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Chronique de Concert

L + AimbAss

L + AimbAss en concert

l'Escale - Aubagne 17 décembre 2011

Critique écrite le par

AimbAss + L

Amis lecteurs, écartez les enfants de cet écran.La première partie de cette chronique n'est pas à mettre entre tous les yeux.
L'arrivée à l'Escale d'Aubagne se fait encore à l'arrache en ce qui me concerne, ceci étant du à mon sens aigüe de l'orientation, ... et d'autres petits désagréments. L'accréditation n'étant pas parvenue jusqu'à l'accueil, je me garderai donc de sortir l'appareil photo du sac, surtout dans ce lieu que je découvre pour la première fois, à mon grand regret, ayant raté toutes les perles de la programmation jusque-là.

Et c'est finalement pas plus mal, dans une certaine mesure, de ne pas shooter ce soir. Cela me permettra de me concentrer pleinement à l'écoute des deux artistes à l'affiche de ce soir : AimbAss et L (Raphaële Lannadère). Enfin, c'est sans compter un début de mal de crâne qui pointe et ne me lâchera pas de la soirée...


photo : Serge Long



AimbAss, duo régional, est la partie qui attire le plus ma curiosité ce soir, je dois l'avouer, ayant déjà vu L il y a quelques mois à Hyères.
Composé de Aim-a, auteure et interprète des textes de poésie érotiques, et du bassiste et arrangeur Stéphane Paulin, qu'il n'est vraisemblablement plus la peine de présenter pour les initiés locaux (et d'ailleurs), partenaire de Vibrion ou de Nevchehirlian, entre autres, ce duo a tout pour attirer un curieux comme moi.

AimbAss se définissent eux-mêmes comme proposant de la "poésie saturée", terme dont je me garderai bien d'essayer de décrypter, mais qui colle par contre assez bien à ce à quoi on assiste à l'écoute du duo. Car AimbAs, c'est avant tout des textes, l'auteure-interprète Aim-a proposant de la poésie "cash", assez brute dans un sens ("Je t'attrape / te délaisse / à nouveau te lêche / t'étire jusqu'à te perdre / à nouveau t'immerge ..." - Fée), d'une écriture sans fioritures, sans arabesques inutiles, poésie qu'elle propose en prolongation des concerts, sous la forme d'un petit recueil de textes, en même temps que leur CD 4 titres. Les mots sonnent et percutent, dépeignent l'érotisme et l'amour au féminin, pas toujours sous son meilleur jour, mais souvent sous son aspect écorché, sale, honteux ou subit ("Je suis celle qui remplace les absentes / Comble les manques / Ravive les envies / J'enlève au quotidien / Redonne la folie..." - Clandestine).

Sur le papier, Aim-a joue avec les mots, les bribes de phrases, des bribes de mots ou de syllabes, comme des sons ou des sens cachés, imbriqués ou bien aux contraires déroutants ("S'ouvrent aux petites caresses amicales / Aux deux quoi de plus vaginales / Pour mieux se connaître / De se passer du mâle..." - Petites Souris).

Sur scène, la prestation renforce encore l'abrupt du propos : un côté théâtral dans la prestation de la chanteuse, tantôt énigmatique, tantôt féline ou à la sensualité lascive, tantôt froide et dérangeante (O Zone ?), tantôt effacée vis-à-vis de ses textes, à l'image du sujet de ses textes (Clandestine), les textes étant déjà assez francs et parfois dérangeants, Aim-a en rajoute en appuyant ses textes devant nous.

La mise en forme de l'ensemble est encore accentuée par les arrangements et l'interprétation d'un Stéphane Paulin entre présence incandescente et effacement complice. Ici, pas de musique de chambre en l'honneur d'un érotisme classique, pas de piano ou de violoncelle à la gloire d'un portrait à la Fragonard de l'amour. Les boucles électro-industrielles entêtantes ("Sadique meurtrissure parsemée d'écart lattes / En dedans de moi sans stig-mater / Condamnation sans mot-dire / Et qui m'ose ... Et qui m'ose ?... Et qui m'ose ?..." - Bleu), les vagues de basses et de guitares (comme sur Fée), saturées elles-aussi, montent encore d'un cran l'intensité de la prestation.

Inutile de vous dire que, sauf à décrocher dès le début, le tout ne laisse pas indifférent pour qui tend l'oreille. A l'image de l'interprétation d'un des textes (O Zone ?) qui peut mettre un brin mal à l'aise, Aim-a enfonçant son regard dans le regard de son public, sans ciller, sur une musique prenante. Messieurs, avalez votre salive ou détournez vos regard en cachette, quand Aim-a vous aura lâché du sien... Assis au dernier rang, les dos à contrejour du public clarsemé, me font penser à des salles obscures aux pratiques clandestines et inavouées. A l'abri des regards.

A noter que le tout ne saurait souffrir d'un son médiocre. Mais ce soir, à l'exception d'un seul morceau, la balance est très équilibrée et permet une bonne écoute des textes.Un très bon moment.



Changement de décor assez radical, avec la désormais réputée L (à compléter généralement et paradoxalement par l'identité réelle non reprise de l'artiste, Raphaële Lannadère, tant cette seule initiale est encore plus fine qu'une aiguille dans une toile internet).

Ayant déjà assisté à son concert en octobre dernier à Hyères, je sais déjà plus ou moins à quoi m'attendre. La surprise ne réside donc plus dans ses effets, mais plus dans l'approfondissement ; les mains et mes yeux libres cette fois-ci de tout appendice numérique, je peux ce soir me concentrer sur la prestation de la jeune femme. Enfin... me concentrer afin de me concentrer, tant mon mal de crâne s'amplifie encore, au point de me tétaniser la mâchoire.

Après la plume rouge dans un écrin gris d'Aima-a, voici sur scène la plume blonde dans un écrin noir.

La mise en scène soignée est toujours au rendez-vous : une foultitude d'instruments sur la petite scène de l'Escale, la frêle "L d'Arc" à la tête de la grosse artillerie, quatuor musclé composé de Vincent Brulin (qui alterne donc sur la tournée avec le non moins connu Julien Perraudeau), le discret mais non moins efficace Emiliano Turi, entendu sur Viva and the Diva entre autres, et Julien Lefèvre, régional du tour, qui vient comme en écho à la présence de Stéphane Paulin en première partie (il me semble avoir entr'aperçu également rapidement Gildas Etevenard dans le public...).

Toujours cette intro sonore aux accents cinématographiques en guise de générique, où on croit percevoir des bribes de documentaires, des sons de trains vapeur au départ, un couplet de BIllie Holliday, ...

Toujours cette très belle orchestration de lumières, reposant principalement sur ces miroirs articulés en fond de scène, qui jouent à renvoyer les pinceaux de lumière ici ou là, en fonction des ambiances (comme ce joli ricochet de lumière pâle venant souligner la pianiste sur Mes Lèvres).Moi qui avait ostensiblement souri à la lecture d'un avertissement au public au Pavillon Noir sur la présence de stroboscopes à tels et tels moments du spectacle, je me repends platement ; les stroboscopes de ce soir sur Cocaïne ou sur Pareil (?) finissent de m'achever en transperçant mes tempes... je finirai le spectacle pratiquement les yeux mi clos, la tête dans les mains...



Toujours cette présence délicate de la chanteuse, légère, une plume dans le vent, défiant la gravité - comme disent les journalistes - fermez les portes derrière vous. Un soin apporté à la tenue, noire, comme élément à part entière de la mise en scène. Et cette collection visiblement inassouvie de bas, tous plus originaux les uns que les autres. Mitaines aux mains, les doigts fins soulignent et rythment les mots que Raphaële égraine.

Toujours cette volonté de se rapprocher encore et encore de ce public, l'interpellant ou commentant souvent ("Si vous pouvez vous levez... c'est l'heure du "rock"), ces venues fréquentes en tout bord de scène, au risque de basculer dans l'obscurité. Et toujours le superbe effet de la chanteuse, assise en bord de scène, comme au bord des lèvres (Je Fume, Petite, ou après les rappels Mon Frère).

Il faut, certes, passer le cap de cette voix et de ce phrasé assez particulier, aux reprises de souffles non dissimulées à chaque vers. Ce quelque chose de Barbara, toutes proportions gardées, dans cette façon d'étirer, de traîner les phrases de façon lascive, ripant sur les mélodies, parfois elles-mêmes lascives et traînantes, ne sachant finalement plus qui court après l'autre... (Château Rouge, Mescaline, Les corbeaux, et surtout Je Fume, au tempo -20, qui donne envie de s'endormir sur ses genoux"...).

Et toujours, toujours, la surprise d'être fauché en plein vol par les arrangements musicaux, superbement retranscris sur scène par le quatuor, arrangements déjà impressionnants sur album, et recréant ici des ambiances amples, dépassant le simple concert.

Seize morceaux plus tard, qui semblent être passés en un clin d'oeil tant chaque chanson est emprunte d'évidence et de légèreté, deux rappels aux applaudissements debout et une présentation appuyée des musiciens (dernière date de cette fin d'année oblige ?), nous revenons dans l'instant présent et la soirée glaciale sur les hauteurs d'Aubagne.



Je rejoins ma voiture au radar, mal de crâne en bandoulière.Avoir commencé une soirée sur des confessions érotiques, et la clore avec la migraine... avec le recul, cela aura été finalement assez cocasse.

Setlist approximative AimbAss :
1- Clandestine
2- Bleu
3- O Zone
4- Fée
5- Petites Souris
6- Fantasme Agonies (?)
7- What Do You Want Of Me ?

Sur scène, AimBass c'est :
Aim-a (textes, chant), Stéphane Paulin (basse). Son : Phi Ze Driver

Remerciements tout particulier à Serge Long, pour la photo de AimbAss. Plus d'images de la soirée par ce photographe ici

Setlist approximative L :
1- Château Rouge
2- Initiale
3- Al Djazaïr
4- Je Fume
5- Mes Lèvres
6- Jalouse
7- Cocaïne
8- Wishes Tree
9- Strangers in the Night ce 20 juillet (?)
10- Mescaline
11- Pas de Ciné
12- Romance et Série Noire
13- Petite
Rappel :
14- Mon Frère
15- Pareil
2ème Rappel :
16- les Corbeaux

Sur scène, L c'est :
Raphaële Lannadère (chant), Donia Berriri (claviers), Julien Lefevre (violoncelle, guitare, ...), Vincent Brulin (basse, guitare, claviers), Emiliano Turi (batterie). Ingé son : Thibaut Lescure. Ingé Lumière : Jean Antoine Favreau

Plus d'images du concert de L à Hyères ici

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