Accueil Chronique de concert Alexis HK + Usthiax
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Chronique de Concert

Alexis HK + Usthiax

Alexis HK + Usthiax en concert

Le Cabaret Aléatoire - Marseille 5 mai 2010

Critique écrite le par

Nan, je ne suis pas un intello qui méprise le sport le plus populaire de la planète : merde, faudrait pas que par réaction épidermique, les amateurs de ballon se mettent à ressembler aux faux prescripteurs de l'intelligentsia : cette frontière infranchissable qui devrait séparer une masse populo, décérébrée et avide de castagne qui se presserait dans les arènes ou foncerait picoler sous les écrans géants des bistrots d'une part, et une poignée hautaine et feutrée qui ricanerait d'eux pendant ce temps en écoutant du jazz ou du Chopin tout en papotant œnologie dans 200m2 aux sols parquetés, ça marche pas. Comme tous les trucs hâtifs, c'est bancal. Pour preuve, il est de très bon ton d'afficher, dans les classes aisées, un goût prononcé pour le ballon rond ; et moi qui suis plutôt prolo "appellation d'origine", élevé pur plein air de tour d'HLM, ben, le foot, je m'en branle. Et en plus, j'adore Chopin. Hey, elle est bien là la nuance : je ne méprise pas, je ne dénigre pas, juste, ça m'indiffère. Et faut pas croire, Dude, comme tout mec qui se respecte, j'ai chaussé les crampons dans ma prime jeunesse, arpentant les rues qui séparaient le 4 pièces familial du stade Ganay, fier comme un paon dans mon maillot de héros des 70's (Qui c'est les plus forts, les plus forts, c'est les Verts !").
Mais bon, avec le temps, ça m'a passé.
Et puis, faut préciser : c'est pas le foot en lui-même qui me hérisse : c'est son omnipotence. Parangon de la presse en chute de vitesse, atout minable et racoleur des journaux TV, sujet de conversation salvateur dans les dîners de famille mortifères, le football est partout, féroce, carnassier, affamé, sans-gêne, violateur, imposant, pataud et condescendant. Les types qui transpirent sur la pelouse, ma foi, pourquoi pas. Mais la bouillie nauséeuse de leur marketing, balancée à grandes louches dans ma gamelle sans préavis, partout, tout le temps et sans la moindre trêve, ça, ça me gave.


Donc voilà que j'aggrave mon cas encore une fois : le concert que je chronique ici se déroule un soir de match, et qui plus est, LE soir où Marseille devient champion (ce dont je me branle allègrement aussi, soit dit en passant). Donc, faudrait que je songe à m'interroger sur le fait que je me retrouve à chroniquer quasi-systématiquement des concerts ayant lieu des soirs d'évènements footballistiques. Ok.
Soit les artistes que j'ai envie de voir sur scène se positionnent eux-mêmes volontairement de l'autre côté de cette frontière manichéenne, soit c'est la faute à personne. En tout cas, je ne fais pas EXPRES d'aller voir des concerts les soirs de match, finale ou pas, championnat ou pas, et ce n'est certainement pas par aversion, ni par esprit de contradiction (bien que j'ai une petite faiblesse de base pour être "naturellement contre". C'est mon côté Super Dupont ça, franchouillard du béret, tartineur de Calendos sur baguette, râleur de principe...). En même temps, faut dire que les matchs, les championnats, les coupes, c'est pas vraiment ce qui manque, hein... Le foot, ça se débite comme les knackies dans les usines... et il se trouve que les concerts, ben... aussi.
En fait, il doit y avoir à peu près autant de matchs de merde que de concerts de merde, non ? Hé hé... Donc mathématiquement, je dois être inscrit dans un intervalle d'espace temps qui me situe à la rencontre statistique des compétitions de foots et des soirs de (bons)concerts. Bref, fin de ce long prologue d'où perlera malgré tout, pour quelques esprits chagrins et étriqués, une aversion pour les hommes de la balle, et ma foi, j'en ferai mon parti sans trop de souffrance.


Il se trouve que sous une pluie de mai plutôt glaçante et obstinée, se tient au Cabaret Aléatoire le concert d'Alexis HK, ce fameux soir ou l'équipe locale va remporter la victoire. On est pas bien nombreux, faut avouer. D'aucuns disent que c'est à cause de ce fameux match, et que d'ordinaire, nous aurions été bien plus. J'en doute. La pluie reste une piste plus probable. Ici, quand il pleut, c'est probablement acide : si tu sors, tu vas fondre ou brûler, ou un truc comme ça.
Et puis Alexis HK, avec une écoute de départ un peu hâtive, pourrait se ranger à la va-vite dans un tiroir "chanson" de base, rayon instrumentations bien branlées et voix parlée/chantée ; ouais. En jouant au déplaisant jeu des associations/filiations Bena(cauchemar)baresques ou Gains(fourre-tout)bouriennes... Mais curieusement, rien de très marketté en fait. Un truc plutôt discret.
Et puis avant, y'a usthiax.


Usthiax, de son prénom "duradire".
Le genre de type qui, déjà doté d'un sévère savoir-faire en matière de guitare, s'accompagne d'un virtuose de la six-cordes (David Gutteriez, homme sur lequel les fées se sont penchées, belle gueule, voix immédiate et placée, et doigts d'or) pour emporter sans avoir l'air d'y toucher 200 spectateurs un soir de pluie qui ne sont pas venues pour lui, et qui finissent par l'applaudir à tout rompre pendant cinq bonnes minutes jusqu'à le mettre presque mal à l'aise. Assis sur une chaise, comme ça, après avoir chanté sans la moindre forfanterie son blues-Eluard, son folk-Lamartine. Une voix chaude comme un vent africain, des notes creusées dans la roche comme des gorges dans le Lubéron, des histoires de lisières, d'orée de bois, des tensions aux odeurs de cèdre. Beau de la beauté des chardons, un bien beau monsieur, ce usthiax.


Il pleut toujours, quelque part des ballons en cuir percutent le fond des filets et des milliers d'hommes hurlent; ici tout est calme et Alexis HK et son équipe prennent place.
Quand on retrouve ce monsieur sur scène, plusieurs choses frappent.
D'abord, il est classe. Sacrément classe. Classieux même, comme dirait l'autre. Et histoire de ne pas trop en rajouter quand même, parce qu'en plus il est plutôt du genre beau gosse, ses comparses (tous costardés) sabordent une surclasse éventuellement déplaisante par des lunettes caressant toutes le ridicule de très près.
Ensuite, le mood est plutôt rock. En fait, plutôt normal pour un gars traînant ses bottines avec la bande Seb Martel / Java / Joseph Racaille, et fait réaliser son album par Matthieu Ballet, qui bosse entre autres pour Miossec ou Merzhin...


Et enfin, on s'attache aux paroles : là où l'écoute de disques / mp3 myspaciens / clips youtubesques n'avait pas réellement réussi à forcer mon cortex, je me délecte de ses interludes qui dévoilent une causticité acide, un rire sardonique presque méchant, et un côté déviant narcissique du plus bel effet. Les anecdotes fusent, les morceaux racontent des filles connes ou sublimes dans une ambiance de fumée de Ninas et de cognac ambré, et là où cette nouvelle chanson française a un peu tendance à me filer de l'urticaire, on se surprend à ricaner, à sourire, entre deux ou trois fois où l'on se dit : putain, merde, ça joue... Et pour l'anecdote tout court, il tombe de petites gouttes de pluies tout droit échappées des entrelacs des plafonds du Cabaret, là, directement sur scène, comme de petits métronomes transparents et humides traversant les faisceaux bleutés des projecteurs pour atterrir sur le nez de la batterie... Putain de pluie glaciale de mai...


Le concert se déroule comme ça, équilibres disjoints de distanciations et de proximités, de décibels soigneux et d'arpèges brinquebalants, chaque paire d'oreilles aux aguets d'une blague cruelle. Je ne m'emmerde pas une fois , même si vers le fin la succession de rappels me convainc moins : en solo, de vieux démons qui ne m'attirent guère planent un peu sur sa tête. Pas grave. Du coup, on va se laisser aller à ouvrir quelques tiroirs : tiens, on trouve du Arthur H, mais aussi un fantôme plus proche d'ici appelé David Lafore, ou encore une petite odeur de Joseph d'Anvers...
A la toute fin, le dandy se casse en nous précisant vouloir dire deux mots : ce sera : "Voyage ; voyage", et là, la régie envoie une version de cet abominable tube 80's liquéfiée par le trio "les prêtres", hissant le 2nd degré à une sorte de paroxysme terrifiant.
Ouch.
Tant de cynisme, après tant d'élégance et d'autodérision gracile, ça force l'admiration.
Chapeau, l'artiste.
11 champions tout neufs, loin d'ici, ça y est, lancent l'autorisation de massacrer des abri-bus.
Du coup, j'ai pas très envie de lancer ma bagnole dans cette liesse hostile.
Tiens, me revoilà vaguement cynique ?

> Réponse le 09 mai 2010, par Philippe

Magnifique chronique, de quoi réfléchir (mon amie Céline dont j'ai ajouté quelques photos ci-dessus, ne rate jamais un passage d'Alexis HK à Marseille, je devrais peut-être y penser !). Cela étant, sur cette frontière foot/culture, quelques compléments : - il peut aussi y avoir 50 personnes au Cabaret y compris quand l'OM et la pluie ne jouent pas (The Bishops, il y a un an, magistral et désert), - le Cabaret Aléatoire, je m'y suis déjà tapé un match sur l'écran géant en entier avant que le concert ne commence (avant Puppetmastaz il y a environ 6 mois). Tout ça pour voir le Real en mettre 3 à l'OM et se coucher plus tard que prévu/espéré... - ce soir-là (d'Alexis HK) en rentrant du Vieux-Port en feu rouge-blanc-bleu, que j'étais allé voir/honorer en tant que curieux/aficionado...  La suite | Réagir

> Réponse le 14 mai 2010, par Natdelhomme

Ce n'était pas un contexte facile pour le concert d'Alexis HK en cette soirée pluvieuse (et on connaît l'inertie marseillaise par temps de pluie) et en cette 36ème journée de ligue des champions où l'OM disputait son titre de champion. La première partie assurée par le marseillais Usthiax a déjà commencé lorsque nous arrivons au Cabaret aléatoire. Son univers folk rock appelle à l'intimité et ne se laisse pas aborder d'emblée. Usthiax propose de douces et belles ballades. En l'écoutant des noms me passent par la tête : De Palmas, Cabrel. Peut être que d'avoir pris le concert en cours de route ne m'y a pas aidée mais je n'ai pas réussi à accrocher. La proposition scénique trop statique à mon goût et la redondance musicale ne m'ont pas touchée. Alexis HK prend le relais accompagné par...  La suite | Réagir


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