Chronique de Concert
Amplifier + Anathema
Tout est prêt pour les accueillir : habillage de noir et marquage du beau logo blanc de Amplifier, qui n'est pas sans me faire penser à celui des Arts & Métiers de la belle abbaye de Cluny. On le retrouve partout, sur la batterie, les amplis et même sur les cravates noires qu'ils arborent pour leur entrée en scène. La grande classe (on a même un bassiste avec lunettes de soleil). Tout est fait pour nous plonger immédiatement dans l'ambiance ... La scène noire dans cette lumière rouge, des riffs de guitare à se damner et un tonnerre de batterie. Dès le premier morceau, on ressent cette sorte de fureur contenue, faite de suspens et rebondissements dans le jeu des guitares, qui repartent de plus belle à chaque fois que l'on croit qu'un morceau va se terminer et le tout relancé par un chanteur qui vous fait cela de l'air le plus tranquille du monde.
Les strombis et les samples continuent même entre les morceaux, avec parfois l'impression que l'on se trouve tout prêt d'une soucoupe volante qui décolle. Et plus la salle se remplie, plus on se met à voire les coups de tête lancés par un public qui entre carrément dans la danse. Au dessus de nos têtes, les loges deviennent bleu nuit et l'omniprésence des guitares emplit l'espace durant ces morceau qui semblent durer une éternité. On en prend plein la tête, mais on se la vide aussi et c'est sacrément bon !!
Le montage du canevas est souvent le même : Mise en place des guitares et installation du gros son, puis entrée de la voix de Sel Balamir, qui vient toute en maîtrise. Une très belle combinaison, fort bien dosée, qui ménage également de fréquents ponts musicaux. Et quand viennent leurs impressionnants riffs, leurs corps ne semblent plus faire qu'un avec leurs instruments ... Ça monte, ça se déchaîne et on se retrouve emportés par une puissance inouïe, portée par le rythme infernal des drums. Dans ces moments là, on se retrouve comme pris par cette incroyable pulsion. Et il semble que je ne sois pas la seule qui soit captivée par l'appel de ces cris (il y a même un type qui semble happé par tout cela et qui tient à bout de bras une pancarte mystérieuse qu'il balance de gauche à droite).
Pour assurer leur travail de chauffe de la salle, ils lancent une clappe pour relancer la machine, avec un chanteur qui se met à hurler comme un diable sorti de sa boîte. Et lorsqu'ils se mettent à chanter tous les trois alignés en devant de scène, c'est vraiment méga puissant. Et puis, l'instant d'après, au gré d'un changement de guitare, on se met à entendre un petit carillon digne de la BO de Cendrillon ... Qui se retrouve suivi d'une détonation de guitare et de batterie (ce qui n'empêche pas notre Sel Balamir de continuer à accorder son instrument avec zenitude au milieu de tout cela).
On a aussi par moment des effets acoustiques à la Pink Floyd, avec au final une voix si calme au milieu d'instruments si démonstratifs. Leurs rythmes lancinants, entêtants même, nous emmènent planer mais sur du super gros son en fait. C'est vraiment excellent !!
Les pauses elles-même se font toutes en nuances et en dissonances. Ce sont tantôt de faux calmes avant que cela ne reprenne de plus belle, tantôt de drôles de fin, à la manière de machines qui se seraient détraquées. Puis la guitare repart seule, rattrapée par la batterie et on monte dans une construction et une dynamique que l'on suit pas à pas. Alors une fois sur les rails, on ne peut qu'être amenés à destination ... C'est ce qu'ils vont nous offrir jusqu'au dernier morceau qu'ils vont tenir encore et plus, juste pour le plaisir.
Sel Balamir : Chant & Guitare
Steve Durose : Guitare
Neil Mahony : Basse
Matt Brobin : Batterie
Setlist
1 - Continuum
2 - Panda
3 - Motorhead
4 - The Wave
5 - Interglacial Spell
6 - Interstellar
7 - Neon
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Après la bonne mise en oreille assurée par Amplifier, la salle se prépare au plat de résistance : A savoir rien de moins que Anathema !! Le petit mec qui sautait sur place tout à l'heure avec sa pancarte se met à arpenter la salle à présent ... Fin du suspens, on peut enfin voir ce qu'il y a d'écrit dessus : Free Hugs ! Et le pire, c'est que ça marche, puisqu'il réussi à choper quelques câlins à droite à gauche (comme quoi c'est si simple de trouver un peu de joie à Paris !!)
Moi, je me suis calée de côté sur le petit balcon, entre une fausse fresque de Toulouse Lautrec et le monceau d'instruments de Amplifier qui a été entreposé à la fin de leur set. La scène ainsi vidée se remet en place ... Beaucoup moins d'esthétique, mais il est indiscutable que le seul son de Anathema va suffire à notre bonheur. Parce que j'aimais déjà (évidemment !!), mais Weather System (leur dernier album) m'a vraiment et totalement emballée dès sa première écoute (dans ma voiture qui, depuis, ne veut plus me rendre mon Cd qui est resté dans le lecteur, mais ça c'est une autre histoire ;) !!)
Les premières notes commencent sans personne, avec juste les spots qui suivent la musique. Simple et efficace, comme toujours. Dés leur entrée sur scène, tout le monde se met à hurler et à taper des mains, ce qui amène de sacrés sourires sur leurs visages. En un instant, tout est là : puissance et subtilité, avec un Vincent Cavanagh qui envoie de grands coups de bouclettes vers le public. Ça y est, on y est. Et ça va durer comme ça pendant deux bonnes heures. Une parfaite combinaison de force et de douceur, avec une instrumentation de folie.
Après cette intro qui a juste parfaitement planté le décor et un bonsoir le rigueur, Lee Douglas se met à chanter Lightning Song seule dans la lumière. Elle remplit l'espace à la manière d'une Maria Q de Archive et la pureté de sa voix, après le tourbillon musclé de tout à l'heure, c'est vraiment de toute beauté. Avec ce début de live, tout comme avec leur dernier album, pour moi Anathema touche à la perfection.
Ils sont aussi bien décidés à nous faire participer. "Vous voulez chante aussi un peu ?!!". Sympa comme proposition, mais perso je ne peux qu'écouter plutôt que de chanter avec eux et la salle semble du même avis que moi, offrant des visages qui paraissent en communion avec cette sublime musique. Vincent termine Dreaming Light seul au clavier. Rien que sa voix pour terminer et des cris qui partent du public pour applaudir la fin de cette tuerie.
Les rayons de lumières balayent la salle. La guitare semble se mettre à pleurer dans ce tableau en clair obscure. On est carrément transportés ailleurs. Vincent porte ses mains autour de son micro, comme pour donner encore plus d'intensité à sa voix qui n'hésite pas à tout donner dans un cris éperdu.
Comme toujours, Jamie Cavanagh à l'air complètement immergé dans sa bulle au milieu du tumulte, alors que quasiment toute la salle ne peut s'empêcher de se balancer sur place. On est envahi par cette musique qui semble prendre possession de notre esprit. Ils sont dans l'ombre la plupart du temps et puis soudain, tout s'éclaire dans un riff de guitare. Un batteur imaginaire apparait dans le public sur les épaule d'un autre, comme en apesanteur. C'est un voyage extraordinaire qui se termine sur un océan de mains levées. A la fin de Emotional Winter, je suis au paradis.
En permanence, Vincent vient chercher le public qui est devant lui, ondulant au-dessus de sa guitare, comme en conversation secrète avec elle. C'est à la fois puissant et envoutant. Et lorsque la voix de Lee se mêle à nouveau à la danse, elle semble revenir de loin après cette avalanche de musique, ménageant souvent des finales d'une douceur incroyable, qui tranchent après le tonnerre. Cela peut être de nouveaux morceaux ou de plus anciens, dès les premières notes c'est la même avalanche de cris et le même enthousiasme dans la salle. Daniel Cavanagh s'amuse même à mettre la main à son oreille pour en avoir d'avantage, pendant que Vincent joue avec l'écho de sa guitare à même le sol. Et à chaque fois que la salle s'allume, on ne voit s'éclairer que des visages fascinés et des yeux remplis de plaisir par cette manière de partager, voir même de presque communier.
Universal sera pour moi le point d'orgue de l'émotion que j'ai ressenti tout au long du concert. Avec en fond un sample de violon et les mains de Vincent comme en prière, accompagnant sa voix déchirante. Puis c'est celle de Lee qui se mêle à la sienne. Ils sont aériens tous les deux et me font complètement planer. La salle s'éclaire légèrement pour ne laisser apparaître que des mains levées. Un moment magnifique où l'on se retrouve proche d'eux à les toucher, au son poignant des guitares. Difficile de sortir ensuite de cet état de grâce.
Et la chute est d'ailleurs un peu rude pour moi. Pas forcément fan du morceaux annoncé comme Punk qui va suivre. Mais il est vrai que ça marche et que le pogo ne se fait pas attendre. Il me semble même que le sol bouge et on voit pointer les cornes du diable de-ci de-là dans le public. Bon, ceci étant, tant qu'à écouter du Punk, je préfère largement celui-là à d'autre !!
On approche alors de la fin. Lorsque commence Internal Landscapes avec sa voix off, je ne peux m'empêcher de penser à Suicide Underground (BO de Air pour The Virgin Suicides). Encore une fois, on plonge dans leur décor en un claquement de doigts et les lumières donnent une atmosphère d'aurore boréale. Un timide briquet s'allume au premier rang et le tout va se terminer par un au revoir guitares au ciel et une promesse de retour (mais ça, on le savait !!)
Et lorsqu'ils reviennent pour les rappels, nous avons droit à un "Merci Paris, vous êtes trop gentils". On recommence alors, mais dans un mode plutôt électro, orchestré par Vincent et avec un Daniel nous demande même une clappe Stand Up. On repart sur la guitare jouée au sol et on ne voit plus qu'une seule tête et un seul bras d'une salle totalement à l'unisson. Ils ont l'air aussi heureux que nous et nous lancent que sans nous, ils n'ont rien. La scène est quasi dans le noir, avec seulement les lumières des téléphones qui s'agitent à bout de bras dans un public qui chante avec Lee. Ça a vraiment quelque chose de magique. "C'est trop belle Paris !". Leurs deux voix se répondent à l'infini et Lee termine A Natural Disaster complètement à capella, suivi par une clappe énorme. C'est bon ça !!
"Vous voulez chanter un petit peu ?" La salle chante seule le refrain de Flying. Les guitares semblent vouloir jouer jusqu'au bout de la nuit et le public prêt à suivre le mouvement. "Grand merci pour une très belle magnifique soirée" nous lance Vincent. Mais il nous confie également que la "petite Tournée en France" va continuer ... "Alors Bonsoir !". Ils font hurler le public et lui répondent "Vous êtes complètement fou !" Tout le monde saute sur place. Ils se déchaînent une dernière fois tous les cinq (et même Jamie à la basse s'y met, ce qui n'est pas peu dire ;) !!) Les mecs qui se font porter en slam les font marrer. Il y a vraiment une ambiance de folie pour terminer ce concert de folie ... La traditionnelle ch'tite photo pour FaceBook prise depuis le clavier et on termine par une putain de clappe de ouf !! Ça c'est du concert qui méritait bien le déplacement jusqu'à la capitale !!
Vincent Cavanagh : Chant & Guitare
Daniel Cavanagh : Guitare, Chant & Claviers
Jamie Cavanagh : Basse
Lee Douglas : Chant
John Douglas : Batterie
Daniel Cardoso : Claviers
Setlist
Intro : A New Machine (Part 1)
1 - Untouchable (Part 1)
2 - Untouchable (Part 2)
3 - Lightning Song
4 - Thin Air
5 - Dreaming Light
6 - Deep
7 - Emotional Winter
8 - Wings Of God
9 - A Simple Mistake
10 - The Storm Before The Calm
11 - The Beginning And The End
12 - Universal
13 - Panic
14 - Internal Landscapes
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15 - Closer
16 - A Natural Disaster
17 - Flying
18 - Fragile Dreams
Chronique réalisée par l'équipe de Concerts en Boîte
Critique écrite le 17 mai 2012 par Ysabel
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> Réponse le 25 mai 2012
je tiens à dire que les "mecs qui font des slams" les font marrer à la fin. C'est pas les mecs, c'ets un mec : en l'occurence moi et je cherche en vain des photos de ce moment mémorable ! Merci de faire tourner si vous avez une vidéo ou photo ;) Signé : un grand fan d'Anathema. Réagir
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