Chronique de Concert
Agnès Obel + Daan
Arrive donc sur scène Daan, qui va assurer la première partie d'Agnès Obel dans un costume impeccable, seul, assis de dos au piano et une guitare en main. Quand il commence à chanter, une voix de rockeur américain sort de sa bouche ... Ce qui est en désaccord parfait avec son look !!
"Merci et bien venus. Je m'appelle Daan et j'ai fait 1000 Km pour venir" ... Ça laisse beaucoup de possibilités, mais il n'a pas pris de bateau ! Alors, je vous épargne le suspense : Il est belge le bougre. Et, avec ses airs de ne pas y toucher ... C'est un sacré numéro !!
L'ambiance est hyper space. Il est nimbé de fumée verte. Il nous fait sa petite sauce en s'enregistrant au fur et à masure pour pouvoir jouer du piano et de la guitare en même temps. Mais surtout il commence à nous raconter des trucs des plus loufoques, avec toujours l'air sérieux comme un pape. Bref, un savoureux pince sans rire le Monsieur, comme on dit.
"Ça vous arrive, l'envie de sauver quelqu'un ... Ah, non !! On est à Marseille !!" ou bien encore "Il fut une époque ou j'ai été avec une femme lesbienne, mais très belle ..." vont ponctuer les inter chansons. Le public est mort de rire face à ce grand escogriffe qui nous offre une première partie complètement décalée, mais de première classe niveau musical. Et la salle, qui peut ne pas convenir à tout le monde esthétiquement parlant, a une acoustique absolument parfaite et met vraiment bien en valeur cet artiste peu banal.
Selon les morceaux et même parfois les moment dans une même chanson, sa voix se fait tour à tour très douce ou infiniment profonde ... Un doux mélange de Elton John et de Chris Isaac ... Le tout saupoudré d'un peu de blues. Ça le fait !!
"Vous avez des Ex ? Ou bien est-ce que vous êtes là avec votre ex, mais il ou elle ne le sait pas encore ...??!!" Le public se détend et, sérieux comme il était à notre arrivée, je peux vous dire que ce n'étais pas gagné !! Daan Stuyven joue sur tout : les rythmes, les mots ... Une sorte de Gainsbourg Pop-Folk. Un drôle de personnage, plutôt emballant, vraiment.
Jusqu'au bout de son set, il va nous proposer de partager cet univers légèrement déjanté. Nous proposant, par exemple, un Drink & Drive qui commence ainsi :
"Boire ou conduire, Il faut choisir
Boire et conduire, Ne pas choisir ..."
Ou bien nous faisant chanter en anglais : "A B C / 1 2 3" en nous précisant avant : "Je veux vous entendre, vous me le devez !!" Puis "Encore !! ... C'est une ville universitaire, non ??!!" Pour finir en avant scène, à grand renfort de moulinets de bras, par un "Merci beaucoup, c'est magnifique .... L'air marin sans doute !!"
Nous allons terminer ce succulent set par Icon (certainement la plus connue de ses chansons ... Qui passe à la radio, comme il nous le précise). Toujours ce petit parfum de Folk US et, vu le personnage, je suis sûre qu'en plus on perd beaucoup en ne comprenant pas 100% des paroles (du moins en ce qui me concerne, malgré un très honorable niveau d'anglais) ... Une découverte que je ne suis pas prête d'oublier et un artiste que j'aimerais vraiment avoir la chance de revoir. Affaire à suivre ...
Setlist
Wife Beater
Victory
Gabriel
A Single Thing
Exes
Drink & Drive
Simple
Icon
Après le passage mémorable de Daan en première partie, la scène du Silo est déjà prête pour accueillir Agnès Obel ... Grand piano noir, violoncelle couché au pied d'une chaise et une seconde vide ... Mystère ...
Agnès Obel fait son entrée. Natte blonde et petite robe rouge toute simple ... "Cotillon simple et souliers plats", accompagnée de sa violoncelliste, Frédérique Labbow, toute en naturel également, mais de noir vêtue. Dès le début, les deux jeunes femmes nous offrent une musique d'une douceur et d'une pureté incroyables ... La salle se transforme en un havre de paix et de fraîcheur ... Le son est à tomber par terre ...
Après une courte intro musicale, elle nous adresse quelques mots en anglais. C'est son premier concert à Marseille et elle a été heureuse d'apprendre que c'est aussi l'un des premiers de cette salle toute nouvellement inaugurée. Elle est charmante, désarmante. Je ne savais même pas que cela existait encore des jeunes filles en fleur comme ça !!
Le premier morceau, Philharmonics (titre éponyme de l'album), est joué et chanté ainsi. Musique romantique aux accents légèrement folk traditionnel, merveilleusement bien servi par leurs deux voix cristallines qui se répondent ou s'unissent selon les moments. Un univers un peu art déco qui n'est pas pour me déplaire ... On est immédiatement transportés ailleurs (exactement la même sensation que celle ressentie à l'écoute de son album).
Pour le second morceaux, elles sont rejointes par la troisième protagoniste de cette belle histoire : Gillian Fleetwood qui prend place avec sa harpe écossaise. Apportant la petite touche celtique juste parfaite pour s'accorder à l'ensemble. Elles sont toutes aussi précieuses toutes les trois. C'est douillet à souhait ... Sans aucune moquerie. On est dans un autre monde, quasi féérique et irréel. On est entré de plein pied dans une forêt imaginaire, habitée par trois adorables petites fées qui batifolent en chantant, chacune dans sa tonalité, effleurant leurs instruments avec une grâce infinie. On ressent comme un sentiment de plénitude absolue.
L'éclairage est pour beaucoup aussi, je pense, dans cette ambiance si particulière. Elles sont le plus souvent éclairée du bas vers le haut, ce qui donne cette impression de jardin à la tombée de la nuit.
Par moment, elles s'accordent en riant délicieusement. La violoncelliste troque son instrument contre un piano à vent pour Louretta. Beaucoup de subtilité dans tous ces choix harmoniques. A plusieurs reprise j'ai le sentiment de me retrouver dans le monde d'Amelie Poulain ou d'entendre une Tori Amos un peu plus douce et celtique à la fois.
L'ambiance est de plus en plus intimiste et, à l'inverse, les voix sont de plus en plus puissantes et présentes. Le duo voix/violoncelle pendant le pont de Wallflower est juste magnifique, avec un superbe effet de puissance sur la reprise . Et puis elles continuent à s'amuser toutes les trois. Rient de leurs pitoyables accents français ... C'est amusant cette ambiance intemporelle, aux antipodes de tout ce que l'on peut côtoyer par les temps qui courent. C'est poétique, rafraîchissant et d'une douceur inimaginable. Quand à la musique, elle est fabuleuse. Et, sans remettre une seule seconde en doute leur incontestable talent de chanteuse à toutes les trois, il est clair que ce sont avant tout des musiciennes dotées d'une sensibilité et d'un toucher hors paire.
Pendant l'introduction de Smoke & Mirrors et leur explication du lien entre ce titre et le monde des magiciens, un nuage de fumée assez costaud monte derrière elles, pour bientôt les envelopper complètement ... Elles sont mortes de rire et voilà encore un prétexte pour se mettent à papoter comme si elles étaient seules. C'est surréaliste tellement c'est adorable et c'est Agnès Obel qui doit gentiment remettre l'ordre pour faire revenir tout ce petit monde au sérieux.
Mais même si nous avons l'impression d'être hors du temps dans cette parenthèse enchantée, elle nous annonce l'avant dernier morceaux. "I thing it's a love song, but I'm not sure ..." Ce qui est sûr, c'est que c'est Over The Hill et que c'est juste magnifique. Elle va également nous demander d'applaudir comme il se doit ses deux compagnes de jeux avant la dernière, qui va nous offrir un final musicalement merveilleux et donner lieu à une standing ovation (rien de moins !!)
Lorsqu'elles reviennent pour le rappel, elles semblent presque confuses par notre accueil et nous gratifient d'un "Merci Beaucoup ... Whaouu !!" très touchant et, semble-t-il, absolument sincère. Nous aurons, pour nous consoler de devoir les abandonner, deux morceaux aux accents celtiques très prononcés (Pour mon plus grand plaisir ... Bon sang ne saurait mentir !!) : Between The Bar écrit tout particulièrement pour la harpe celtique, suivie de Katie Cruel (chanson traditionnelle écossaise) qui est "très triste", nous annonce Agnès, mais qui va dignement nous remercier de nos si fervents applaudissements.
Les trois demoiselles vont repartir comme elles étaient venues ... En riant et se poussant l'une l'autre pour sortir de scène comme des collégiennes qui ont entendu la cloche sonner ...
Gillian Fleetwood : Harpe Ecossaise
Frédérique Labbow : Violoncelle & Guitare
Setlist
(Ouverture)
Philharmonics
Beast
Just So
Louretta
Brother Sparrow
New Song
Wallflower
Close Watch
Smoke & Mirrors
Sons & Daughters
Riverside
Over The Hill
On Powdered Ground
-----------------------
Between The Bar
Katie Cruel
Chronique réalisée par l'équipe de Concerts en Boîte
Agnès Obel : https://www.concertsenboite.fr/2011/10/28/agnes-obel/
Daan : https://www.concertsenboite.fr/2011/10/28/daan/
Critique écrite le 31 octobre 2011 par Ysabel
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