Chronique de Concert
Ane Brun + Fredrika Stahl
La première de ces trois soirées est scandinave avec les deux premières nommées au même programme. Ca se passe à la Maison de la Musique de Meylan.
Fredrika Stahl est Suédoise mais vit à Paris. Dans un français parfait, elle nous présente des nouvelles chansons inédites et pour cause : son troisième album ne sortira que dans trois jours. J'étais resté sur son premier opus A Fraction Of You (2006). La voix et le piano y était beaux comme ses grands yeux mais son jazz vocal ne m'émouvait pas. A cause peut-être d'un saxo qui n'avait rien à dire.
Je découvre une pop singer beaucoup plus intéressante.
Elle joue du piano, accompagnée du seul Rémi de Coudenhove à la guitare, ses mélodies ne souffrent pas d'une orchestration minimale. Bien au contraire. Dans ce délicieux théâtre taillé pour des concerts intimistes, Sweep Me Away et Fast Moving Train nous font débuter la soirée tranquillou. On apprécie déjà la voix haut perché et le classicisme du piano. Ce n'est définitivement plus du jazz mais l'envie de claquer des doigts est toujours présente. C'est parfois plus rythmé (She & I), joliment fruité (A Drop In The Sea), un brin champêtre (Song Of July).
Sur ce titre, Fredrika duettise avec un oiseau présent paraît-il sur toutes ses maquettes qu'elle retourne enregistrer à la campagne en Suède. J'accroche beaucoup moins à Altered Lens trop pop pour moi. In My Head aussi mais elle l'a interprété au micro, du haut de ses longues jambes, à un mètre de moi. Elle aurait pu faire une reprise de Charlotte Julian que j'aurais applaudi tout pareil.
Une seule chanson fut chantée en français, Pourquoi Pas Moi. "Forcément une chanson d'amour, donc" dit-elle. Mais les présentations, elles, sont toutes en français. Et exquises comme celle de l'entraînant Rocket Trip To Mars, touchante histoire d'enfants. Jusqu'ici je n'ai pas fait de comparaison. Parce que Fredrika Stahl a trouvé son propre style. Celui-ci lui convient bien mieux que celui de ses débuts. Sur So High, la conjugaison piano/chant et la présence scénique m'ont fait penser à Véronique Sanson. C'est devenu de ce calibre-là.
La chanson de rappel se nommait I'll Win Your Heart. En ce qui me concerne, elle a déjà réussi.
J'allais commencer par "elle aussi est seule sur scène" et je me suis soudain souvenu de Rémi qui accompagnait Fredrika et que mes yeux ont refusé de le regarder une heure durant.
Je reprends donc : Ane Brun, elle, contrairement à Fredrika Stahl est seule sur scène ce soir. Prévue dans cette salle au printemps dernier - de même qu'à Marseille et à Hyères entre autres - sa série de concerts avait été reportée. Pour être carrément annulée ensuite sauf ici.
Ane Brun est Norvégienne mais vit à Stockholm. Son français à elle est loin d'être parfait. Un peu comme mon anglais, je m'en suis souvenu lorsque je lui ai lamentablement bafouillé quatre questions à l'issue du concert. L'émotion sans doute.
Elle a largement amélioré sa connaissance de notre langue aujourd'hui et nous livre fièrement ce qu'elle a appris : "Il pleut comme une vache qui pisse". Elle n'a pas seulement parlé du temps mais aussi de ses ex, de sa vieille et capricieuse guitare et surtout de la tournée qu'elle effectue avec Peter Gabriel, raison des reports évoqués ci-dessus. Elle en assure la première partie, chante en duo avec lui Don't Give Up et parle avec envie des 54 musiciens de l'orchestre symphonique qui l'accompagne.
Car elle aime les cordes et les cuivres. Les arrangements de son dernier disque se sont étoffés dans ce sens par rapport aux précédents. Le fait de la voir seule sur scène est une surprise. Sa setlist ne va pas pour autant se cantonner aux titres les plus dépouillés. Au contraire. Et la force de ce petit bout de femme qui se balance d'avant en arrière avec sa guitare sera de nous faire oublier les violons sur My Lover Will Go, la steel sur Drowning In Those Eyes, le piano sur To Let Myself Go. Ou je ne sais combien d'instruments sur Gillian. Ce titre est le symbole de la capacité d'Ane Brun de s'adapter à la situation : émouvant sur disque avec sa riche orchestration, beau à en pleurer ici avec une seule guitare.
Les seuls accompagnements de la soirée seront les claquements de doigts du public, suscités ou non. Un public on ne peut plus à l'écoute, patient lorsque Ane Brun accorde longuement sa guitare, émerveillé par la force de sa voix. Une voix plurielle, faisant souvent penser à celle de Tracy Chapman, à China Forbes sur Koop Island Blues, à Dolly Parton sur The Treehouse Song, véritable voix lyrique sur Armour.
Nous avons peut-être assisté au dernier concert de sa guitare à laquelle elle tient tant. Elle s'essaiera au piano pour deux titres pendant qu'un technicien s'efforcera - en vain - de l'accorder. Ane Brun est clairement plus à l'aise debout avec sa 6 cordes mais l'interprétation d'Another World d'Antony & The Johnsons fut tout de même un grand moment. Tout comme la fin a cappella de Balloon Ranger et le sublimissime Koop Island Blues, a cappella également auquel nous avons contribué avec nos claquements de doigts et nos halètements.
Fredrika Stahl participe elle aussi au final. Elle n'est pas plus active que nous - sa contribution se limite à ajouter des Mmm mmm mmm sur Rubber & Soul - mais tout aussi heureuse de partager cet instant.
3 To Let Myself Go** / 4 Gillian*** / 5 Ten Seconds*** / 6 My Star*** /
7 The Puzzle*** / 8 Changing Of The Seasons*** / 9 Armour*** (piano) /
10 Another World (cover Antony & The Johnsons, piano) / 11 Balloon Ranger** /
12 Koop Island Blues (Koop) / 13 The Fall*** / 14 Big In Japan (cover Alphaville)
Rappels : 15 The Treehouse Song*** / 16 Don't Give Up (cover Peter Gabriel) /
17 True Colors (cover Cyndi Lauper) / 18 Rubber & Soul** (avec Fredrika Stahl)
*du merveilleux album Spending Time With Morgan (2003)
**de l'indispensable album A Temporary Dive (2005)
***du divin album Changing Of The Seasons (2008)
Critique écrite le 26 septembre 2010 par Mcyavell
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