel effectué le concert s'est terminé pile à l'heure. Ca enlève beaucoup de magie mais merde, ces mecs sont réglés comme des suisses.
Bon vous l'aurez compris ce qui viens ensuite c'est le rappel. Juste deux ou trois morceaux il me semble. Un peu short, mais un rappel conclu sur un énorme feu d'artifice vous conviendrez que ce n'est pas commun. Disons que c'est la goutte d'eau qui viens définitivement emplir nos yeux éblouis par une telle déferlante de spectacle. Puisqu'on en parle certain trouverons qu'on se rapproche plus de la "comédie musicale" (ouais vous avez compris l'idée) que d'un réel concert.... Oui certes mais merde c'est magique.
On ne peut pas conclure cet élan énumératif sans un mot sur le public. Uniformément debout et acquis à la cause, le public à été bon sans être exceptionnel. Un public hard rock en somme. Bras levés assez souvent, refrains en churs parfois, nénettes sur les épaules régulièrement. Pour être exhaustif j'ai bien vu pété un ou deux petits slams en pelouse prolétaire. La mention reviens conjointement à l'hystérie de Highway to Hell et à l'intro de TNT où les boys & girls lâcheront des Oi Oi Oi à tue-tête.
CQFR, ce qu'il faut retenir. L'énergie débordante d'un groupe qui ne s'économise jamais malgré un âge où personnellement je préférerai rester à la maison regarder Derrick. Le show ahurissant venant tant des décors que de la bonne volonté des membres du groupe. Le son AC/DC, inimitable, reconnaissable entre tous, servis un peu lisse mais à la perfection.
CQFRMQEMF, ce qu'il faut retenir mais qui est moins flatteur. Le show est trop rodé ! Ca a certes les avantages de ses inconvénients, ou l'inverse, mais ça enlève quand même beaucoup de spontanéité avec le recul. Si sur le moment on serre un câble en assistant à tout ça (et c'est bien l'essentiel), avec le recul ça sonne quand même formaté. Trop minuté, trop calibré, trop improvisation prévue. Ca n'enlève rien à rien mais il fallait le relever.
L'autre petite déception c'est le départ précipité et guère chaleureux des membres du groupe. Ca laisse un arrière gout de "on a fait notre job, point" et ça confirmera les chagrineurs qui trouvent que le groupe ne communique pas en dehors de la "communication show".
Les lumières se rallument, le stade se vide péniblement des étoiles plein les yeux. Coup de téléphone d'un Vand qui broutait de la pelouse dorée : "ramène vite tes fesses à la caisse on peut encore voir Terror".
Et un "mille mercis" a mon vénérable mécène mystique.
Critique écrite le 11 juin 2009 par Zhou
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> Réponse le 11 juin 2009, par Ratwoman13
Je vais pas vous raconter une fois de plus le concert certains l'ont déjà fait en long en large et en travers. Moi personnellement c'était la 1ere Fois que je rentrais dans le vélodrome et aussi biensûr la 1ere fois que je voyais AC/DC. J'ai pas eu la chance de naitre à la bonne époque celle où les groupe de rock était encore jeune et dynamique! Mais pour leurs Ages franchement, faut arrêter de les critiquer ils sont encore super bons et aptes à leurs boulots, les sauts d'Angus ont peut-être moins d'ampleur, mais le set de 15minutes fallait le tenir, et on avait l'impression qu'il pouvait encre continuer si le timing le lui demandé. Mais c'est vrai que le soucis de ce genre de Gros Concert c'est bien le timing, c'est des grosses machines et nous de tous petits pions qui permettent à... La suite | Réagir
> Réponse le 11 juin 2009, par Annie
un peu le même avis mais en anglais sur Meltingpod : https://meltingpod.free.fr/?p=197 avec les belles photos de Pirlouiiiit aussi ! à ce niveau de show, c'est comme les Stones, il n'y a plus aucune improvisation ou ça peut même devenir dangereux; mais bon quand on va au stade on sait à quoi on s'attend, ça ne fait pas dans la dentelle mais de temps en temps ça fait du bien !!! et puis je n'avais jamais vu AC/DC Live : contente d'avoir été là malgré le regret persistant : j'aurais évidemment adoré voir et entendre Bon Scott au chant, pas moyen de l'oublier, ni de le remplacer...:) Réagir
> Réponse le 11 juin 2009, par Chap.
Merci pour le beau compte rendu de ce concert au vel' de Marseille. D'accord sur l'ensemble de ce qui a été dit. Mais en effet je suis restée sur ma fin... difficile a digérer ce minutage... et ce départ va vite du groupe... ?! alors que musicalement tout était vibrant, scéniquement, pour un concert de stade, je trouve que ce n'était pas pensé. Les écrans trop bas, la scène elle aussi trop basse... Alors que le décors était d'ampleur extravagante et magique, plein d'artifices, de mises en ambiance... j'ai comme ressentit un raté, un monté a la va vite, sans prise en compte du lieu d'implantation. Combien sont ceux qui n'ont rien vu, même sur écran ? trop nombreux me semble t il ... Je me questionne donc sur un possible problème de logistique ... Bon ce fut malgré tout un moment... La suite | Réagir
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