Accueil Chronique de concert Accelerator Jo + 25 + Le Singe Blanc + Lucertulas
Jeudi 21 novembre 2024 : 6751 concerts, 27229 chroniques de concert, 5420 critiques d'album.

Chronique de Concert

Accelerator Jo + 25 + Le Singe Blanc + Lucertulas

Accelerator Jo + 25 + Le Singe Blanc + Lucertulas en concert

Embobineuse - Marseille 19 fevrier 2011

Critique écrite le par

Marseille 2111

L'heure est a la crise, partout en France et dans le monde, la musique se meurt. Plus exactement, certaine émotions musicales disparaissent, victimes d'un mystérieux virus.
Voilà que les aberrations déambulent dans la rue, avec leurs faciès putrefiés de zombies du bois de Boulogne, projetant leurs déjections roses contre les murs, en poussant des râles de cormorans agonisants sous le pétrole. L'horizon n'est plus qu'un terrain vague , et le ciel le dernier refuge pour pleurer. Dur les gars. Super dur.
Les survivants se nourrissent de barres mars périmées et de fanta frelaté. En regardant le Mickey souriant sur l étiquette , l'ironie devient insoutenable. Quelle est loin l'époque ou l on pouvait encore croire a l'illusion du bonheur. Il est mort le soleil, il est mooooort gémissent les non-infectés au fond de leurs caves insalubres éclairées par la Lumière anachronique de leurs lampes de poches. C est l'échec grave.
Alors comme dans Postman (oui Postman), et quand la nuit n est pas trop meurtrière, les humains se retrouvent dans l'Embobineuse, une ancienne usine de taille-crayons reconvertie en asile d' alienés post-apocalyptique.
J'y suis ce soir, parceque ce n'était pas trop dur de se frayer un chemin pour une fois. Pas trop de monstruosités de sortie (en plus la nouvelle generation de zombies Rhianna est plus facile à repérer: avec leurs cheveux roses et leurs string en métal, on les voit de loin. Ça laisse largement le temps de s enfuir en rampant avant de se faire trépaner.)

Voici Accelerator Jo qui montent sur la scène de fortune. Au milieu du décor madmaxien et des cadavres de voitures, se trainent quelques hagards aux yeux globuleux et agrandis par la faim. Visages frappés du sceau d' une stupeur permanente, tristes loques, souvenirs d' un monde perdu (a-t-il seulement déjà existé ? Cela fait si longtemps), qui s'approchent pour regarder la pantomime.
Une belle bande de crevards, ces musiciens. Union incestueuse de deux gangs de violeurs de cadavres. Voici que les premières notes fragiles refleurissent des amplis de fortune, et une mélodie désuette se met a bourgeonner, comme échappée d' une antique radio. C est le rêve d' un ancien style, d' une époque ou les psychotiques portaient de longues bananes graisseuse et étaient affutés comme des lames de rasoirs en adamantium. Bêla Lugosi était le Zenith du romantisme, et un chanteur a la mode mettait la tête tranchée de sa copine dans sa television , pour pouvoir la regarder tout les jours du fond de son canapé.
Les Jos chantent les crevards que nous sommes, et les corps commencent a se tortiller. Des larmes de nostalgie coulent sur les joues creusées. Finalement, un vivant-mort vaut il mieux qu un mort-vivant ? Tout cela est si triste.



C'est au tour de 25. Je m'approche tout devant car j'aime beaucoup ce groupe. Au début, ils étaient réellement 25 mais ils ont perdus vingts deux membres avec les aléas de cette sombre période. Certains dévorés vivants, d' autres morts de maladies gluantes et spectaculaires, ou bien violés et assassinés par des gangs de motards crevards sado-masos, morts de faim, morts de froid ou morts d' ennuis, seul les trois plus trapus sont encore la. Au fil du temps ils ont rafistolés de vieux défibrillateurs et ont décidé de faire de la musique avec. Je subis avec un plaisir primaire la séance d' électrochoc, rafraichissante comme ces douches dont parle les légendes. Les cœurs qui battent se réchauffent et dansent ensemble un Paso Doble plus vieux que le temps lui même . Nous sommes encore vivant.

Le singe blanc, un noir et un gris (mécanique celui la) prennent la suite. Ils sont hirsutes mais ont l'air plus humain que nous. Au moins il ne se demandent pas pourquoi ils font de la musique, ils ne théorisent pas, il ne se cache pas les yeux, les oreilles et la bouche.
"hiik" crie le singe blanc
"houk !" répond le singe noir
"boum boum boum pshing !" fait le singe gris mécanique avec ses cymbales accrochées au pattes. Et ainsi de suite. Les cousins primates déclarent ouvert le tribalisme pré-homo sapiens, aussi les pieds affranchis se lâchent pataudement, essayant de briser les chaînes de la lourde gravité
"houk !" fait le singe blanc
"hiik !" dit le singe noir
"pshing pshing pshing boum !" s'emporte le singe gris mécanique.
"stomp stomp stomp !" font les pieds de toutes leurs plantes. On s'agite tous d' un seul bloc de saint Guy. Paradoxe quand on y pense, a cette conscience collective, la même qui anime tous ces zomblard dehors. Peut être que ce qui nous sauve, ou nous maudit, est de songer a autre chose qu'a la viande. Parfois nous ressentons une vibration dans nos cœurs diapasons quand une petit fleur éclôt de la merde, ou qu un gros caca s étale sur un parterre de coquelicots écœurants. C est finalement notre propension a ressentir, notre refus d' être programmé, qui nous relit a la quintessence même de cette chose qui nous englobe, et que nous arrivons mal a nommer. Ce sentiment confus, cet instinct opaque.
Le dresseur remets les singes dans leurs cages, et la transe redescend en attendant la prochaine.



Voici les fous mystique de Lucertulas qui viennent achever la messe. L' apocalypse et l'overdose de nouvelles d'H.P Lovecraft leur ont grillés leurs fusibles italiens. Depuis ils passent leur temps a invoquer des dieux antérieurs devant tout les passants. Ça ressemble un peu a un spectacle avec des hologrammes. Le trio prie et se concentre en tressant leur musique sophistiqué comme un mode d' emploi sur le psychédélisme des banlieues sataniques, puis la méditation intense fait sortir de leurs bouches et leurs têtes des volutes soit bleues, soit rouges, soit violettes.
"oh le beau cthulhu !"
"oh le joli shub-niggurat"
"ouah le nyarlatothep !"
C'est sur, c'est plus raffiné que de regarder la télé ( de toute façons les rares postes qui émettent encore passent en boucle le même épisode d'un diner presque parfait, celui ou Denis de la Bourboule prépare un couscous au chocolat.)

On entend soudain le bruit de milliers de mains décharnés frapper violemment sur la lourde porte blindée de notre abri. Merde ! Une armée de Chanteurs de variétés francaise enragés. La bave au lèvres et les yeux injectés de sang. Alerte rouge.
Je serre dans ma main la photo de femme a poil qu'on m a donné à l Embobineuse. Tu te souviens, toi, quand c était pour de vrai ?
Je sors mon cutter. Le retour va être pénible.

> Réponse le 02 mars 2011, par Onseconnait

Il y a de vrais psychopathologues sur LIM, bravo monsieur pour cette decxription de notre pauvre monde de vendus. J'y étais pas et j'aurai aimé y être, mais j'étais pris en otage par un vagin cathodique.  Réagir


25 : les dernières chroniques concerts

Usken, De la Crau, x25x - Pirlouiiiit's 21st birthday bash en concert

Usken, De la Crau, x25x - Pirlouiiiit's 21st birthday bash par Philippe
L'Intermédiaire, Marseille, le 18/10/2024
21 ans, voyons voir... ça nous mène à donc 2003, WTF ? Pourtant il était déjà là bien avant, non, le fameux photographe fou, stakhanoviste et ubiquitaire ? Ah mais oui, sommes-nous... La suite

Uksen, De La Crau, x25x (Anniversaire de Pirlouiiiit) en concert

Uksen, De La Crau, x25x (Anniversaire de Pirlouiiiit) par Odliz
Intermédiaire, Marseille, le 18/10/2024
Hier, Pirlouiiiit fêtait ses 21 ans ; non pas le nain chevaleresque de Peyo, mais le photographe mélomane de Marseille. D'ailleurs, celui-ci possède quatre 'i', rendant d'autant... La suite

Usken, De La Crau, x25x (Anniversaire de Pirlouiiiit l'activiste) en concert

Usken, De La Crau, x25x (Anniversaire de Pirlouiiiit l'activiste) par Vaccuopilot
L'Intermédiaire - Marseille, le 18/10/2024
Avertissement : cette chronique pulvérise le record de parenthèse et d'apartés à l'intérieur d'un récit impossiblement linéaire. Les amateurs de circoncision, de clarté et... La suite

25, JRKWAY en concert

25, JRKWAY par Pipoulem
LAM, Marseille, le 03/06/2022
Vendredi soir 19h après une journée de travail et très chaude il est l'heure de se retrouver au Leda Atomica Musique. Au programme ce soir l'incontournable groupe de noise rock... La suite

Le Singe Blanc : les dernières chroniques concerts

Le Singe Blanc par Mystic Punk Pinguin
Machine à Coudre - Marseille, le 07/12/2005
Après Kabu Ki Buddha, Binaire et Stanley Kubi, Marseille accueille un nouveau groupe de punk barré avec le Singe Blanc. Le trio, deux basses et une batterie, investit la scène et d'entrée mettent les choses au point. Sans bouchons, j'y laisse les tympans. Première fois que ça m'arrive mais le son est trop fort, je passerais le concert dans... La suite

Embobineuse - Marseille : les dernières chroniques concerts

Unsane + Idiopathique en concert

Unsane + Idiopathique par Pipoulem
Embobineuse, Marseille, le 30/05/2023
Dernier jour de mai, il fait bon. Les deniers rayons de soleil s'effacent, il est temps de partir pour l'Embobineuse. Oui c'est mardi soir, nous sommes en semaine mais ce soir ce... La suite

Jackline + x25x + Binaire (Anniversaire du Vortex) en concert

Jackline + x25x + Binaire (Anniversaire du Vortex) par Pirlouiiiit
Embobineuse, Marseille, le 12/03/2022
Dernière étape de ce samedi soir ... après le jazz méditerranéen de Taîr Quartet au rhéâtre du têtard, puis la musique africo-latine de Nkumba System à la Meson, nous voilà à... La suite

projet Milan, Splash Macadam, Kriegelstein en concert

projet Milan, Splash Macadam, Kriegelstein par Pipoulem
L'Embobineuse, le 22/02/2020
Cela faisait longtemps que je n'étais plus allé à l'Embobineuse, la release party de projet Milan et la présentation de leur Album intitulé I était une bonne occasion d'y... La suite

x25x + Action Beat + Sister Iodine en concert

x25x + Action Beat + Sister Iodine par pirlouiiiit
Embobineuse, Marseille, le 06/04/2018
Après le très chouette premier set de la rencontre au sommet entre Stéphane Belmondo et Henri Florens au JAM me voici d'un coup de vélo à l'Embobineuse ... Si au JAM je faisais... La suite