Chronique de Concert
Anais
Dans le documentaire Marseillais Yeah Yeah Yeah de Alexandra Musso la chanteuse batteuse de La Chasse faisait justement remarquer qu'il n'y a pas tant de groupe de filles que ça dans le rock. En fait c'est vrai qu'il y a beaucoup moins de filles dans des groupes quel que soit le style. Pourtant ce soir après Bankalos au JAM et avant Serket and the Cicadas, deux formations de menées par des femmes, me voici à la Meson pour le grand retour marseillais de Anais. En effet je ne sais pas à quand remonte son dernier passage à Marseille même (il y a bien eu quelques dates pas loin genre Nîmes ou Aix mais qui remontent aussi).
Pour ma part si je l'ai croisé ça et là (parfois même à des concerts) je ne l'ai plu vue sur scène depuis la dernière du Cheap Show au Moulin en 2006 ... (il y a donc 14 ans). J'arrive donc un poil "stressé" et près à replonger dans un passé, certes tout aussi agréable que ce présent, mais passé (donc ça fait toujours bizarre). Le concert affiche complet depuis belle lurette et au moment où je rentre elle est en train de finir son premier morceau.
Le premier auquel j'assiste, est un hommage appuyé à Joni Mitchell (what would we have done without JM) dans le style de Joni Mitchell (qui n'a jamais fait Woodstock nous rappelle-t-elle). Anais n'a rien perdu de sa capacité à se transformer et incarner ce qu'elle chante. Elle n'a pas perdu sa bonne humeur et ce truc magique qui semble passer entre elle et le public. Même quand elle compare la taille de la scène ou la puissance du son avec celui des Zenith il n'y a aucune trace d'amertume (ce qui aurait pu être le cas), juste un bon gag / clin d'il.
Lorsqu'elle annonce le suivant Angine elle nous le présente comme d'actualité. Je croyais que début qu'elle faisait allusion aux histoires de Coronavirus (elle fera une ou deux blagues avec) mais non en fait c'est elle qui est assez malade ce soir, ce que je mettrai un moment à réaliser. En tout cas quand elle attaque le morceau je le redécouvre avec un plaisir immédiat. Ce morceau (pas plus que les suivants) n'a pas pris une ride et marche toujours aussi bien en public.
Après un moment de méditation collective, le coup de la cornemuse et quelques intermèdes sur le pastis (son doudou) et sa comédie musicale qui a bien marché au Québec elle se lance dans l'interprétation de son rap collectif pas joué depuis une bonne dizaine d'année. Toujours aussi habile avec les boucles qu'elle construit en live, quelques modifs dans le texte pour coller à l'actualité présidentielle, une partie du public qui reprend en cur les "pom pom pom" après ses "moi je moi je moi je".
Toujours autant de répartie : "tu es venu manger un tajine ?" au gars qui essayer de s'asseoir discrètement par terre à côté de moi, ou encore sa dédicace à Bradley Cooper juste après ce petit mot touchant à mon égard. J'avais entendu parler de son morceau Autotune (vous savez ce truc qui permet de chanter juste) mais n'avais jamais eu l'occasion de l'entendre. Quelle prouesse ! là encore le fond et la forme se marient à merveille.
Ce qui n'a pas changé non plus, outre son sourire et ses yeux qui pétillent, c'est cette capacité à enchainer vanne sur blague non stop dans ses morceaux comme entre. A un moment elle demandera une serviette, et en se recoiffant glissera un "quand je suis sur un tournage ..." qui fera forcement (sou)rire tous les gens de mon âge (à moins que la pub existe encore). Cette façon d'appeler celle qui l'aide au bord de la scène "jean philippe", son anglais impeccable dans tous les accents. Ou même son allemand
Il y aura aussi des allusions que je ne comprendrai pas un peu plus loin (une histoire de "Pookie" ?). Cette façon de chambre Renaud ou plutôt sa façon de faire chanter ses tubes au public ce qu'elle fera mine de mettre en pratique sur ce morceau que nous avons tous entendu vu qu'il est passé 27 millions de fois : Mon cur (pour lequel elle appellera sa nièce à la rescousse) toujours aussi bon après lequel elle s'eclipsera dans l'escalier.
Avant cela, un peu plus tôt elle nous avait fait un morceau de cowboy (où elle nous invitera à faire des bruits de verre et des iiihhha), et aussi un tout nouveau et délicieux sur la confiture de mûre de sa maman (qu'elle jouera avec une pince à linge sur le nez). Par contre elle fera sauter Elle sort qu'avec des black (signe qu'elle devait vraiment commencer à être fatiguée).
Pour le rappel elle attaquera par Cristina dont je pensais m'être lassé mais dont j'apprécierai à nouveau la beauté (texte et musique) avant de nous interpréter son dernier tube Mojo pour lequel elle proposera à une amie de la rejoindre (si elle en a envie) et là on verra débouler une Nicole Ferroni toujours aussi grande (je suis surpris à chaque fois) et décomplexé qui m'accompagnera en dansant.
Ce grand moment sera suivi d'encore 2 morceau si je ne me trompe (mais je ne m'en souviens plus bien) pas dont un sur lesquelles enfants seront invités à la rejoindre pour faire des vagues dans son dos pendant qu'elle chante. Ils salueront le public tous ensemble et elle s'échappera pour de bon et ne redescendre qu'après mon départ vers le JAM.
En tout cas je me suis vraiment régalé ce soir. Aucune nostalgie ou même voyage dans le passé au final, mais un bon show incroyablement efficace, impressionnant, sincère, touchant, drôle et qui laisse des mélodies entêtantes la tête (ce n'est pas un pléonasme ça ?). Arriver à faire autant juste avec un looper et une guitare (et une voix bien-sûr) et sans tomber dans la pure prouesse technique est très fort. Garder le même côté chaleureux et proche du public 20 ans après (et malgré ses 40 de fièvre), assurer comme ça et donner l'impression de s'amuser autant montre qu'elle est vraiment faite pour ça (pas que j'en doutais) et du coup me fait vraiment regretter qu'elle ne passe pas plus souvent en concert comme cela).
Set list :
Opera chinois / Joni Mitchell / Angine / Mediation = Ecosse / Slam - Rap Collectif / Autotune / If you wanna be a cowboy / la confiture de mûre / Eurovision / les Black (non jouée) / Mon coeur
Rappel : Cristina / Mojo / Bad blues player / All about that basse
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Critique écrite le 05 février 2020 par Pirlouiiiit
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