Chronique de Concert
Africantape Festival
Le décors est planté, les choses sérieuses peuvent commencer. Heu, en fait, elles ont commencé depuis un moment... Faut dire qu'avec 7 groupes par soir, faut commencer tôt. j'ai donc manqué Chevignon, Chevreuil (et merde, je voulais les voir..), Ventura et Honey for Petzi termine pendant que je tchatche avec des sudistes, des rennais, des parisiens, voire des lyonnais, à l'entrée. Je commence donc avec Ned, des locaux/loco. L'entrée en matière sera parfaite, le groupe étant scotchant. Du point de vue musical, le combo évolue dans un noise rock des plus jubilatoire, avec un côté groove bien barré. Ca défouraille, ça hurle, avec ce qu'il faut de cassures rythmiques pour ne pas être totalement punk. Le bassiste est assez hallucinant, notamment sur un morceau où il prête son instrument pour hurler des All night long avec une attitude de dément possédé. Pause bières, on tchatche et échange sur le plaisir d'être là. pas mal d'estrangers, les premiers à être sautés sur les pass deux jours (à 20 euros!) en vente sur bidulnet.
On redescend pour Marvin, surement le groupe que j'ai le plus vue cette année. Rien à rajouter par rapport à mes précédentes chroniques, le groupe est toujours aussi bon sur scène. Un trio guitare, batterie et Korg/voix vocodée pour la chanteuse. Une voix très robotique donc et des instrumentaux assez nerveux pour une noise au final assez ludique et plutôt jouissive, pas oppressante pour un sou. Un son assez original dans le style. Puissance sonique dissonante alliée à un côté dansant survolté, du Trans Am avec un petit côté ktrautrock, la formule fait mouche ! Le tout joué dans une putain de bonne humeur, qui ne lève rien au talent. Car le groupe assure sévère. Le batteur, aux accents stoner / math-rock, est assez impressionnant dans ses frappes, le gratteux ne lésine pas sur les déflagrations noise et la claviériste incarne à elle seule la dualité machine / groove, allié à une sensualité rock non négligeable. La salle hurle de plaisir et danse comme des malades. On ressort transpirant, se rafraichir avec des binouses.
Retour pour Aucan, le groupe pour lequel je suis le plus curieux ce soir. J'ai scotché sur leur premier album, moins accroché sur le dernier. Je vais pouvoir me faire une idée en live. Enfin, aps tout de suite, vu qu'un des deux claviers semblent avoir des soucis. Le temps de réparer tout ça, le climax s'est installé, d'autant qu'une bande-son oppressante n'a pas cessé. Un batteur, deux claviers/voix avec guitares en bandoulières et le sweat-capuche comme uniforme. Dès les premières notes, me voilà rassuré. On est loin de la tendance trip-hop de Black raimbow pour revenir à un son plus agressif. Entre Shellac, Young Gods et Nine Inch Nails, on oscille entre ambiant, noise et déflagrations soniques. Le côté synthétique est omniprésent, mais dans son versant obscur et oppressant. Leur musique est loin d'être monolithique, fourmillant de trouvailles et d'inventivité. Je sais que mon rapprochement avec NIN fait habituellement hurler les puristes, mais je sens la parenté vraiment flagrante en live. Que ce soit sur un psychédélisme froid et implacable ou sur les déchainements de violence, cela me rappelle les meilleurs compositions de Trent Reznor. les morceaux durent, s'installe, laissant pourtant peu de temps pour respirer. Je sors de là assommé par la puissance et l'intensité du set.
On échange des retours enthousiastes, puis départ vers un repos bien mérité. Enfin, après les une heure de marche séparant Bellcour de Villeurbanne avec quelques détours involontaires.
Après 10h de sommeil, un flanage sur les bords de Saône, me voici à 17h à Oullins décidé à ne rien manquer. Bien évidement, c'est un vux pieux, vu que 7 groupes et presque autant d'heure de noise c'est une trop forte dose à prendre d'un coup, d'autant que je me suis promis de respecter une discipline 1 groupe = 1 bière, histoire de ne pas dormir à 22h.... Mais au moins, je en manquerais pas le premier groupe programmé Io Monade Stanca. Les italiens, bien présent dans la scène noisy et proches voisins sont bien représentés dans la programmation. Ceux-ci officient dans un style noise rock avec une bonne pointe de free tendance Beefheart. Morceaux déstructurés, (nombreux) cassages rythmiques et chant dadaïste (ça part dans l'incantation, l'onomatopée, la tirade, etc..). Une mise n bouche des plus sympathique. Je prendrais ma pause sur Tormenta puis Three Second Kiss plus tard. L'ambiance étant des plus sympathique, les conversations à l'extérieur nous font être infidèle à nos ambitions d'intégralité.
Je redescends pour The Cesarians, groupe qui détonne avec le reste de la programmation. D'abord par la composition : chant (une bonne partie des groupes sont instrumental), clavier, batterie, basse, sections de cuivres. Ensuite par l'ambiance, avec un côté cabaret gothique dans les dégaines. Mais surtout par la musique. Rien de noise là dedans, on est carrément dans un cabaret déjanté, tendance Nick Cave. Le chanteur a quelque chose de ce dernier, dans le physique comme dans la voix. Mais c'est un putain de frontman, qui m'évoque celui de Success. Il habite complètement son chant de grimaces surjouées, saute dans tous les sens, se pend avec le fil de son micro, monte sur un escabeau et la fait forcement chavirer (une jeune fille au premier rang aura la peur de sa vie...). Musicalement c'est tout autant jubilatoire. Les membres du groupe s'échange tuba, trombone, claviers, xylophones, trompettes, guitares. On s'imagine dans l'Europe des années 30, un espèce de Kurt Weill cocaïnomane, à l'image de leur dandy déjanté au chant. Une vraie découverte.
On enchaîne avec Papaye, récemment vu à Marseille. Entre noise et math-rock à base de montées progressives de gratte, découpées de façon répétitives, basse plombée, et batterie hallucinée. Les morceaux sont courts, avec de nombreux cassages rythmiques dans tous les sens, de cavalcades effrénées, de passage plus barré. Mais toujours groove. Bref mais intense, puissant mais dansant, leur math rock n'est pas cérébral, il cogne plutôt du côté des coups de reins. Un brin répétitif pour moi sur la fin, mais carrément efficace.
Une pause avant ce qui fut la claque de ce festival : le concert de Big'N. Groupe de Chicago, vétéran de la scène bruitiste des 90's, récemment reformé, le groupe a tout déchiré. C'est un peu court comme chronique ? Une 15aine d'années est passée avant la reformation du groupe et pourtant tout est là, intact. Une hargne, une violence plus proche du punk hardcore que de la sophistication math-rock de certains groupes présents. Le chanteur Will Akins est un tueur, bien loin du côté dandy de celui des Cesarians, on a affaire là à un frontman tatoué et bedonnant qui sort de ses tripes des hurlements aigus saisissant. Il passera pas mal de temps dans le public, ne se lassant pas d'y stage diver. Il accapare tous les regards, mais il ne faudrait pas oublier le groupe derrière lui. Rageur, incisif et viscéral, leur son dévaste tout. Le jouissance est partagée entre combo et public, ils demanderont même à jouer plsud e morceaux que prévu par le format festival. cela leur sera accordé par l'organisateur au bord de l'orgasme. Et ce fut la charge finale, celle qui transforme une salle de concert en éruption hystérique. Étonnant comme une musique d'une telle violence peut provoquer autant de bonheur. On en restera Ko debout.
Oxes qui va suivre, hérite de ce concert titanesque. D'entrée, un des deux gratteux, en short, déclare qu'il vient d'assister à un des meilleurs concerts de sa vie. Le batteur, sous le choc, déchire son tee-shirt et demande au public d'en faire autant, tout en balançant des Mars à la volée et en se précipitant sur le premier rang pour arracher leurs fringues ! Le groupe n'a pas simplement été secoué par Big'N, ils sont déjà bien déjantés. Juchés sur des boxes, les deux guitaristes attaquent avec leur math-rock instrumental, asynchrone et bien free. Ils s'interrompent, le guitariste en short fait des mouvements de gyms pendant que le batteur revient squatter le micro, hurlant son bonheur et demandant que putain, on se déchire ces putain de tee-shirts. Le concert part dans tous les sens. Des membres des groupes précedents reviennent pour un Wild Thing, le chanteur de Big'N déboule slammer et hurler, le gratteux de Papaye se voit confier une guitare, de même que la clavieriste de Marvin juchée en hauteur et sommée de garder un rythme. Fourre-tout chaotique et finalement jubilatoire qui viendra clôturer ces deux jours et 14 concerts.
Le festival continuait le lendemain. Mais il était temps pour moi, après 40 minutes de marche cette fois-ci, d'aller me pieueter afin de redescendre à Marseille le 1er Mai pour la manif. Mais rien que ces deux jours m'ont donné mon lot de frissons et de décharges pour être plus que satisfait. A la revoyure !
Critique écrite le 03 mai 2011 par Mystic Punk Pinguin
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