Chronique de Concert
Anne Paceo Quintet
Le climat change brusquement avec les percussions africaines d'Anne Paceo. Rémanence de son pan de vie en Côte d'Ivoire. La rythmique se construit avant que le saxophone ne chante sa tendre mélodie. Et puis tout s'emballe autour d'une folle guitare (Pierre Perchaud). Stéphane Kerecki remet un peu d'ordre dans la tribu avant d'accompagner le thème qui revient alors, plus beau encore avec la gravité extrême que lui donne ce duo clarinette basse / contrebasse.
Les musiques jouées ce soir, Anne Paceo les a écrites spécifiquement pour ce quintet-là, pour les musiciens qui le composent. Et l'harmonie est sans faille, comme si les cinq se connaissaient depuis des lustres. Chose impossible puisque les plus anciens de cette formation sont à peine trentenaires.
Les 22 ans d'Antonin Tri Hoang sont le symbole de cette fraîcheur. Il semble le plus sage du quintet, responsable qu'il est des thèmes. Mais au fil des étapes, son évasion s'accroît. Il confirme ce savoir-faire qui l'avait déjà rendu remarquable au milieu des autres excellents musiciens de l'Orchestre National de Jazz de Daniel Yvinec.
L'inspiration d'Anne Paceo est attisée par les personnages et les lieux qu'elle a rencontrés au fil de ses voyages : ces autochtones qui parlent de leur pays avec amour, ces lieux magiques qui nécessitent une revisite telle cette pagode birmane où viennent prier les Bouddhistes. Des pièces d'autant plus évocatrices qu'elle nous en donne les clés.
La pause nous permet de découvrir l'existence de l'autre projet d'Anne Paceo, Triphase, avec le même Leonardo Montana au piano et Joan-Eche Puig à la contrebasse. Deux opus existent déjà. Pour le quintet, il nous faudra attendre le mois d'avril.
Les mélodies reprennent, toutes servies par une orchestration inventive, et nous portent. Notre imagination fait le reste : nous chassons les Yōkai (esprits, dans la mythologie japonaise), nous affrontons une nuit polaire que Pierre Perchaud sait rendre lancinante, nous assistons à un superbe lever de soleil, prétexte à un prodigieux duo saxophone / guitare et à un solo final lumineux de Stéphane Kerecki.
Au milieu, une gourmandise tranche par rapport aux autres pièces : Crunch, un voyage au pays du chocolat, croustillant et résolument moderne tout comme l'est le rappel, fin du périple, vif et débordant de folie.
Leonardo Montana : piano / Antonin-Tri Hoang : saxophone alto, clarinette basse /
Stéphane Kerecki : contrebasse / Anne Paceo : batterie / Pierre Perchaud : guitare.
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Critique écrite le 03 mars 2012 par Mcyavell
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