Accueil Chronique de concert Akosh / Etevenard
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Chronique de Concert

Akosh / Etevenard

Akosh / Etevenard en concert

La Meson 12 juillet 2009

Critique écrite le par

" Ceux-là, Ils Pourraient Être ! "
(La Relève du Vanguard...)


Que ce soit pour y mirer son Akosh S Unit, ses incartades vers les Noir(es) rives du Désir, ou ses récentes associations avec l'homme tambour (Gildas Etevenard) et LA voix Karpenia : l'amateur de " free " se sent toujours concerné, à son aise, au coin des bois, des toms, des cordes et des cuivres, de l'allumé Szelevényi en chef... Une fois de plus, au coin de ce mois de juillet encombré d'allers-retours estivaux et pétri de canicule, c'est la Meson qui s'y colle...



Dès la (sommaire) et traditionnelle présentation (X2) - suivie d'un remerciement adressé à " toutes celles et ceux qui ont le courage de s'enfermer dans une petite salle chaude comme ça ! " - on sent que l'homme Akosh ne cherche pas à abuser plus que ça du contact et de ses fameux échanges " artiste versus public ", non, pas de " ça " ici. Ceci étant fait, le duo s'immerge littéralement au sein d'un impressionnant dédale d'instruments à cordes, vents, biceps, pieds, poignets et lèvres, prêts à lâcher les amarres du réel dans l'instant.
Tandis qu'une sirène avorte ou agonise lentement sur le lointain Mississippi - c'est sale, la Méditerranée, par ici ! - une paire de muscles et d'os annonce l'arrivée imminent d'une ample tripotée de cymbales, par petites touches légères, ambitieuses, menées de baguettes de maître... Etevenard ! Le voyage se radine alors illico à nos portes : rêve fermement calé sur le porte-bagages, univers enfin rivé sur " bascule ", " ailleurs ", " higher " ; " largage de gravité " et perte de repères " visités ", en sus... En cette cent cinquantième célébration de dame Big Ben : quoi de plus approprié, que cette longue longue suite de cloches, gongs, clochettes et cymbales, entrecoupée de voiles de percus et courtes gifles sur " toms " et " claire " (pas le prénom, non, la caisse de la même appellation !). Qu'il soit bâti sous balais, pieds, mains, doigts, paumes et poignets - je suis sûr et certain que les oreilles seront également de la partie à un moment ou un autre, suffit juste d'attendre LE moment opportun ! - le rythme est maître chez-lui et parvient même à éclipser les maints efforts " poumonesques ", les nombreux crissements du sax, qui viennent parfois vriller le pavillon, jusque-là baigné de plénitude (et briser ainsi la fragile harmonie, toute suée de récent). Je pense alors " Cheval Mouvement " et Chronophotographie, sans même savoir pourquoi, pour qui, et quel rapport très précis colonise ainsi mes synapses sur l'instant... Mais les images se forment et se répètent bel et bien, apparaissent et défilent sans temps mort, néanmoins.



À voir la façon dont " ça " tombe un peu partout autour, sur tout ce qui résonne, vibre, ou cuivre - sans discernement apparent, ou précision en tête - d'aucuns pourraient persifler et insinuer qu'" il " règle simplement son barda de notes en vue d'un concert à venir : alors que le Szelevényi se borne tout bonnement à rappeler aux humains présents qu'ils voguent tous à bord du même bateau ; où l'" Om" et le " Mani Padme Hum ", règnent en maître(s) et s'épanchent de plaisir (même si d'aucuns semblent rester sur rive, en attente de mieux, au loin). On a beau regarder et ouïr : quelque chose hurle et crie en lui : faut que " ça " sorte, ça saute aux yeux, aux esgourdes ! Faut que " ça " s'épanche dans l'air, que " ça " vrille dans la feuille, que " ça " pelure de l'âme. Instrument à vent ? Mon cul, ouais, le vent n'y est pour rien ! D'ailleurs, on étouffe, ici. Et puis, s'il y a " anti-matière ", il y a " matière ", s'il y a " bouquet de notes ", et de " nerfs ", il y a... " Ça ", là, ou plutôt, ceci ! (C'est de leur faute, après tout, si je pense et retranscris n'importe quoi sur feuille blanche quadrillée : c'est eux qu'ont commencé, na !).



Imperturbable, et comme sourd (réceptacle) aux démons surgissant de son alter Hongrois ego, Gildas se contente de marteler de la tom en vache... D'amour à fleur de peaux tendues (de désir, et d'envies, d'énergie et de vie).
Sans faiblir ni fléchir, le saxo hurle son désespoir et lance ses clés à la face du monde mollissant doucement sous cuir et ruisselant gentiment de l'aisselle : paisiblement, stoïquement, sans honte, ni retenue aucune. Tiens, v'la que " ça " bascule, place au " boucan " désormais : non, non, je ne parle pas céans, de ce mec rond, mou, fainéasse et chevelu qui vous a délesté de la plus grande partie de votre jeunesse, non, mais de la réelle cacophonie sous obédience " free " qui distille du Coltrane, du Coleman, du Dolphy, ou du Daunik Lazro sous veines et vaisseaux, à flux tendu !
Tandis qu'on semble fouiller en mes esgourdes à grands coups de griffures métalliques, les roulements et fracas s'enchaînent sans temps mort. Putain, j'en ai plein les poumons, de ce " truc ", et j'suis certain que " ça " ne va pas s'évanouir, juste comme ça, au prochain souffle aspiré de tréfonds d'alvéoles. C'est bizarre, c'est tellement saccadé désormais, que mon équilibre se met à tanguer sans tarder - marqué à la culotte par un étrange et prenant mal au cœur, surgi d'on ne sait où afin d'éprouver mon fragile organisme ! - si ça continue à ce " non " rythme, c'est la rétroversion du foie garantie du duo par contrat. Reste, que, un tiers de la salle s'étant comme résolue à poser UN ou DEUX doigts sur ses lèvres serrées, d'un même élan enfin collectif - pupilles fixes, rivées sur cage thoracique hors d'haleine - je sens bien que le questionnement qui m'habite n'est pas fils unique, isolé, ni même, irraisonné.



Contrairement aux frêles apparences, l'ennui est bel et bien présent en nos murs : posté à côté ou en chacun de nous, prêt à saisir la moindre opportunité, à traquer les multiples langueurs nées des " évasions " à répétition du duo en grande quête. C'est souvent difficile à saisir, parfois juste irritant, et parfois, " ça " fonctionne réellement : comme lorsque l'ami Etevenard titille un vague instrument à cordes Africain ou Balkanique, de sa baguette, pendant que son acolyte râle et exsude sur micro nimbé de lourde moiteur. En CES moments très précis : j'ai l'impression qu'ils manipulent mon plexus et ma respiration à distance et que le sax découpe mon intestin grêle à chaque (hors du temps) intervention ; que ma cage thoracique se rétracte, à chaque (inopinée) intervention du sax ; que mon crémaster (cycle) se trouble, à chaque (incongrue) intervention du sax. J'ai beau tenter de mieux me caler pour m'attarder sur le monstrueux travail abattu par l'Etevenard en chef - qui tire modifie et retend peau(x) sur peau(x) à la chaîne, sans fléchir, sans souci d'esthétique, mais doté d'une précision rare, toute chirurgicale - mon occiput crisse et se tend néanmoins, à chaque (irréelle) intervention du sax.
Tiens, cet agité du " bocal " se borne désormais à dialoguer avec son bec, pour unique compagne ; une remontée de notes qui glisse lentement sur anche et qui déclenche un début d'exode précipité chez ses contemporains (six sorties précipitées visiblement en quête de clope, de fraîcheur, et de voûte étoilée. À première vue, du moins...).
Ignorant royalement ces quelques départs inopinés, nos deux lascars n'en perdent pas une miette, côté poursuite de l'" œuvre " en cours : ils s'amusent manifestement comme des petits fous du son (un brin furieux) comme des gamins lâchés dans un magasin débordant d'instruments étranges, splendides, et merveilleux ; tous plus aigus les uns que les autres.



Cette nuit, à n'en pas douter, je vais rêver en : " couplet, refrain, couplet, refrain, pont, couplet refrain, couplet, refrain, couplet, refrain, pont, couplet refrain, couplet, refrain, couplet, refrain, pont, couplet refrain, couplet, refrain, couplet, refrain, pont, couplet refrain, couplet, refrain, couplet, refrain, pont, couplet refrain, couplet, refrain, couplet, refrain, pont, couplet refrain... ", des heures et des heures, durant. En réaction, juste !
Lorsque Akosh s'empare d'une sorte d'accordéon/bandonéon couché à soufflets qui s'active du poignet - je pourrais très bien aller sur le Net pour voir ce que c'est, ou comment " ça " s'appelle, mais, non, j'ai fait vœu de Wikipedia, abstinence, on " sait ", ou on ne " sait " pas, point barre ! - les Balkans sont en feu ! C'est partout le bruit des bottes et il est plus que temps de réagir, de s'opposer, ou d'y penser. Le décor vient de fondre sous les efforts conjugués de la chaleur et du duo qui usine : mon front vient subitement de rétrécir de quelques centimètres et je patauge désormais dans l'abscons ou son confluent le plus proche... Le vide ? Je suis un saumon apatride en quête de rachat, qui gigote maladroitement sous " transe ". Ils m'ont happé bien malgré moi, attiré à contre courant, et... Voilà que ça monte, que ça monte, que ça monte, tiens, ça monte, v'la que ça monte, holà, ça monte, hé... Ça monte ! Monte ! Monte ! Monte ! Monte... Jusqu'au coup de gong libérateur ! Instant sacrilège mal choisi par un(e) spectateur un poil trop zélé(e), qui tente ainsi de déclencher une courte salve d'applaudissement (vite calmée d'un court dédain de lèvre supérieure, dans le plus pur style : " ici on bosse ! messieurs, dames... ").
Lorsque le dernier accord tombe enfin, les gens se libèrent et cabossent pleinement de la paume par rafales, avant qu'il ne soit trop tar... Ben, non ! Les v'la qui remettent " ça ", et sans temps mort, dommage...



Je ne sais si l'homme fait " rythme ", parle carrément à son gong (et si celui-ci l'entend ?) ou s'il se contente de lui souffler dessus en espérant que celui-ci garde la note bien au chaud pour lui, pour plus tard, mais j'avoue tout de même que l'image me sèche l'entendement de démarche. De même, quand il s'en prend sans prévenir à un pauvre petit tambourin sans défense, j'ai bien envie de me lever sans tarder pour m'interposer, mais il fait si chaud, si chaud, si chaud, ici, que, parfois, ben... Chaud, quoi, trop !

Au fond, je ne sais si les gens goûtent, doivent, pensent, ou... Se doivent d'y goûter ET y pensent, mais, en ce qui me concerne, j'ai parfois le fort intérieur qui se lézarde sous les coups arythmiques et les (crispantes) interventions du sax. Imperturbable, sachant qu'une fin à toute chose, il y a, le frêle humain posté alentour, plie, soit, mais ne rompt pas pour autant. Reste, que, par moments, " ils " semblent tellement affairés à ne pas (jamais ?) jouer ensemble, qu'une sorte d'absolu semble les submerger de concert, pour... Et... Euh... Ha... Tiens... C'est fini !

> Réponse le 16 juillet 2009, par Kinguzeb

J'ai beau chercher, après de longues années passées à écouter ou suivre du jazz, je ne sais toujours pas ce qui est " free " ou pas rien à faire ! c'est la troisième fois que je voyais Akosh et je ne sais toujours pas ce que j'en pense vraiment. Ce qui est annoncé " free " ne me semble pas l'être et ce qui est plus construit ethnique (transe dans l'article) me semble parfois hors propos, loin des canons de nôtre genre. En gros, je ne sais pas si le bonhomme est vraiment ce qu'il dit être et je crois que j'ai finalement préféré l'article au concert car il m'à donné du plaisir en toute honnêteté. Bravo à son auteur et à la Meson pour sa prog, vivement la rentrée !  Réagir


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