Chronique de Concert
Arcade Fire aka The Reflektors
Pavillon Baltard, Nogent Sur Marne 22 Novembre 2013
Critique écrite le 04 décembre 2013 par Coline Magaud
Essayer de décrire la surexcitation de la majorité de l'assistance ce soir serait impossible... Arcade Fire au Pavillon Baltard, c'est comme Noël tous les 25 du mois, la fin de la faim dans le monde et l'éradication de la connerie humaine, tout ça à la fois et puissance dix mille. La file d'attente est interminable et bigarrée pour rentrer dans la salle. En effet, le groupe a demandé à l'assistance de venir déguisée et on peut dire qu'une énorme majorité de gens a joué le jeu. On voit des Zorros, des Arlequins, des policiers, des fées et des gens qui ont secoué leurs placards et mis tout ce qui en était tombé, faute de trouver un vrai déguisement... Mais ce soir, rien ne pourra venir gâcher l'ambiance de la fête, tout le monde est là pour en prendre plein la vue, plein les oreilles, en profiter comme si c'était le dernier concert de toute une vie et aussi pour pouvoir ensuite dire "J'y étais".
Alors que les gens profitent du set DJ mis en place pour patienter, le volume de la musique diminue et là, au balcon, une apparition. Win Butler et Régine Chassagne sont là, lui au micro, elle au tambour, lui en rouge et blanc, elle en noir, tous les deux à paillettes. Ils entament à capella une version écourtée de My Body is a Cage, devant un public qui frise l'hystérie et une jeune fille à droite de Win Butler qui ne s'en remettra probablement jamais.
Le temps de dire ouf et le rideau qui cachait la scène tombe, le groupe est là et commence sur les chapeaux de roue avec le titre It's Never Over (Oh Orpheus!), issu de leur dernier album. Les boules à facettes tournent, le public saute et danse comme un seul homme et le bonheur se sent à des kilomètres autour de Nogent sur Marne. L'enchaînement avec Power Out (Neighbourhood #3) manque d'achever le public de la première heure dès le deuxième titre et c'est parti pour une heure vingt de bonheur à l'état pur.
Arcade Fire peut se targuer d'être probablement un des rares groupes qui occultent totalement deux excellents albums de leur set list (seul l'intro My Body is a Cage sera jouée de Neon Bible et Sprawl II (Mountains Beyond Mountains) sera l'unique représentante de The Suburbs) et avoir tout de même devant eux un public acquis à leur cause, qui ne critique pas (ou presque) le choix des morceaux et qui, à chaque nouvelle chanson commencée, se retrouve à hurler de bonheur d'avoir la chance de voir ce titre en live. Comme prévu, l'album Reflektor regorge de pépites dansantes à souhait, toutes plus efficaces les unes que les autres, fédératrices et universelles.
Si l'on peut peut-être regretter la spontanéité et le bordel général qui régissaient leurs premiers concerts, ainsi qu'une interaction avec le public assez limitée, on est indéniablement face à des pros qui savent et aiment ce qu'ils font, qui veulent faire plaisir et prendre du plaisir. Et ça marche.
Au bout d'une heure et après avoir dégainé leurs têtes de papier mâché sur les titres Normal Person et Here Comes the Night Time, Arcade Fire quitte la scène, laissant derrière eux un public transpirant, essoufflé, heureux et presque groggy de cette grand-messe qui lui a été donné de voir. The Reflektor joué en premier titre du rappel donne un regain d'énergie à des gens qui voudraient que jamais ce concert ne s'arrête et on se dit qu'après ça, on peut mourir heureux. Mais c'était sans compter sur l'apothéose de ce concert que représente le titre Wake Up joué en grand final, repris en cur par un Pavillon Baltard au bord de l'orgasme musical et qui laisse 2500 personnes ivres de musique pour bien des jours à venir.
Et puis, comme si tout cela ne suffisait pas, avant de quitter la scène, Win Butler nous propose de rester danser avec eux. Le Pavillon Baltard se transforme alors en une sorte de boîte de nuit rock où tout le monde se retrouve à danser pour prolonger ce moment de grâce et de communion à Nogent sur Marne. Une demi-heure après, Win Butler fend la foule avant de sortir par la grande porte. La soirée se termine par une prière pour Chris Marker et son chef-d'uvre La Jetée et une promesse d'un retour rapide. On y sera.
Vidéo The Reflektors aka Arcade Fire Here comes the night time Pavillon Baltard :
Vidéo Arcade Fire / The Reflektors Live We Exist @ Paris, Pavillon Baltard (22/11/2013) :
Critique écrite le 04 décembre 2013 par Coline Magaud
Envoyer un message à Coline Magaud
Voir toutes les critiques de concerts rédigées par Coline Magaud
Arcade Fire : les dernières chroniques concerts
Arcade Fire + Boukman Eksperians (The We Tour 2022) par Coline Magaud
Arkea Arena, Bordeaux, le 25/09/2022
Dire qu'on a été fan d'Arcade Fire tiendrait de l'euphémisme et c'est ce qui rend cette chronique d'autant plus difficile à écrire, car hier soir, à l'Arkea Arena près de... La suite
Arcade Fire par Philippe
Zénith, Lille, le 11/09/2022
Arcade Fire, septembre 2022...
Nous nous sommes tant aimés, sur scène et sur album, au soleil et sous la pluie... Nous nous sommes tant revus (au moins 5 fois a priori depuis... La suite
Arcade Fire + Preservation Hall Jazz Band (Infinite Content Tour 2018) par Fred Boyer
Palau Sant Jordi - Barcelone, le 21/04/2018
"Est-ce que ce monde est sérieux?" (un troubadour toulousain de la fin du XXeme siècle)
Été 2017, après une absence de quatre ans, le groupe américano-canadien Arcade Fire... La suite
Arcade Fire, Temples, Pixies, Julien Doré, Len Sanders, Le fils du facteur, l'Orchestre Tout puissant Marcel Duchamp XXL (Paléo festival 2017) par Lionel Degiovanni
Paléo festival, Nyon, le 19/07/2017
Len Sanders
Pour le deuxième jour du Festival Paléo 2017, je démarre les concerts par Len Sanders qui est une jeune suisse. On peut définir sa musique comme de l'électro-pop... La suite