Chronique de Concert
Altın Gün + Diaspora Orchestra
Diaspora Orchestra
À 21h pétantes, démarre le groupe de chauffe, aka Diaspora Orchestra, soit un groupe local orienté oriental composé d'un oud à douze cordes, une guitare folk, un combo rythmique avec ordinateur organique + batterie électronique que complète un chanteur, littéralement impressionné par la foule qui l'observe.
Bredouillant quelques mots dans un micro au son bridé, il lance un peu mollement les festivités, folk de l'Atlas façon club lounge traversé de belles envolées lyriques. Tout au long de leur set, les quatre musiciens se regardent comme pour se synchroniser et juger de leur effet auprès du public qui semble adhérer, malgré un son terrible à la fois sourd et bas, ne dépassant pas les 90 décibels.
Altın Gün
Une petite heure de morceaux hors d'oeuvre plus tard, le public reste figé et guette Altın Gün qui débarque sur scène après un changement éclair de plateau. Altın Gün , "jour d'or", ou ce précieux mélange de musiciens hollandais, collaborateurs du petit prince de la folk pop psyché éthérée, Jacco Gardner inspirant leur jeu et leur look, racé, psyché, classieux, et du duo turc composé d'Erdinç Ecevit Yıldız cumulant avec brio et une déconcertante facilité voix mélodique, saz (luth au manche très fin) et clavier-machines, et de Merve Dasdemir à la voix puissante et envoûtante quand elle chante, fumée quand elle parle, soutenue par des tambourins et parfois rehaussée d'un clavier. La section rythmique est particulièrement mise en avant avec une variété de percussions qui vient avec élégance renforcer la batterie parfaitement maîtrisée de la nouvelle recrue Daniel Smienk et la basse de Jasper Verhulst, tout en gravité et rondeur.
Le set démarre à l'américaine, show parfaitement huilé avec peu de place pour le feeling et la spontanéité. Chaque musicien semble dans son vase clos personnel, concentré pour ne pas sentir la fatigue de cette tournée internationale, emballant à la perfection les morceaux de leurs deux albums "On" et "Gece" le premier dans la pure tradition d'un folk rock anatolien, tandis que le second ouvre une dimension plus électronique, démultipliant la transe. Les quelques reprises sont percutantes : le "Cemalim" d' Erkin Koray, un des grands noms du rock turc des années 70, ou le "Soyle Beni" de Grazia, chanteuse sixties du swinging Tel-Aviv. Les musiciens semblent pourtant souffrir de la qualité aléatoire de leur son ; à plusieurs reprises, Erdinç augmente le volume de son ampli tandis que Merve donne des consignes en coulisse. Au fur et à mesure du concert, la chanteuse semble relâcher la pression, jouant avec le public et ondulant au rythme des envolées synthétiques et percussives. "Leyla" et "Süpürgesi Yoncadan" sont de petits bijoux offerts à la foule qui ne se dépare pas de son engouement.
Une heure et quart de show et un rappel plus tard dans un échange émotionnel croissant "Marseille, mon amour" les musiciens s'effacent à l'ombre des rideaux, le sentiment du devoir accompli dans leur sourire respectif. Dans quelques heures, un autre jour doré se lèvera avec aux belles heures de son terme, un nouveau concert, plus à l'ouest, mais avec encore la mer en ligne d'horizon.
Il ne nous reste plus qu'à retraverser les allées obscures en sens inverse, après avoir voyagé entre les minarets portuaires et les courants contraires.
Critique écrite le 05 novembre 2019 par odliz
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