Accueil Chronique de concert Agnes Obel + Feral and Stray
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Chronique de Concert

Agnes Obel + Feral and Stray

Agnes Obel + Feral and Stray en concert

Paloma - Nîmes 11 Avril 2014

Critique écrite le par

Ma première impression, à mon arrivée à la Paloma, est que je me retrouve exactement devant la même scène que la dernière fois au Silo, en Octobre 2011. Le grand piano noir d'Agnes Obel, bien sûr, et puis aussi les instruments de ses compagnes de jeu couchés sur le flanc, comme endormis dans la lumière bleutée avant le début du concert. Beaucoup de monde aussi ce soir (elle joue à guichet fermé) et même une file d'attente comme rarement vue sur le parvis de la salle.

Mais en attendant la belle danoise blonde, nous allons pouvoir découvrir une petite demoiselle au look très anglais, avec son chemisier blanc et sa jupette noire, ses boots en cuir et simplement armée d'une guitare électrique. Mais surtout dotée d'une voix infiniment douce, pour commencer par une ballade qui va l'être tout autant. Une voix qui fait la mélodie, sur quelques accords plaqués. Un univers finalement pas si éloigné et une entrée en matière toute trouvée pour le Set à venir.



Un accordage de guitare dans un bruit de vent ... A chaque morceau, son chant qui commence comme un murmure. Puis un léger tourbillon qui monte. Beaucoup de poésie dans cette musique et dans cette voix. Avec, petit bémol, peut-être un peu trop de linéarité.

" Je viens du Canada et je m'appelle Erin ". La voix se fait encore plus discrète, limite imperceptible. Sa guitare semble se transformer en orgue. On reste dans le folk légèrement parfumé de celtique. Très " berçant " encore une fois (sans doute un peu trop même). Elle prend aussi le temps de nous parler de sa vie à Montréal et de ses hivers très durs ... " C'est cela que raconte la suivante ". Manque sans doute (à moi en tous cas) la compréhension des paroles de Warrior, parce que musicalement, ben c'est toujours pareil, encore une fois. Alors la Miss est charmante et ses mélodies fort agréables, mais on tourne un peu en rond malgré tout.



Je me dis ça et c'est à ce moment-là que vient le joli effet de surprise de Taps : Sons ludiques, musique plus enlevée et plus joueuse je dirais. Bruit d'orage et de pluie ... On entre dans une autre dimension. A la fin, elle pose sa guitare, pour nous faire entrer cette fois dans un monde peuplé d'oiseaux, armée d'une toute petite autoharpe. Et autant j'aime aussi l'univers de All The Birds In The World, autant je ne suis pas fan de l'instrument dans le cas présent, qui sature très vite et donne un son un peu trop fouillis. Dommage.

" J'ai un chanson qui reste ce soir... " et elle nous qualifie de public " Very quiet ! ", tout en nous faisant partager sa joie de tourner avec Agnes Obel et les filles. Puis nous sort encore un instrument improbable : Une petite boite à musique à manivelle. Et alors là, ça, j'aime vraiment beaucoup. C'est en totale harmonie avec sa voix cristalline. C'est enfin un vrai petit moment de bonheur, mais il ne vient qu'à la toute fin de son Set. Encore dommage. Sur ce, elle nous quitte simplement, sur un " Merci beaucoup et bonne soirée ".



Erin Lang : Chant, Guitare & Autoharpe

Setlist
1 - Anchor
2 - Threads
3 - Falling
4 - Warrior
5 - Taps
6 - All The Birds In The World
7 - Kalimba Song

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Les filles font leur entrée toutes les trois en même temps, Agnes Obel entièrement de blanc vêtue. A chacune sa petite lampe tempête suspendue devant elle. Pianiste et violoncelliste prennent place assises, mais la violoniste va elle rester debout tout au long du concert. Et tout de suite, la musique monte et nous enveloppe. Les lumières sont couchantes. Pas un mot pour le moment. Juste l'univers de la belle Obel qui se met en place.

Après cette introduction instrumentale, ce sont leurs voix qui vont emplir l'espace. Mika et Anne pour les chœurs et celle d'Agnes Obel toute en chaleur et en nuances. C'est plus que juste de la musique, c'est une véritable histoire qui se déroule pour nous. Son visage, lui, est tout en douceur et en blondeur... Ce début de Set a définitivement quelque chose de magique.



Après les présentations de la violoncelliste belge et de la violoniste canadienne, la musique reprend dans une fumée légère. C'est à nouveau prenant et captivant. Juste cette musique qui remplit l'espace. Mais tout cela est beaucoup plus posé et surtout plus " sérieux " qu'au Silo. Moins évanescent et moins précieux aussi, ce qui donne à la fois une sensation de maturité, mais qui rompt aussi un peu du charme qui, pour moi, les entourait à Marseille.

Qu'à cela ne tienne, même si je suis un peu désappointée par leur univers visuel, la musique reste plus que belle. Et c'est avec une nouvelle chanson que nous enchaînons. Entre les morceaux, seules leurs petites loupiotes restent allumées et c'est sous une douche de lumière que Obel réapparait pour Fuel To Fire. Chacune de ses phrases musicales est travaillée, emplie d'intensité et de couleur. Même les liaisons se font toute en douceur avec, en fond, une ligne de violon ou de basse. C'est subtil dans le jeu avec les rythmes. Commençant en général dans la douceur et faisant monter la force, qui éclate d'un coup. Laissant même par moment le public s'en retrouver tout surpris.

Les morceaux se suivent ainsi et se juxtaposent, un peu comme les scènes d'un film. On peut fermer les yeux sans regret pour écouter car, de toute façon, il faut bien reconnaitre qu'il ne se passe pas grand chose sur scène. Le bon côté est que cela permet de laisser libre cours à la rêverie et aux pensées que le musique peut nous inspirer. Le moins bon est que je ne suis pas sûre que le Live ne m'apporte quoi que ce soit de plus que l'écoute du CD au calme et avec du bon matériel hifi.



Anne a un peu de mal à maintenir en place ses partitions qui s'envolent légèrement. " J'ai un petit problème avec la ventilation " poursuit Agnes Obel au micro. Tout cela est distant. Presque froid même. Tout juste quelques échanges de regards. Comme si les filles se connaissaient à peine. Et c'est ce qui me dérange le plus, fondamentalement.

Un peu de machine vient se mêler aux cordes. Une autre page du livre se tourne. Une pièce de tissu ajoutée dans le piano, pour en changer la sonorité. Une chanson " from Berlin " sous des lumières qui se font bulles légères. On tient là quelque chose à la fois de doux et de très intense. Une impression d'ailleurs et, encore une fois, une richesse musicale incroyable. Bidouillage dans le corps du piano et un public qui reste hyper sage, je trouve (c'est la chanteuse de Feral And Stray qui l'a fait remarquer en première partie) ... Ou bien qui, comme moi, s'ennuie un peu ? Elle nous propose une " Old song, really, really old !! ", peut-être même une des premières qu'elle ait écrite, à 17 ans à peine. Plutôt sombre en fait et peu chantée. Wallflower, qui va d'ailleurs me laisser un sentiment de grande mélancolie.



Ensuite, on revient en terrain plus connu et à sa voix pure comme l'eau qui coule dans Riverside. Puis on enchaine sur une autre inspirée d'un chant danois très ancien, parlant d'araignées (mot dont elle demande la traduction en français) ... Pas toujours évident à suivre à présent ce Set, mais un morceau assez enlevé, avec de magnifiques chœurs des filles. Je remarque au passage un bien joli et discret tatouage à l'intérieur du bras gauche de la violoniste. Petite musique comme menée à la baguette par un métronome, violon et violoncelle jouées à la corde, dans le même esprit. Un petit air bondissant, dont l'intensité monte encore et encore, pour terminer de façon plus que vibrante. Un fin très enlevée et hop, elles saluent toutes les trois et disparaissent rapidement la scène.

Retour du trio pour une " Folk song " en rappel. Elles sont baignées de fumée, de vent et de rouge pour cette ballade à trois voix, un peu teinté d'esprit celtique. Puis une toute dernière, Obel jouant seule au piano, avec juste quelques phrases chantées par sa violoniste ... Et toujours le même sentiment, qui ne m'aura pas quitté du concert : Très belle musique et voix parfaite, mais un cruel manque d'âme ce soir pour Agnes Obel et ses deux compagnes, avec lesquelles elle ne semble pas avoir partagé plus qu'un même espace, le temps de ce concert. Dommage que l'on soit si loin de la belle, fraîche et charmante complicité de la fois dernière.



Agnes Obel : Chant & Piano
Mika Posen : Violon, Alto & Chant
Anne Müller : Viloncelle & Chant

Setlist
1 - Louretta
2 - Philharmonics
3 - Beast
4 - Fuel To Fire
5 - On Powdered Ground
6 - Chord Left
7 - Aventine
8 - Dorian
9 - Wallflower
10 - Riverside
11 - Run Cried The Crawling
12 - Words Are Dead
13 - The Curse
–––––––––––––––
14 - Katie Cruel
15 - Smoke & Mirrors

Chronique réalisée par l'équipe de Concerts en Boîte

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