Chronique de Concert
Arno
Maison de la Culture, Clermont-Ferrand 28 mai 2005
Critique écrite le 29 mai 2005 par Pierre Andrieu
"Putain Putain, c'est vachement bien, nous sommes quand même tous des Européens... "
Qu'il soit debout derrière son micro ou assis sur une chaise, qu'il chante en anglais ou en français, qu'il évolue avec une formation de rock au complet ou en configuration réduite, qu'il joue ses propres morceaux ou reprennent ceux des autres en "changeant tout le bazar", qu'il cherche à émouvoir, à s'épancher sur ses états d'âmes, à faire rire ou à faire bouger, Arno est un chanteur de charme totalement unique, il l'a encore démontré dans le cadre feutré de la Maison de la Culture de Clermont-Ferrand. Avec ses idées iconoclastes admirablement transformées en chansons, sa voix de bluesman déjanté, son groupe en tous points excellents, le plus Français des Belges (Jean-Philippe Smet alias Johnny Hallyday est hors catégorie) réussit à emporter l'adhésion à chaque tournée et à chaque album.
Pourtant, on ne peut pas dire qu'il y ait beaucoup de changements : Arno fait du Arno, c'est vrai. On sait qu'il reprendra des hits de son répertoire (Les yeux de ma mère, Mon sissoyen, Les filles du Bord de mer d'Adamo, Comme à Ostende de Léo Ferré et en final l'hymne Putain Putain), qu'il mettra à sa sauce des titres empruntées aux autres (Knowing me knowing you du groupe suédois de "coiffeuses", Abba, transformé en ballade déchirante ; Mother's little helper, transfiguré, mais sonnant malgré tout comme un vibrant hommage aux Rolling Stones), qu'il interprétera un florilège de ses récentes compositions (Lola, etc, Je veux nager, Chic et pas cher, La vie est une partouze, Françoise etc. ), qu'entre les morceaux il partira dans des digressions hilarantes (sur les fesses de Mick Jagger... et le reste, les boites parisiennes branchées, le référendum sur la constitution européenne, le journal Marie-Claire et les concombres, les papes Jean-Paul 2 et Benoît 16, la chaleur, qui lui donne l'impression qu'une partie double de son anatomie est dans un aquarium... ), sans oublier de tailler des costards à ses musiciens.
Mais, en dépit de ce cadre bien rodé, Arno arrive encore à fasciner son auditoire. Son charisme y est pour beaucoup certes, son côté attachant aussi, et ses airs déglingués de Solo gigolo au cur tendre également. Et puis, il y a les arrangements - excellents - choisis avec les fidèles Serge Feys (piano, accordéon, ex mannequin), Geoffrey Burton (guitares, larsens, effets classieux, célibataire, pilier de La tournée des grands espaces de Bashung), Mika Banovic (basse, contrebasse, belgo yougoslave), bien supportés par un petit nouveau à la batterie. Sur cette tournée, toutes (ou presque) les combinaisons musicales sont tentées, avec réussite : le groupe au complet pour les titres rock, seulement le piano et la voix pour les morceaux émouvants (avec quelques stries guitaristiques bien senties), un essai blues punk batterie/guitare/chant très White Stripes dans l'esprit et cætera, et cætera. Les musiciens se relayent au chevet du meilleur Bathroom singer en activité, créant des ambiances variées et immanquablement prenantes.
L'impression d'être en face d'un orchestre de bal intemporel aussi bricolo que rock and roll est plus qu'agréable. Tel un Lonesome Zorro, Arno continue à être le plus déjanté des chanteurs de "variétés" européens. Le concours de l'Eurovision devrait d'ailleurs lui décerner un prix pour son ironique single Putain putain (c'est vachement bien, nous sommes quand même tous des Européens) car il a plus fait pour le rapprochement des peuples que ne le fera jamais aucune constitution européenne...
Photo prise en 2007 à La Coopé par Claude Roustan
Critique écrite le 29 mai 2005 par Pierre Andrieu
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