Chronique de Concert
Ani DiFranco
Il est 19h45 en ce samedi soir et je passe en moto place de la République pour me rendre à l'Alhambra, non loin de là, assister au concert de l'immense Ani DiFranco. Je suis vraiment très heureux de la retrouver sur scène ! En France, son succès et son exposition sont malheureusement confidentiels alors qu'aux Etats-Unis, le pays dont elle est originaire (elle habite à la Nouvelle Orléans), elle est très populaire et est connue également dans de nombreux pays à travers le monde. D'ailleurs, vous êtes où les grands médias dans ce pays pour défendre la qualité et le talent ? Vous préférez peut-être défendre la m.... en sommes car oui, je serai malgré tout un peu colère dans ma grande joie de ce soir car nous serons seulement 400 personnes à avoir fait le déplacement, et le tout à Paris. Certes, niveau promo concert, ce fut inexistant mais quand même, cela n'excuse pas tout. Bref, passons au concert et à ce merveilleux moment que j'ai vécu ce soir.
Avant cela rapide présentation d'un lieu que j'ai, au final, aimé tant par la déco, que son cadre, son accueil et l'ambiance qui y régnera tout au long de la soirée, bien aider en cela par l'aura d'Ani et son charisme. Hé oui, les personnes présentes savent ce que représente Ani dans le monde de la chanson folk. Désolé, j'en rajoute une couche. Curieusement, je n'étais jamais rentré dans cet endroit auparavant, une des rares salles de Paris que je ne connaissais pas. En même temps, cet ancien ciné-théâtre a été totalement démoli et reconstruit pour être aux normes notamment car le nouveau propriétaire qui a racheté les lieux en 2005 a dû refaire entièrement un endroit qu'il avait trouvé en piteux état à l'époque. Il y a 6 ans, l'Alhambra réouvra donc ces portes, voilà pour la petite histoire. C'est d'ailleurs en hommage au célèbre music-hall voisin, disparu dans les années 60, que l'Alhambra a reçu son nom ; elle est dorénavant " La Scène de toutes les Musiques ", Hip-Hop, Rock, Jazz, Variété, Musique du Monde, Accordéon etc. Comme tous ces lieux magiques, l'Alhambra doit savoir accorder son répertoire aux exigences de notre modernité et selon sa configuration, peut accueillir de 600 à 800 spectateurs assis/debout à l'orchestre et au balcon.
Il est 20h15, je suis dans la salle, toujours aussi heureux et rempli d'une douce émotion à quelques minutes de son arrivée sur scène. Une première partie vient de se terminer et je ne sais pas qui sait. Les sièges sont de mise, pas de place debout, on est un peu comme au théâtre car on est en petite configuration ce soir. C'est magique, intime et quelle chance finalement nous avons de voir cette immense artiste dans des conditions pareilles. C‘est déjà le bonheur, avant l'heure...
Ce soir, on va pouvoir entendre des titres du nouvel album d'Ani DiFranco, "Allergic To Water", le 19ème de sa riche discographie et, de plus, je ne compte pas les lives et les albums de collaboration avec d'autres artistes. Elle n'a pourtant que 44 ans... Je vais me placer du coup au 1er étage, au balcon, côté droit car cet emplacement m'offrira une vue imprenable de la salle et la scène sans gêner personne. C'est inoui de me retrouver là. Les conditions sont parfaites. Je suis heureux mais que dire de ce moment où elle débarquera sur scène à 20h30 sous une immense clameur accompagnée de son batteur et de son contrebassiste. Son arrivée me procurera mes premiers frissons, déjà...
Dès le début, je suis plongé dans une forte émotion et je ne veux rien rater de ce qu'Ani va nous offrir ce soir. En bref, je suis heureux, tellement heureux de la voir, de l'entendre. Son charisme est toujours aussi grand et sa voix est toujours aussi belle. Le son sera parfait également d'un bout à l'autre du concert et l'ambiance, forcément, ne retombera jamais. C'est juste le concert parfait qui deviendra inoubliable, une empreinte à vie.
On entendra ce soir 19 titres si j'ai bien compté et Ani piochera dans sa très riche et exceptionnelle discographie. Dilate, Splinter, tout est bonheur. Ani nous racontera ces petites histoires de vie, de sa fille, qu'elle est inscrite dans une école française à la Nouvelle Orléans, de sa joie d'être à Paris et le tout dans un français difficile. Hein Ani, elle n'est pas simple la langue française... Mais elle fera l'effort pour nous et c'est si appréciable de la voir toujours aussi naturelle, souriante, spontanée et drôle. Le titre "Napoléon" extrait de l'album Dilate de 1996 sort du chapeau et là, que dire... Je suis au bord des larmes. Depuis les premières notes du concert, je suis touché mais là, je suis en train de pleurer. C'est énorme, c'est une grosse claque, une émotion rare. Ce sera un des moments les plus enlevés du set et quelle chanson, quelle chanson...
En haut, sur le balcon, deux jeunes femmes aux cheveux longs dansent debout, on dirait deux sirènes, elles bougent comme telle et Ani peut observer ses deux fans de la scène. Puis, deux jeunes hommes font de même puis deux autres femmes encore. C'est magique, on oublie tout ce soir, Ani et son public ne font plus qu'un. Ce dernier comporte autant d'hommes que de femmes, plutôt d'un âge entre 20 et 60 ans, qui se lèvent d'un seul homme pour faire la fête à Ani. L'artiste donne énormément mais reçoit également beaucoup. C'est juste beau.
On observe également une véritable symbiose entre son contrebassiste discret et élégant et son batteur noir américain. Parfois, on est même plongé dans une autre époque, celle de la musique noire américaine, ses racines, ces bars et ces nuits qui n'en finissent jamais.
On écoutera plusieurs chansons de son nouvel album "Allergic To Water" dont ce titre-là ainsi que "Genie", "Careless Words", "Rainy Parade" et "Harder Than It Needs To Be". Sur ce dernier, on plongera tout droit dans une ambiance à la Tom Waits et c'est un super moment là de complicités que nous vivons, de drôlerie notamment avec le batteur qui souffle sur son sifflet clownesque au rythme d'un homme bourré qui rentre chez lui tant bien que mal. Les classiques sont bien sûr présents, Not a Pretty Girl, Shy, Gravel, You Next Bold Move et bien d'autres que j'ai oubliés car je n'ai rien noté.
Le temps passe beaucoup trop vite malheureusement avec Ani qu'elle nous quitte déjà au bout d'une heure vingt. Elle reviendra finir son concert avec nous en nous donnant deux titres sublimes. 1 heure 30 de live, c'est fini et elle quitte la scène tout en nous saluant. Quelques jours après, je n'arrête pas d'écouter sa musique et sache, Ani, que tu nous manques déjà énormément ici en France !
Un immense merci à Nawal, l'équipe de l'Alhambra, Celine et Nous Productions
Crédits photos: lebonair
Son label qu'elle a fondé il y 25 ans: www.righteousbabe.com
La salle de l'Alhambra tout près de la place de la République
www.alhambra-paris.com
26 rue Yves Toudic 75010 Paris
Critique écrite le 19 septembre 2014 par Lebonair
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